La crise qui sévit au sein du Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH) ne sera pas résolue d’un jour à l’autre et certains observateurs se demandent eux-mêmes quel est le vrai motif de ce branle-bas à n’en plus finir entre étudiants et dirigeants de l’université ? Sommes –nous encore au temps où les politiciens utilisent l’université à leur fin politique de déstabilisation et de sabotage. Assurément, nous n’en sommes pas là. Mais qu’est-ce qui ne va pas ?
L’université qu’on le veuille ou non est à l’image du pays qui se détériore puisque la crise est structurelle. En effet, depuis le vendredi 5 février 2016, c’est-à-dire 40 jours après que des étudiants sous prétexte d’apporter leur soutien aux membres du personnel administratif de l’UEH en grève illimitée et l’application de la nouvelle grille salariale occupent le bâtiment du Rectorat.
Depuis lors on entend que des réactions comme celles du groupement universitaire citoyen REGARDS CRITIQUES dans une note datée du 15 février 2016 : « La grève lancée par les syndicalistes du personnel administratif non-enseignant …les tensions dues à la revendication de réintégration de Mackendy Toussaint comme étudiant à l’UEH jusqu’à la prise d’assaut des locaux du rectorat constituent un état de fait qui doit interpeller la communauté universitaire dans tout son ensemble. En fait, cette situation qui affecte négativement la vie académique et administrative de l’Université devient de plus en plus inquiétante. »
Alors, dans une note, des professeurs de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) et de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV), tout en reconnaissant le droit de revendications de toutes les composantes de l’UEH, condamnent les actes de vandalisme perpétrés sur les biens appartenant à toute la communauté universitaire. Ils croient que l’Université devait pouvoir faire mieux, offrir de meilleurs exemples, proposer des solutions pacifiques, raisonnables et raisonnées lorsque les esprits s’échauffent au-delà de l’acceptable.
Le rectorat pour sa part identifie les étudiants à des mercenaires ou des bandits. Ainsi dans un communiqué signé du Recteur Jean Vernet Henry, le Conseil exécutif de l’UEH « condamne l’occupation illégale des locaux du rectorat par un groupe d’individus se présentant comme étudiants, » et les pressions exercées « sur les membres du personnel administratif présents les contraignant à laisser leur poste de travail. »La mission de L’oea
« […] Le Conseil fait savoir à la communauté universitaire et la société en général, qu’il ne connait pas les motivations réelles de ces individus » rappelant que le Rectorat « est un bâtiment public qui abrite des biens de l’Etat, des documents administratifs et financiers importants et des dossiers académiques qui concernent le passé, le présent et l’avenir de toute la communauté universitaire. »
« […] le Conseil Exécutif exige l’arrêt sans délai de ce mouvement et l’évacuation des lieux. Faute par les contrevenants de se conformer, les mesures administratives, disciplinaires et judiciaires appropriées seront appliquées en la circonstance, en vue de la sauvegarde des intérêts supérieurs de l’UEH ».
Par ailleurs, le Jeudi 3 mars dernier les « étudiants » avaient dressé des barricades de pneus enflammés devant la barrière principale du Rectorat de l’UEH, suite à une tentative de la Police Nationale d’Haïti de les déloger. En conséquence, une salle d’informatique, un bloc sanitaire et un dépôt ont été incendiés dans des circonstances non élucidées. Les dégâts sont importants. En outre, des tableaux d’affichages ont été détruits et des pare-brise de véhicules brisées dans la cour intérieure.
On remarque que les étudiants de l’UEH durcissent leur position en rejetant d’un revers de main toute négociation avec le Conseil exécutif, estimant que le temps du dialogue est passé puisque les dirigeants n’ont pas saisi l’occasion qui leur était offerte par les protestataires qui occupent les locaux du rectorat depuis plusieurs semaines. Les étudiants réclament la démission du Conseil exécutif qu’ils rendent responsable depuis plus de 10 ans, de la détérioration des conditions d’études, de cursus universitaires inadaptés, d’une capacité d’accueil insuffisante et de divers problèmes de campus pour l’UEH. Ils exigent l’installation d’une Commission intérimaire formée de professeurs intègres, chargée de poser les bases nécessaires à la réforme universitaire.