(7ème partie)
CRUAUTE VS COMPASSION
Sous Hitler aussi des millions d’êtres humains sont devenus… inhumains. Par la suite, l’expérience du psychologue étatsunien Stanley Milgram réalisée entre 1960 et 1963 a démontré “L’extrême disposition des adultes de faire presque n’importe quoi sous l’ordre d’une autorité”. Selon ce mécanisme, “des gens ordinaires, faisant simplement leur travail et sans aucune hostilité particulière de leur part, peuvent devenir des agents dans un processus de destruction effroyable. En outre, même lorsque les effets destructeurs de leur travail deviennent manifestement clairs et qu’on leur demande de mener des actions incompatibles avec les normes fondamentales de la moralité, relativement peu de personnes disposent des ressources nécessaires pour résister à l’autorité”.
À noter que Milgram ne se réfère pas seulement à l’holocauste, mais à tout acte d’un gouvernment allant à l’encontre de la conscience: “L’immigration et l’esclavage de millions de Noirs, l’extermination des Indiens d’Amérique, l’internement des citoyens étatsuniens d’origine japonaise, l’utilisation du napalm contre les populations civiles du Viêt Nam représentent autant de politiques impitoyables qui ont été conçues par les autorités d’un pays démocratique et exécutées par l’ensemble de la nation avec la soumission escomptée».
Lors de son fameux procès de 1961-62, Adolf Eichmann, le principal exécutant de la déportation en masse des Juifs vers les ghettos et les camps d’extermination a prétendu qu’“il n’avait jamais rien fait de sa propre initiative, qu’il n’avait aucune intention, bonne ou mauvaise, qu’il n’avait fait qu’obéir aux ordres”. Tout comme les fonctionnaires du Department of Home Security lors de leur déposition avant le procès. Notamment Lee Cissna & Gene Hamilton qui se retranchent froidement derrière l’application des lois pour nier aux immigrés leurs droits.
“Le plus grand mal au monde … est le mal perpétré par Monsieur ou Madame tout le monde, le mal commis par des gens sans motif, sans conviction, sans cœur méchant ni volonté démoniaque. Par des êtres humains qui refusent d’être des personnes. Et c’est ce phénomène … que j’ai appelé la banalité du mal” – fameuse phrase de la politologue allemande Hannah Arendt.
Ou plus simplement comme l’a dit une commentatrice, “la désindividuation et la dissolution de responsabilité. (C’est lui qui m’a dit de le faire donc je le fais, ce n’est pas de ma faute)”.
“Le plus grand mal au monde … est le mal perpétré par Monsieur ou Madame tout le monde, sans motif, sans conviction, sans cœur méchant ni volonté démoniaque. Par des êtres humains qui refusent d’être des personnes.
Dans la réalité, Eichmann n’était ni indifférent, ni ignorant. Selon un témoin au procès, il aurait dit qu’il allait “sauter de rire dans la tombe parce que le sentiment qu’il avait cinq millions de personnes sur sa conscience serait pour lui une source de satisfaction extraordinaire”. La même satisfaction que le sinistre Stephen Miller a dit éprouver quand il avait parlé aux nativistes anti-immigration du groupe de propagande haineuse Center for Immigration Studies, et à la pensée que plus un seul réfugié n’arriverait aux Etats-Unis.
En effet, il est temps de laisser les exécutants pour passer aux cerveaux, dans notre cas: Jef Session et Stephen Miller. Là, par rapport aux Nazis, on se situe proche des supérieurs hiérarchiques d’Eichmann: Heinrich Himmler, l’architecte de l’holocauste juif avec son lieutenant, Reinhard Heydrich, “l’homme au coeur de fer”, comme Hitler lui-même l’appelait.
DONNER DE L’EAU EST CRIMINEL
Dans le cas de la politique d’immigration étatsunienne, on peut carrément parler de cruauté et de lâcheté qui a atteint son paroxysme à la frontière mexicano-étatsunienne avec la séparation des familles ayant des enfants – souvent en bas âge – ainsi qu’avec les réfugiés fuyant des situations de guerre, famine et persécution. “L’administration semble ravie de s’attaquer aux personnes les plus vulnérables”, a déclaré David Robinson, ancien secrétaire adjoint du Bureau des opérations de conflit et de stabilisation au département d’État.
