Il semblerait qu’il faille remonter très loin dans l’histoire pour déterminer avec assez de précision l’origine de cette formulation cherchante, femmente et même infâmante dans certaines circonstances bien particulières. Son expression la plus ancienne se trouve chez Decimus Iunius Iuvenalis, que nous connaissons mieux sous le nom de Juvénal, poète satirique romain de la fin du ier siècle et du début du iie siècle. Dans sa Satire VI, 2423, il a en effet écrit : nulla fere causa est in qua non femina litem moverit (« Il n’y a pratiquement pas de conflit dans lequel une femme n’a pas joué un rôle de premier plan. »). Par ailleurs, Juvénal a fait de ses contemporains une peinture acerbe et sans pitié, ne se retenant pas dans ses attaques, quoiqu’il eût la sagesse et la prudence de ne pas s’en prendre aux empereurs régnants. Selon lui, la Rome impériale s’était en effet transformée en une ville gigantesque, monstrueuse scène de théâtre remplie de bouffons qui s’ignorent et d’aigrefins, un lupanar, un monde sur lequel « difficile est satiram non scribere » (« il est difficile de ne pas écrire la satire »). Le PHTK longtemps avant la lettre.
En descendant le cours de l’histoire, on découvre que la formulation « Cherchez la femme » avait été popularisée par le lieutenant général de police Antoine de Sartine, lieutenant criminel du Châtelet (1755), ensuite lieutenant général de police (1759–1774), et enfin ministre de la Marine sous Louis XVI. Il passe également pour l’un des hommes les mieux informés ayant recruté des indicateurs dans toute l’Europe.
Communément, l’expression correspond à un cliché du roman policier : quel que soit le problème, une femme en est souvent la cause. On la retrouve en effet dans diverses enquêtes de Sherlock Holmes. Elle apparaît plusieurs fois dans les œuvres d’Agatha Christie. À la vérité, elle est surtout connue depuis le roman Les Mohicans de Paris (1854) par Alexandre Dumas : « Cherchez la femme, pardieu ! Cherchez la femme ! », écrit le romancier. La phrase y est répétée à plusieurs reprises. Dans l’adaptation théâtrale de 1864, Dumas écrit : « Il y a une femme dans toutes les affaires ; aussitôt qu’on me fait un rapport, je dis : Cherchez la femme ! »
La dumasserie mohicane est devenue courante à ce point où elle a fini par faire figure de proverbe au XIXe siècle. Ainsi, dans une Lettre aux députés de l’Assemblée nationale réclamant le vote d’une loi autorisant le divorce et datée du 1er septembre 1876 on peut lire : « N’est-ce pas le moment de rappeler les paroles profondément justes du jurisconsulte : ‘‘À côté de tous les crimes, il y a la femme, cherchez la femme et vous trouverez le coupable’’. Difficile de cacher le sexisme niché derrière ce proverbe. Une vraie fréquencité. La femme ayant été longtemps considérée comme le « sexe faible », dan pouri vin gen fòs sou bannann mi.
Trêve de juvénalerie, dumasserie, mohicanerie et autres chicaneries. Venons-en au nannan de la question. D’abord, il faut être fichument con pour ne pas se rendre compte que l’assassinat odieux et macabre de Jovenel Moïse est une performance digne seulement de maffieux rompus aux crimes les plus crapuleux, ce pour assurer la continuité de la maffioserie PHTKiste. Cette mise en scène dantesque, disons-le carrément, a reçu l’onction de la criminelle chrême des gros paletots diplomatiques, politiques et économiques qui sont les auteurs intellectuels du meurtre.
Toutes les sources d’information repassent et ressassent en boucle les âneries, conneries, crétineries, bouffonneries, menteries et couillonnades émanant de la communauté internationale, des presses crétines, nationale et internationale, jako-repèt-pèpètmayi et de l’incongrue PNH : 5 policiers mis en isolement ; mesures conservatoires contre 24 autres policiers qui devaient empêcher l’assassinat du président ; 18 assaillants sont en détention et trois autres tués, 5 ressortissants haïtiens-américains appréhendés. Rien d’autre.
