Nous sommes confrontés à une nouvelle vague d’exécutions policières. Jusqu’à présent cette semaine, l’ouvrier José Eduardo Peña, 21 ans, a été exécuté à Manoguayabo par un agent de la Digesett. Une vidéo montre qu’il a été exécuté par derrière. A Santiago, le marchand Antonio Rodríguez a été assassiné à son domicile au petit matin par des policiers.
Des proches dénoncent que des agents de la DICRIM sont ensuite entrés dans la maison pour voler et éliminer des preuves. À Los Guandules, Wilkin Medina a été exécuté par des membres du PN. Six personnes ont également été exécutées à Los Alcarrizos. Selon des témoignages de voisins, une des victimes a demandé sa vie à genoux avant d’être exécutée. Ils dénoncent qu’une autre des victimes, Raudy Eliezer Soriano, s’est rendue à l’hôpital Vinicio Calventi pour se renseigner sur les personnes abattues par le PN et qu’ils l’ont également assassiné. La mère de Jeffrey Rosa indique qu’il était paraplégique depuis 13 ans et qu’il n’aurait pas pu tirer sur les policiers.
La mère de Jonathan Tatis indique qu’il travaillait dans le système d’urgence 911 et qu’il venait de rentrer du travail lorsqu’il a été exécuté. D’autres voisins dénoncent que le PN prélève un « péage » pour la vente de médicaments dans le secteur. Toutes ces plaintes justifient une enquête indépendante et constituent un ensemble de violations des droits humains dont le gouvernement est responsable.
Le stratagème des meurtres par “échanges de coups de feu” est utilisé pour dissimuler les exécutions du PN. Systématiquement, la version préfabriquée des personnes qui ont « remarqué » la présence policière ont tiré sur les voitures de patrouille et sont mortes dans les échanges de tirs. Des versions de presse attribuent des statistiques glaçantes à la CNDH : 135 exécutions extrajudiciaires par le PN et les Forces armées en 2022 et 3 545 personnes tuées par les forces répressives entre 2018 et 2022.
Une enquête de CONNECTAS a établi qu’entre 2004 et 2019, selon les chiffres officiels, plus de 3 000 personnes ont été tuées par la police et l’armée. Cette politique étatique s’est accentuée sous le gouvernement actuel.
Le gouvernement est responsable de la vague actuelle d’exécutions
Face à l’échec de la politique sociale, avec l’augmentation de la pauvreté et des inégalités qui en résulte, le gouvernement a commencé ces dernières semaines à ressentir les plaintes concernant l’augmentation de la criminalité. Le 19 novembre, Abinader a pris une pose “main ferme”, appelant les “criminels” à “se rendre… ou ils seront confrontés sur n’importe quel terrain”. Elle aurait dû se limiter au domaine du droit, mais elle a explicitement permis d’utiliser le domaine de l’exécution extrajudiciaire en parlant de « n’importe quel domaine ».
Des mesures improvisées avaient déjà échoué, comme l’interdiction de vente d’alcool à partir de minuit dans la province de Saint-Domingue, promulguée le 7 novembre puis levée. Lors de la réunion du 23 novembre, le Conseil supérieur de la police, dirigé par Abinader, a réitéré la ligne “main ferme”. Le 29 novembre, Abinader s’est plaint que les lois dominicaines étaient “trop garantes”, au lieu de reconnaître que l’exclusion, la marginalisation et l’inégalité laissent des milliers de jeunes avec l’émigration et l’incorporation dans les cercles mafieux comme certaines de leurs rares options de survie.