Il n’y a pas que les immigrés qui sont traités comme des criminels simplement pour avoir traversé la frontière à la rechercher de refuge – qu’il soit politique ou économique. Ceux qui les aident le sont aussi. Des volontaires de No More Deaths (Plus de morts) – une association fondée en 2004 par des religieux d’Arizona – parcourent parfois des distances de plus de 20 kilomètres sur un terrain escarpé ou rocheux, sans ombre, pour amener de l’eau, des conserves d’aliments, des couvertures et d’autres objets pour les réfugiés qui traversent le désert de Sonora qui a fait plus de 8.000 morts au cours des quinze dernières années.
Ce 18 janvier, quatre femmes ont été condamnées à la prison par le juge Bernardo Velasco parce qu’elles “n’ont pas obtenu de permis d’accès, ne sont pas restées sur les chemins balisés et ont laissé de l’eau, de la nourriture et des caisses dans le [Cabeza Prieta National Wildlife] Refuge”. Dans un autre cas d’immigration, on avait dévoilé que ce juge avait communiqué secrètement avec les procureurs de Trump dans un acte d’«influence indue du gouvernement».
Peut-on parler de civilisation quand fournir de l’eau à des êtres humains en danger de mort est assimilé à abandonner des détritus, criminalisé et passible de prison? A l’image de Trump qui présente, sans aucun fondement, les réfugiés comme des traffiquants d’êtres humains et de drogue et les caravanes d’immigrés comme une invasion, Art Del Cueto, vice-président du Conseil de la National Border Patrol, se défend en prétendant que cette aide humanitaire «va au cartel de la drogue, aux contrebandiers, aux dépisteurs qui essaient de faire du mal”. Ce sont au contraire les siens qui font le mal: on a filmé des agents détruisant les bidons d’eau destinés aux réfugiés.
A LA BASE IL Y A LA HAINE
A la base il y a la haine. Dès l’école secondaire, Stephen Miller rageait – verbalement et par écrit – contre les élèves latinoaméricains qui “manquent de base en anglais”, et un jour il a dit à son ami d’enfance Jason Islas: “Je ne peux plus être ton ami parce que tu es Latino”. Il détestait le club Hispanique de son école et estimait que les Hispaniques étaient sur-représentés au Congrès. Sa camarade de classe, Natalie Flores, a écrit un article pour Huffington: “Miller semblait avoir ‘une haine intense envers les personnes de couleur, en particulier les Latinos. […] Il pensait qu’ils vivaient de l’assistance publique”. Tout comme Trump croyait que les Noirs vivent de l’assistance publique. Julia Brownley, membre démocrate du Congrès: “J’étais présidente de la commission scolaire à l’époque. Nous voulions nous concentrer sur les étudiants peu performants. Quel qu’était notre objectif, il était contre, contre l’éducation bilingue et contre toute assistance à ceux qui apprenaient l’anglais”.
Au cours d’un discours enregistré sur vidéo à la Santa Monica High School quand il avait 16 ans, il avait dit que les étudiants ne devraient pas avoir à ramasser leurs propres ordures car il y a «beaucoup de concierges payés pour le faire». Les concierges étant tous Noirs ou Latinos. Le public estudiantin de cette école libérale l’avait très vite hué et fait quitter la scène. Pareil quinze ans plus tard, en janvier 2018, avec le présentateur Jake Tapper sur CNN quand Miller s’est montré agressif, refusant de répondre à certaines questions, il a dû être escorté hors de la station de télévision.
