Un pays en voie de destruction

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 La crise politique ne cesse de s’aggraver dans le pays, et les jours semblent bien comptés pour le pouvoir qui s’efforce de tenir tête grâce à ses patrons ; mais qu’importe, il ne sera jamais en mesure de délivrer quoi que ce soit pour le meilleur de la population.  

Cela ne signifie pas pour autant la victoire ou le triomphe d’une certaine opposition. Loin de là, puisque rien de fondamental ne va changer. L’opposition ne saurait se réjouir car elle ne pourrait elle-même emprunter aucune autre voie, ni engager le pays vers un revirement politique allant dans le sens des intérêts nationaux et de la grande majorité de la population. 

Les luttes populaires s’intensifient. La police est de plus en plus divisée. Situation d’autant plus grave puisque l’insécurité occupe nettement le haut du pavé.  Le problème de fond, c’est la dégradation complète de la situation économique, financière et alimentaire ainsi que le désespoir national pour ne pas dire une politique de capitulation généralisée.  

Le pays s’enfonce dans la violence et la crise des institutions. Cette crise sociale et politique en cours n’est pas uniquement celle d’un régime. Son objectif réel est le blocage systématique de l’économie de façon à nous imposer une crise nationale qui nous fera reculer davantage au lieu d’avancer.

Cette crise sociale et politique en cours n’est pas uniquement celle d’un régime.

 Haïti est en proie à une instabilité établie par les anciennes puissances coloniales, orchestrées par les élites économiques et politiques locales qui se sont succédé à sa direction, toujours assoiffées de richesses.

Ainsi, il n’est pas difficile de découvrir la main des puissances tutrices occidentales dans le processus qui s’est mis en place pour transformer la nation haïtienne en un état non seulement dépendant mais aussi voyou. Cette interférence s’est traduite par une instabilité politique et économique constante devenue chronique.

Il existe en effet une relation de cause à effet dans la dégradation du pays devenu un théâtre d’instabilité. Elle a atteint son apogée avec la destruction catégorique de toutes les industries pouvant faciliter du travail aux jeunes cadres et également le développement de la production nationale. 

L’agriculture a subi le même sort de la déstabilisation, en ce sens que les paysans n’ont reçu aucun support, abandonnés à eux-mêmes. Qui pis est, au lieu d’être aidés, ils ont été de préférence dépossédés de leurs terres fertiles aux fins d’utilisation pour la construction d’usines d’assemblage, de sous-traitance.

Maintenant les institutions étatiques sont amplement attaquées, elles sont déjà non existantes pour ne pas dire presque détruites. De façon concrète, les mêmes causes ne cesseront jamais de produire les mêmes effets car l’impérialisme américain ne plaisante guère et n’est jamais désarmé lorsqu’il se déclare disposé à aller jusqu’au bout, jusqu’aux ultimes conséquences de ses manœuvres. Rien n’a changé de sa dictature à sa démocratie masquée.  De la fin du règne des Duvalier où l’on chantait « Haïti Libérée » à aujourd’hui, les grands bénéficiaires ne sont pas les grandes masses défavorisées vivant dans les bidonvilles mais simplement une poignée de capitalistes profiteurs, exploiteurs et bien sûr les laquais locaux à leur service.

C’est un pays certes, en phase de destruction lente par les puissances qui le dominent. Ce n’est pas sans raison s’il n’y a jamais eu aucun investissement sérieux, aucune infrastructure valable des pays développés en Haïti pouvant nous faciliter de nous propulser sur les rails du développement. 

 Qu’est-ce qui explique que la première nation indépendante et souveraine du continent Américain soit si riche et la seconde, Haïti, pourtant est si pauvre ? C’est parce que notre pays n’a jamais eu la chance de bénéficier ou d’arracher des mains des puissances capitalistes internationales les moyens de production pouvant l’aider à servir les couches travailleuses. En lieu et place nous bénéficions de la présence néfaste de soldats étatsuniens, onusiens, français, canadiens et autres. 

Le problème haïtien est plus social et économique que militaire. Il ne fait aucun doute que les maux dont nous souffrons ne sont autres que misère, pauvreté endémique, absence de ressources, exploitation et pillage de nos ressources et inégalité profonde entre un petit nombre de privilégiés et une majorité désespérée. 

Dans un tel contexte, au lieu d’attendre d’être secourus par de supposés bienfaiteurs, soyons à l’instar de nos ancêtres les bâtisseurs de notre destin. Au lieu d’attendre de misérables miettes, la solution idéale est de nous organiser pour modifier résolument la nature de cette domination impérialiste américaine avant qu’il ne soit trop tard. 

au lieu d’attendre d’être secourus par de supposés bienfaiteurs, soyons à l’instar de nos ancêtres les bâtisseurs de notre destin

Oui nous le pouvons ! C’est à cet objectif que doivent travailler les militants qui rêvent d’une autre Haïti. Les conditions sont donc favorables pour changer le rapport politique des forces, grâce aux couches moyennes mécontentes, conscientes et conséquentes alliées aux masses défavorisées. 

Oui, nous sommes capables de porter remède dans la cohésion et la fermeté révolutionnaire nécessaires aux graves maux auxquels notre pays en voie de destruction continue à faire face. 

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