Les revendications populaires sont-elles mises à l’écart par Privert?

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Un mois après son investiture à la première magistrature de l’Etat haïtien, le président provisoire, Jocelerme Privert a fait le bilan de ses activités, le dimanche 13 mars dernier. Dans son premier bilan, il a largement parlé de la crise politique récurrente qui continue à déchirer le tissu social haïtien, depuis l’organisation des mascarades du 9 aout et du 25 octobre 2015. Il a aussi parlé de la nomination d’un nouveau Premier ministre, en la personne de l’économiste néolibéral, Fritz Alphonse Jean et la formation d’un nouveau gouvernement, dans l’impasse au niveau du Parlement haïtien, et qui a pour mission sans nul doute de poursuivre la politique néolibérale. Il n’y a pas à sortir de là, quand on constate le nom de Yves Romain Bastien, figurant sur la liste des ministres, comme ministre de l’Economie et des Finances, lui qui a liquidé toutes les entreprises publiques sous le pouvoir de René Préval.

Selon le président provisoire, un nouveau Conseil Electoral Provisoire (CEP), constitué des nouveaux représentants de différents secteurs est déjà sur pied, attendant l’installation du gouvernement pour qu’il se mette au travail, après l’évaluation du processus électoral entaché de fraudes massives et d’irrégularités criantes. Doit-on rappeler que la majorité des partis politiques impliqués ou pas dans le processus électoral et le peuple haïtien en général exigent au prime abord la formation d’une commission de VERITE et de VERIFICATION électorale pour que la lumière soit faite, une fois pour toutes, sur ce qui s’est passé réellement le 9 aout et le 25 octobre avant toute éventuelle poursuite du processus. A la grande surprise, le président Privert, dans sa première déclaration à la nation, n’en parle plus. Pourtant, quelques jours auparavant, il avait déclaré lui-même au cours des rencontres avec les différents secteurs de la vie nationale qu’on lui a parlé de cette commission comme l’une des revendications populaires. Conscient de cette revendication, il avait fait savoir que cette commission est une exigence récurrente et que des membres de son cabinet particulier commençaient déjà à travailler sur les termes de référence de ladite Commission. Ce qui est bizarre et surprenant, c’est que suite à une rencontre avec le Core Group, constitué des représentants diplomatiques accrédités en Haïti, tels: les Etats-Unis, la France, l’Espagne, le Brésil, le Canada, la MINUSTAH, l’Union Européenne, l’OEA entre autres, au Palais national, le président Privert ne leur parle plus de la formation de cette commission. Des gens avisés s’interrogent : est-ce une omission ou bien sa volonté délibérée de se courber sous les diktats de ses patrons du Core Group particulièrement le chef civil de la force d’occupation Sandra Honoré? D’autres demandent au président Privert de se ressaisir pour que la situation déjà fragilisée ne se détériore davantage, parce que le peuple haïtien ne veut pas obéir aux diktats du Core Group et du Département d’Etat des Etats-Unis.

En matière de finances publiques, la situation est catastrophique. Selon les dires de monsieur Privert, le pays est malade, il a besoin de soins d’urgence. Les recettes de l’Etat sont loin de correspondre aux dépenses. Les bailleurs de fonds gèlent leurs avoirs pour cause de mauvaise gestion des gouvernements antérieurs du pouvoir tetkale de Michel Joseph Martelly, qui avait trouvé de l’appui inconditionnel du Core Group de Sandra Honore et de Kenneth Merten du Département d’Etat des Etats-Unis. En matière de coopération financière internationale, plus précisément de la plus grande source financière qu’est le Petro Caribe, c’est la catastrophe totale:« l’Accord Petro Caribe a de gros problèmes, il est gravement malade. Il est prêt à rendre son dernier soupir. ‘’Li sou lagraba,’’à cause de très mauvaise gestion. 5% des contrats signés dans le cadre des projets financés par le Petro Caribe ne respectent pas les normes régissant la loi sur le marché public. Les fonds ont été décaissés, mais les travaux n’ont pas été réalisés. », a-t-il fait savoir.

Tout ceci s’est passé sous le régime tètkale, Martelly-Lamothe et Martelly-Paul. Les dettes à court terme et à long terme s’accumulent. De juillet 2015 à février 2016, le gouvernement Martelly-Paul n’a pas payé pas les factures de Petro Caribe au gouvernement vénézuélien. La dette à court terme totalise un montant de plus de 90 millions dollars US. Alors que celle de long terme dépasse les 2 milliards de dollars US.

Il faut toutefois rappeler qu’en 2010, suite au tremblement de terre qui a ravagé une bonne partie du pays, le gouvernement vénézuélien d’Hugo Chavez avait éliminé plus de 268 millions de dollars de dette à l’avantage d’Haïti. La dette n’existait pas. En 2011, à la fin du mandat du président René Préval, il y avait plus d’1 milliard 500 millions de dollars aux fonds de Petro Caribe. Comment se fait-il 5 ans qu’après le mandat de Michel Joseph Martelly la dette de Petro Caribe dépasse les 2 milliards de dollars US? Ou sont passés ces fonds? C’est la grande question qu’on se pose actuellement ? Dans cet ordre d’idées, une commission d’audit n’est-il pas nécessaire pour rétablir la VERITE sur la gestion du pouvoir tètkale?

Autrefois, on se souvient, des citoyens avisés ont critiqué la mauvaise gestion des fonds Petro Caribe, le gaspillage d’argent et le vol sous les gouvernements de monsieur Martelly. Même s’ils ne sont pas les seuls, ils n’ont pas leur pareil.. L’Accord Petro Caribe signé en 2006 dès l’arrivée du président René Préval ne profite pas au pays de Jean Jacques Dessalines et au peuple haïtien. Il ne fait que l’affaire des collabos des colons et des grands mangeurs. En 2008, on reprochait au gouvernement de Michel Duvivier Pierre-Louis la dilapidation de plus 197 millions de dollars de ce fonds. Tout suite après, son successeur, le Premier ministre Jean Max Bellerive accusé de déprédation de plus 163 millions de dollars. Le peuple haïtien continue de végéter dans la misère la plus abjecte. Le chômage progresse à grande échelle. L’insécurité alimentaire ne cesse d’augmenter à une vitesse vertigineuse. On assiste actuellement à une réduction du taux de croissance et une augmentation du taux d’inflation. La monnaie nationale continue d’être dévaluée par rapport à la devise nord-américaine. Haïti continue d’importer plus de 75% de produits de consommation. La vente du peuple haïtien dépend de l’étranger, et, le pays continue de régresser au niveau de tous les indices de développement humain ; de sorte que Haïti reste, dit-on, le seul Pays appauvri de l’Amérique.

Face à cette situation calamiteuse sur le plan politique, économique et social, le président provisoire, Jocelerme Privert, est-il capable de résister sans le soutien populaire ? La stratégie de monsieur Privert de se plier sous les diktats du Core Group et l’équipe de Préval au grand mépris des revendications populaires est-elle la meilleure? On dit souvent que les mêmes causes, dans les mêmes circonstances, produisent toujours les mêmes effets.
Par ailleurs, dans une lettre datée du lundi 15 mars 2016, le Premier ministre nommé Monsieur Fritz Alphonse Jean est invité au Palais Législatif à présenter sa Politique Générale devant la Chambre des Députés. Cette séance de ratification de la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre, Fritz Alphonse Jean, se tiendra le mercredi 16 Mars 2016 à partir de 11 heures a.m à la Salle des Séances de ladite Chambre.

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