Stephen Miller semblait avoir une haine intense envers les personnes de couleur, en particulier les Latinos
Il semble y avoir une dimension pathologique. “Il avait l’air vraiment heureux”, a dit Charles Gould, un camarade de classe à propos de son discours fiasco, “c’était comme s’il l’avait planifié”. Dans la vidéo du lycée, Miller affiche une capacité précoce à aller à contre-courant et à provoquer des controverses. Justin Brownstone, le président de l’association d’étudiants de l’époque, a déclaré qu’il avait déjà entendu cette remarque à propos des concierges. “Il aimait dire des choses qui étaient perçues comme racistes. Plus il offensait, plus il était heureux”. “La confrontation était son genre de modus operandi”, a pour sa part dit Ari Rosmarin, ancien rédacteur en chef du journal du lycée de Santa Monica, qui travaille maintenant pour l’American Civil Liberties Union. “Je pense que c’était son but en venant à l’école le matin”. A l’université Duke, en Caroline du nord, où il a fait un simple Bachelor of Arts, des Républicains l’appelaient “la machine à outrage de Miller”.
Miller lui-même le dit, il «adorait défier les conventions politiques et les subtilités sociales, même en tant qu’élève du secondaire. ‘Je dirai et je ferai des choses que personne d’autre sain d’esprit ne ferait».
Une telle attitude ne devait pas attirer beaucoup de monde. Dixit Oscar de la Torre, membre du conseil des écoliers: “Il semblait toujours mécontent. Il avait beaucoup de rancunes. Il ne faisait pas d’effort pour aller au bal ou avoir des copines. Je ne me souviens pas l’avoir jamais vu sourire». Il suffit de regarder les nombreuses photos de lui. S’il sourit sur de rares photos, dès qu’il se sent visé, il devient sérieux comme une éminence grise qui veut inspirer la crainte et le dégoût.
Sans entrer dans la psychologie profonde de sa personnalité, il semble évident que Miller “se nourrit de notre indignation et de notre colère, de sorte que le ridicule et l’humiliation lui conviennent le mieux”. Ses proches étaient intrigués par ce comportement étrange: “Les enfants à qui n’accorde pas une attention positive font souvent n’importe quoi pour attirer l’attention. Il n’attirait probablement l’attention que quand il était méchant et cela a continué à l’âge adulte”. “Peut-être qu’il apprécie l’infamie, comme une ruse perverse pour avoir du pouvoir, ce que je trouve complètement dégoûtant. Il a beaucoup de pouvoir à l’école mais il l’utilise à des fins malfaisantes […] il manque d’intégrité, il insulte et il manque de respect”.
En tout cas, le trait le plus intéressant pour nous est qu’il excelle à lancer quelque chose de farfelu et d’extrême pour provoquer une réaction qui sert manifestement à satisfaire des besoins profonds. Et un de ceux-ci pourrait être la vengeance. La politique la plus cruelle de cette administration a été la séparation des enfants – souvent en très jeune âge – de leurs parents à la frontière mexicano-étatsunienne. Les parents étaient déclarés criminels pour avoir traversé la frontière illégalement et les enfants – au moins 2.700 – étaient envoyés en détention dans des cages. Et la quasi-totalité des familles arrivant à la frontière sud des Etats-Unis sont des Latinos.
Alors que le tollé général gagnait jusqu’aux supporters de la politique de tolérance zéro de la Maison Blanche, que jusqu’aux proches du président se sentaient mal à l’aise, et que Trump lui-même décidait de mettre un terme à la politique de séparation, une seule personne jouissait, l’auteur même de cette politique: “En fait, Stephen prend plaisir à voir ces photos à la frontière”, a déclaré à l’époque un conseiller externe de la Maison Blanche. «C’est un gars tordu, la façon dont il a été élevé et dont on le critiquait. Il a toujours trouvé le moyen d’attaquer. C’est un Waffen-SS”. Au cours de la deuxième guerre mondiale, la plus sanguinaire formation militaire des Nazis, composée de plusieur nationalités qui se portaient volontaires pour massacrer des civils, considérés comme criminels au tribunal de Nuremberg.
Le propre oncle de Miller, un neuropsychologue, dit que “Stephen et Trump sont peut-être devenus insensibles à la tragédie humaine et aveugles à l’hypocrisie de leurs décisions politiques”. Trois-quatre générations en arrière, le vétéran et écrivain allemand Ernst Jünger, décrivait le nazi Himmler que nous mentionnions précédemment, et ses semblables comme «cool», «détachés», “objectifs” et “endurcis à la souffrance humaine, acceptant la mort de millions de personnes comme un fait anodin de la vie politique”. Dans un cas comme dans l’autre, il y a plus profond. Dixit la journaliste Jane Coaston de Vox: “Non seulement [Miller] se fiche des réactions, mais la cruauté est intentionnelle”.