Jovenel avait l’appui indéfectible des tuteurs internationaux et notamment onusiens et états-uniens. Mme La Lime, ça ne vous dit rien ? Ce minable petit soumis de Jovenel ne pouvait ni glousser ni grouiller sans l’assentiment de cette engeance tuteuse et tortueuse qui lui disait : à droite ! À gauche ! Au gré de leurs intérêts. Comment Jovenel Moïse aurait-il pu être assassiné si aisément dans sa demeure sans la permission des maîtres de sa queue ?
Mercenaires colombiens, PNH, DEA colombo-américano-haïtienne, drogue, maffia, CIA, FBI, gouvènman restavèk, ambassade américaine, fatras moral, tout sa se menm bagay. En 2019 sept mercenaires américains avaient été arrêtés par la PNH. Que pensez-vous qu’il arriva ? Ils furent libérés sur ordre de l’ambassade américaine et du ministre de la Justice d’alors de Jovenel Moïse. C’est toute cette putride fatratude qui était à l’œuvre chez Jovenel dont l’assassinat fut un crime maffieux auquel on s’acharne à donner des couleurs de crime politique.
Posons des questions, fouinons à travers les venelles de ce qui est à notre portée de façon évidente. Des mercenaires professionnels atterrissent en la résidence des Moïse. Ils pénètrent dans la chambre des époux, prennent leur temps, torturent Jovenel, lui cassent des membres, lui crèvent un œil en présence de sa femme (un témoin clé) qu’ils laissent vivante, et puis, mine de rien, ils boisent, yo bwaze, ils filent à la maffieuse, pour ainsi dire, courant le risque que madame pourrait bien révéler leur identité à des enquêteurs. Quels secrets détient-elle, la pauvrette ? Ah oui, cherchez la femme. Elle doit en savoir…la veuve endeuillée.
Autres questions : madame s’en sort avec seulement deux balles, dit-on. Comment ces mercenaires professionnels qui ont rageusement planté une ratafal de balles dans la chair de Jovenel Moïse ont-ils pu en « faire cadeau » seulement deux à l’épouse du président ? Pourquoi au bras et à la jambe ? Madame a-t-elle imploré pour sa vie ? L’un des assassins, disons le tireur principal, avait-il reçu des ordres stricts de seulement caponner l’épouse du président de facto ? Était-ce tout juste deux balles maron (enfin, maronnes, pour ne pas blesser la grammaire) reçues par hasard lors de cette fusillade sur un seul homme au corps déjà maigrelet ? Cherchez la femme, Martine je veux dire, vous pourriez en savoir plus.
Question intéressante : lors de ses premières déclarations à l’hôpital en Floride, Madame Martine a mentionné qu’« en un clin d’œil, les mercenaires sont entrés dans ma maison et ils ont criblé mon mari de balles […] sans même lui donner la chance de dire un seul mot ». Comment ne s’est-elle pas étonnée, inquiétée ou plainte que ces mercenaires aient pu franchir un cordon de sécurité censé être sûr, étanche, efficace, à multiples niveaux ? Comment ne pas l’avoir manifesté dans un tel moment de grande douleur ? Cherchez la femme, demandez à Martine pourquoi cette omission, elle seule doit le savoir.
Autre question. Dans notre culture, les femmes pleurent abondamment la mort de leur homme, avec des paroxysmes de cris et de se jeter par terre. Les photos postérieures à l’assassinat que nous avons vues montrent une épouse sereine, kèkal, quelque chose d’inhabituel dans notre milieu haïtien, particulièrement lorsqu’on considère la bestialité du crime. Comment expliquer cette kèkaltude ? Selon nos habitudes haïtiennes, aurait-elle demandé à un proche parent de kenbe rèl la pou mwen, jusqu’au jour de l’enterrement où elle pourra laisser libre cours à ses émotions ?
