On se faisait une idée générale de la bourgeoisie haïtienne, de son insouciance pour le développement, de son irresponsabilité, de sa lâcheté, de son habileté à exploiter les masses populaires et de sa dextérité à piller le pays. On savait qu’en face des diplomates étrangers, cette classe était toujours prête à tout faire et à tout concocter pour acheter les consciences et se ravaler devant les représentants des grandes puissances accréditées dans le pays. Mais on ne s’imaginait pas à quel point elle pouvait être aussi vile et abjecte, aussi dénuée de scrupules.
Ces derniers temps, l’impact percutant des câbles de Wikileaks a fait trembler la bourgeoisie dans ses culottes, et a mis à nu l’ignoble face cachée de cette bourgeoisie parasite : sa méprisable lâcheté, son honteux manque de courage.
Ainsi, lors d’une émission sur les ondes de Radio Magik 9, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances sous le gouvernement de facto Boniface/ Latortue, Henri Bazin, invité à clarifier certaines révélations de Wikileaks concernant des pressions qu’il avait reçues pour faire échouer l’accord Petrocaribe et sur la gestion actuelle du fonds de Petrocaribe, Henri Bazin a eu l’audace inouïe de répondre qu’il n’était pas au courant du déroulement de cet accord. «La gestion du fonds de Petrocaribe…(rire), c’est une autre affaire. Je ne suis pas au courant de la gestion. Il me faudra consulter les dossiers avant de prendre la parole sur le sujet». Comment un ministre de l’Economie et des Finances pourrait-il n’avoir pas été au courant ? Un mensonge aussi flagrant qu’éhonté.
il convient de souligner une lettre de M. Fritz Mevs au Sénateur Youri Latortue dans laquelle Mevs a affiché toute sa lâcheté.
Dans cette même veine, il convient de souligner une lettre datée du 5 juillet 2011 de M. Fritz Mevs au Sénateur Youri Latortue concernant un autre câble de Wikileaks, et dans laquelle Mevs a affiché toute sa bassesse, toute sa lâcheté. C’est seulement à travers un article «paru dans le journal Haïti Liberté, Vol. 4 -No. 49 du 22 juin 2011» que l’énergumène a «réalisé l’ampleur des préjudices causés» au caïd de l’Artibonite en action «par le contenu d’un entretien [ qu’il a] eu avec un représentant de l’Ambassade Américaine au cours du mois de mai 2005». Quel mâle courage ! Quelle force d’âme !
Paraît-il que « les violences quotidiennes dont j’étais le témoin, les meurtres et enlèvements dont des amis proches étaient victimes m’avaient, je dois le reconnaître, durement déstabilisé…, je me suis sans doute laissé emporter par des réflexes de préemption et j’avoue que les mots que j’aurais pu avoir prononcés ne reflètent aucunement ma pensée. En fait, ce qui aurait été dit et rapporté ne reflète en rien la vérité». Ou bien Mevs avait menti à l’ambassadeur, ou bien il ment aujourd’hui pour sauver sa peau face au truand de l’Artibonite. Etrangement, « …cette entrevue a causé des torts à beaucoup de personnes dont certaines me sont pourtant très chères »: Youri le mafieux ? Comme cette bourgeoisie peut être lâche !
Gigotant dans la boue de sa couardise, «c’est avec humilité et une simplicité dénuée de tout artifice que je veux vous [Youri le truand] présenter mes excuses les plus sincères». Soudain, “Monsieur 30%” devient respectable, «un fervent patriote, un serviteur infatigable des intérêts [du] pays». Et voilà le grand bourgeois, hautain et méprisant vis-à-vis des chimères, qui s’aplatit, se fait punaise devant le Gengis Khan de l’Artibonite, le dangereux féodal de l’Artibonite :«Je me tiens prêt à faire amende honorable en rectifiant publiquement toute atteinte à votre réputation… et vous prie de recevoir, monsieur le Sénateur, avec toute ma haute considération, l’expression de mon profond regret». Charme véreux de la bourgeoisie…
Le comble de l’inélégance et de l’incongruité a été la lettre de démenti de la famille Mevs , qui malgré tout, par peur ou par solidarité de classe, en a profité pour bassement louanger Latortue «un homme honorable», Michel Brunache «reconnu pour sa rectitude», Réginald Boulos «soucieux de ses responsabilités sociales et civiques», Me Gary Lissade «jouissant d’une réputation impeccable». Tout ce beau monde est bien habitué à se vautrer aux pieds de l’ambassadeur cinquante-étoilée pour se neutraliser les uns les autres, à l’occasion, mais surtout pour obtenir via leur milice privée l’élimination de nombre de personnes dans le camp populaire dont on ne saura jamais combien sont mortes parce que la bourgeoisie, par la violence, a tenu à défendre ses privilèges de classe.
Pour terminer faut-il bien souligner la collusion entre ces deux barons de la classe dominante, l’ancien sénateur Rudolph Boulos et l’actuel sénateur Anacacis, deux larrons en foire, le premier métamorphosé en «consultant auprès du bureau» du second pour brasser on ne sait quelles magouilles. N’est-ce pas Anacacis qui dans le dossier de ratification du Premier ministre désigné, le tortionnaire Bernard Gousse, vient de dire qu’il n’a pas encore pris position ? Hypocrite et fourbe, prêt à se renier comme Fritz Mevs. Il faut les avoir à l’œil et les démasquer ces forces obscurantistes à l’aise dans le mensonge, les ténébreuses magouilles et les plus basses pitreries.