En plus de la critique sévère de son propre rabbin – Comess-Daniels – le sénateur républicain (Nebraska) Ben Sasse a écrit: “La séparation des familles est malfaisante. Elle est dommageable pour les enfants et ne devrait absolument PAS être la politique étatsunienne par défaut. Les Américains sont meilleurs que cela. C’est mauvais. Les Américains ne prennent pas les enfants en otage, point final”. Un des buts associés de cette politique était d’utiliser les enfants comme moyen de forcer les démocrates à accepter un mur frontalier ou une autre forme de restriction de l’immigration. Même l’ancien journaliste du très conservateur Fox News, Bill O’Reilly, a déclaré que l’administration Trump “ne gagnera pas sur ce point”.
Mais pour Miller, il semble que tout se passait comme prévu, c’était une autre “controverse constructive”. Comme au lycée quand on l’a jeté hors du podium: c’était voulu. L’application de cette politique de séparation de familles était une “décision simple”, a ajouté Miller. Comme Gene Hamilton quand il a mis fin au DACA lésant des centaines de milliers de jeunes, comme Kissinger quand il a manigancé le massacre de centaines de milliers de Chiliens.
Si nous nous penchons sur ce détestable personnage, ce n’est pas pour analyser un parmi les milliers d’individus affectés de troubles de la personnalité, souvent beaucoup pires; c’est parce qu’il est en position de faire infiniment de mal à des millions de personnes – TPS, DACA, réfugiés, immigrants illégaux ou légaux – étant l’Architecte de la politique restrictive d’immigration des Etats-Unis d’Amérique, essentiellement pour satisfaire ses besoins psychologiques. Car ces politiques ne sont ni fondées ni élaborées dans un but concret. “Une des caractéristiques de l’approche politique de Trump est l’hypothèse selon laquelle la politique consiste uniquement à activer des réactions émotionnelles et non à persuader quiconque de changer d’avis”. En bref, “provoquer les libéraux”.
UN COUP DE PIED DANS UNE FOURMILIÈRE
Chez Miller ceci datait déjà de sa jeunesse. Seyward Darby, sa rédactrice au journal estudiantin de l’université de Duke, The Chronicle, “se rappelle que ses colonnes ne visaient jamais à persuader. Elles avaient pour but l’agitation. Et maintenant qu’il est à la Maison Blanche, il déploie des tactiques similaires. ‘Je ne me souviens pas d’avoir entendu dire quelqu’un: ‘Oh, Stephen fait valoir de bons arguments dans sa dernière chronique’. Il choisissait les positions les plus contrariantes, écrivait la prose la plus hyperbolique possible, puis la lançait dans le monde. J’imagine qu’ensuite il s’asseyait et attendait les réactions des gens. En réalité, la réponse la plus intelligente était d’éviter d’en avoir une”.
“Je veux dire, à un certain niveau, il faut être intéressant”, a dit Miller dans sa quête sans fin pour provoquer. “Il adorait tout simplement foutre tout en l’air”, plus qu’élaborer une politique ou croire en un dogme. C’est comme un (sale) gosse qui jette un coup de pied dans une fourmillère et ensuite jouit du spectacle des fourmis affolées courant dans tous les sens.
Les politiques de l’administration Trump suivent toutes le même schéma: décisions politiciennes faisant fi de toute analyse d’experts et de toute réalité
On peut maintenant déchiffrer les motivations profondes des politiques de l’administration Trump, qui suivent toutes le même schéma: décisions purement politiciennes faisant fi de toute analyse d’experts et de toute réalité, et destinées à bousculer l’ordre régnant – comme dans le cas du Temporary Protection Status où l’administration n’a nullement tenu compte des conditions réelles en Haïti telles que rapportées par ses propres officiels.
A peine arrivés au pouvoir, fin janvier 2017, ils ont décrété l’interdiction de voyager aux Musulmans de plusieurs pays, non seulement sans passer par leurs experts mais même sans les avertir. “Plusieurs personnalités clés de l’administration (y compris, semble-t-il, des hauts responsables du département of Homeland Security et du Pentagone) ont été laissées dans le noir, n’ayant été informées que lorsque Trump avait signé l’ordre”.