Nous refusons la voie trop facile sinon détestable du sexisme, du fréquentisme, du machisme, du phallisme, du gwoponyettisme, mais certains silences troublants de madame Martine nous permettent de comprendre la réaction frekante tapie dans cette Lettre aux députés de l’Assemblée nationale réclamant le vote d’une loi autorisant le divorce. Avec une désinvolte impertinence, elle stipulait : “À côté de tous les crimes, il y a la femme, cherchez la femme et vous trouverez le coupable.” Madame Martine, on vous cherche, on vous voit, on vous regarde, vous avez la parole. Que la lumière soit !
J’ai souri en voyant madame Martine, à sa descente d’avion, à son retour en Haïti, arborant un gilet pare-balles bien en vue : le comble de l’enfumage, du théâtre à ciel ouvert ; ce qui m’a rappelé cette vitre blindée derrière laquelle les meriken avaient placé Aristide, au palais national, lors de son retour dans les fourgons de l’armée américaine, pour qu’on ne lui tirât pas dessus (entendez ses partisans fous de joie, applaudissant leur Titid). Franchement, comme dirait ce loustic : on est risqué.
Imaginez, ces gens envoient des tueurs déchalborer le président en douceur, épargnent madame de leur koutfizi fou, l’emmènent à l’hôpital pour des premiers soins et l’embarquent presto sur un vol (manifestement programmé) vers Miami. À quelle protection peut s’attendre madame Martine affublée d’un gilet pare-balles faussement protecteur. De l’esbroufe, du bluff, du théâtre. Madame doit sans doute savoir que c’est de la frime. Cherchez la femme, elle doit tout savoir. Que lui a-t-on promis en échange de certains silences ? Martine a bien su sa leçon. Que faut-il lui donner ? Secret d’ambassade…
Cherchez la femme, cherchez une autre femme, au niveau diplomatique par exemple, tenez, Mme La Lime. Au lendemain de la crapulerie, du meurtre bestial de Jovenel, animée d’une rare vergognerie, elle n’a même pas daigné adresser une note officielle de sympathie à la famille et au gouvernement, fût elle d’une indécente hypocritude. Convenances diplomatiques rituelles et habituelles ? Pas nécessaire, puisqu’on lui a confié un foutoir, non pas un pays.
Que fait ce gros soulier onusien ? Elle s’est précipitée à désigner l’insignifiant ambitieux Claude Joseph (révoqué par Jovenel) pour diriger le bazar, l’antre d’Ali Baba, le dépotoir. Quid alors du PM Ariel Henry nommé par Jovenel mais pas encore installé? Cherchez la femme, Mme La Lime qui devait sans doute être au courant des machinations de l’ambassade avait tout prévu : Henry n’avait pas eu le temps de prêter serment. Vraiment ? Madame La Lime peut-elle dire devant quel parlement le misérable Claude Joseph avait-il prêté serment pour qu’il eût la légitimité de prendre en main les rênes du pouvoir ?
Comme les décisions importantes en Haïti se prennent à l’ambassade américaine, cherchez la femme, cherchez une autre femme, cherchez Michele Sison l’ambassadrice, car si ce n’est pas madame Martine, c’est La Lime, et si ce n’est pas La Lime c’est bien Sison qui est au parfum de l’assassinat. Que la Vierge me timène, gen youn ki konnen, si ce ne sont les trois. Dans son adaptation théâtrale de Les Mohicans de Paris, Dumas avait écrit: « Il y a une femme dans toutes les affaires ; aussitôt qu’on me fait un rapport, je dis : Cherchez la femme ! » Peut-être qu’il avait raison, du moins dans des cas bien précis,
L’assassinat de Jovenel ? Cherchez la femme ; les mercenaires, la PNH, les mecs préposés à la sécurité du président ne sont que d’insignifiants figurants. Ne vous en faites pas. Le FBI est déjà sur les lieux, il y aura une enquête bidonne, des élections grennsenk pour amuser les nigauds et assurer le jovenellisme sans Jovenel. Et qui sait ? Le mal existe, on pourrait bien avoir un chef de gang comme notre prochain président. Parfait pour diriger le shithole…
20 juillet 2021