Une stratégie de “patrouille par quadrants” a été annoncée, pour commencer le 2 décembre, et à partir du 5 décembre une patrouille conjointe police-militaire. Concernant l’échec de la réforme de la police, il a déclaré qu’elle était toujours “en cours”. Dès son programme électoral, Abinader s’était engagé dans l’orientation de Rudolph Giuliani, connu comme maire de New York pour ses politiques racistes et la criminalisation de la pauvreté. Au cours de sa première année au pouvoir, Abinader a poursuivi la politique de couvre-feu, qui a entraîné une augmentation de la corruption et de la brutalité policière. En mars 2021, le gouvernement a annoncé une supposée «réforme de la police» en réponse à l’indignation nationale suscitée par l’exécution par la police des époux Joel Díaz et Elizabeth Muñoz à Villa Altagracia. Une commission pour cette « réforme » a été nommée, dirigée par FINJUS, qui avait déjà conçu des réformes ratées dans les gouvernements PLD.
Il était inutile que le major de l’armée et ancien directeur de Politur, Raúl Girón, lors de son procès pour corruption en mai 2021, ait admis que le PN est une institution dans laquelle refuser de participer à la corruption “apporte des conséquences”. Et où « s’ils nous ordonnent de tuer, nous tuons, et s’ils nous ordonnent de voler, nous volons ». FINJUS a admis que l’objectif était de “renforcer” la Police nationale (PN), et non de démanteler cette structure criminelle.
Après l’exécution de l’architecte Leslie Rosado fin 2021, le gouvernement a annoncé qu’il continuerait de consulter les forces de police les plus sanguinaires et les plus corrompues de la région, comme celles du Chili et de la Colombie. Les crimes du PN ont continué. Cette année, David de los Santos a été brutalement assassiné. Une fois de plus, les demandes de dissolution du PN se sont renforcées, mais le gouvernement a continué à être attaché à cette structure mafieuse. Récemment, même le commissaire exécutif pour la réforme de la police, José Vila, a admis que le PN était systématiquement corrompu.
Vaincre la politique du neo-trujillo
Comme le monstre marin de la mythologie grecque appelé Hydra, la politique répressive néo-Trujillo a plusieurs têtes. Il y a une tentative de nettoyage ethnique contre la communauté immigrée haïtienne, stigmatisée par des discours de haine officiels. Cette politique implique la légitimation des fouilles généralisées sans mandat, des expulsions massives contre les communautés pauvres, ainsi que la torture et les exécutions extrajudiciaires. Cette orientation s’étend aux quartiers pauvres, punissant les Dominicains appauvris, exclus et exploités par la classe dirigeante, mais elle ne s’applique jamais aux voleurs en col blanc. Enfin, le gouvernement consolide ses pactes avec un conservatisme religieux, misogyne et homophobe.
La droite rétrograde et anti-démocratique s’enhardit et applaudit le nouveau “patron” pour cette politique répressive. Enhardis par Abinader, ils attaquent le CNDH ou quiconque rejette les violations des droits de l’homme comme des chiens enragés. Nous comprenons qu’il y a des gens dans les quartiers qui, lassés du crime, ce sous-produit du système capitaliste injuste et marginalisant, justifient les crimes de la police. Mais il est essentiel de comprendre que cette politique, appliquée depuis des décennies, n’a jamais mis fin à la criminalité. Son seul résultat a toujours été la dégradation des droits démocratiques de toute la classe ouvrière. C’était comme ça avec Trujillo depuis la création du PN, c’était comme ça avec Balaguer, avec le PLD et maintenant avec Abinader.
C’est pourquoi nous disons : Assez des exécutions policières ! Finies les perquisitions sans mandat et les arrestations arbitraires ! Assez des agents au visage couvert commettant des crimes et des extorsions policières ! Assez avec le profilage racial ! Enquête indépendante sur les crimes de la police ! Dissolution du PN ! Mobilisons-nous contre la politique néo-Trujillo d’Abinader !
Mouvement socialiste des travailleurs
16 Décembre 2022
[…] Abinader noie les quartiers dans le sang : Stop aux exécutions extrajudiciaires ! Haiti Liberte […]
[…] Gil, with whom he should have more logically been at odds, given the Dominican Republic’s recent brutal treatment of Haitians in that country. Thus Álvarez called for the Security Council to […]