Et alors que le chaos était généralisé, Steve Bannon, le mentor de Miller aussi pervers que lui, s’est dit “titillé par l’hystérie” et “s’est vanté d’avoir choisi de promulguer cette mesure perturbatrice un week-end [vendredi 27 janvier 2017] ‘pour que les flocons de neige (snowflakes) aillent manifester dans les aéroports et créer des émeutes’. Ils considèrent la manifestation de colère comme une victoire politique”. Les “flocons de neige” est le terme péjoratif assigné à la génération de Miller, soi-disant pour “leur trop grande sensibilité et leur vulnérabilité émotionnelle pour faire face à des points de vue défiant les leurs”, soit le contraire de machos.
Miller avait présidé une réunion du Conseil de sécurité nationale concernant ce décret présidentiel – “une démarche extrêmement peu orthodoxe” – le mettant en opposition aux bureaucrates, puis se faisant taper dessus par la presse. Une source proche de lui l’estimait “battu”: «Je pense qu’il se sent totalement agressé. Il n’est pas politiquement astucieux, il n’est pas prêt pour cela. Il ne connaît personne dans notre monde. Reince [Priebus], bien sûr, connaît tout le monde». Cet officiel s’est lourdement trompé: exactement six mois plus tard, le 28 juillet, c’est Reince Priebus, le chef de cabinet de Trump, qui était mis à la porte.
Pareillement à l’ONU, en septembre dernier, où les 126 chefs d’Etat du monde entier se sont moqués de Trump quand, se jetant comme toujours des compliments à la tête, il a dit que son administration avait accompli en deux ans plus que toute autre administration dans l’histoire des Etats-Unis. Le discours “ne visait pas la cohérence. Son message était pour te prendre aux tripes”. Un véritable manifeste de nativisme, il était destiné à “un autre public: ses principaux partisans, qui méprisent l’ONU et tout ce qu’elle représente”.
Autre événement majeur et destiné à créer le chaos: l’arrêt du gouvernement, le plus long (autre superlatif, cette fois en claire défaveur de Trump) de l’histoire des Etats-Unis. Dès le début et sur le choix de Miller, Trump s’est déclaré “fier” de fermer le gouvernement puisque le Congrès ne lui donnait pas les 5,7 milliards de dollars pour construire son mur sur la frontière mexicaine. Cela s’est traduit par la mise en congé forcé de 800,000 fonctionnaires pendant 35 jours, sans paiement, causant d’innombrables problèmes jusque dans les aéroports où les contrôleurs du ciel – des agents de l’Etat – étaient forcés de travailler sans paie.
Mettre un terme au TPS et au DACA avait le même but malhonnête et tordu. Le directeur même des services d’immigration (USCIS), Lee Cissna, l’a expliqué lors de sa déposition aux avocats des plaignants à notre procès devant le juge William Kuntz de Brooklyn quand on lui a demandé si Haïti pouvait absorber le retour plus de 59 000 personnes. “Eh bien, certains d’entre eux ne partiront pas. Ils vont se cacher aux États-Unis et attendre d’être déportés. Pour que ces personnes puissent se rendre en Haïti, il leur faudrait obtenir des documents de voyage haïtiens. Et il est certain que Haïti ne leur donnera pas les documents. Donc, ils vont devoir rester aux États-Unis. Ils seront illégaux. Ils seront non-autorisés. Ils ne pourront pas travailler. Ils ne pourront pas obtenir de permis de conduire. S’ils font l’une ou l’autre de ces choses, ils seront des criminels et pourront être expulsés”. Donc cette “politique” n’est même pas rationnelle du point de vue nativiste qui est de se débarrasser des immigrants. Mais en attendant, des dizaines de procès ont lieu dans tout le pays et les titulaires du TPS et du DACA vivent dans la crainte permanente et tournent en rond, affolés comme les fourmis dont le nid a été détruit. Le résultat souhaité par Stephen Miller.
(Précédent TPS 6, suivant TPS 8)
(A suivre)