Un mot est un mot

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1872
Un koutplumeur est un mec qui excelle dans la koutplumeurie, l’art de faire du fric rien qu’avec sa plume. Art dans lequel excelle l’ex-Premier ministre (non confirmé) Fritz William Michel, alias nèg kabrit.

À l’occasion, ma grand-mère paternelle aimait dire : un mot est un mot. Ce n’était assurément pas au sens littéral du terme. C’était plutôt au sens moral de l’expression. Ainsi, si vous empruntez à quelqu’un de l’argent et qu’il n’y a aucun engagement précis, formel à le lui rembourser à une date donnée, c’est très bien. Par contre, si de façon explicite, convenue, vous promettez qu’à telle date vous vous serez acquitté de votre dette, alors là il faudra vous exécuter le moment venu. Un mot est un mot.

Il y a quelque chose d’intéressant à la maxime grand-maternelle : son extensibilité pour ainsi dire toute simple à partir de laquelle on peut exprimer d’autres formulations aussi pertinentes. Ainsi, on peut dire : une dette est une dette. Une dette électorale, par exemple, est une dette qui doit être honorée. Une dette née d’une injustice coloniale criminelle ne saurait passer au prix de trois centimes. Ainsi, la France doit nous restituer les millions qu’elle nous a extorqués sur la base d’une prétendue indemnité. Et pourquoi ne pas le dire ? Un extorqueur est un extorqueur.

Allons-y Grand-mère. Une date est une date. Elle ne peut prêter à équivoque, à controverse, à gesticulation, argumentation, hésitation, vaticination ou quoi que ce soit d’autre. Ainsi la date 2021 est faite de quatre chiffres : 2-0-2-1 et non pas 2-0-2-2. C’est clair. Une date est une date, surtout s’il est question de date limite, de fò l lage sa, de cesser de faire le matador superbe, de décamper, de boiser, de faire ses valises, de se mettre à la disposition de la justice pour corruption, foure-men-pran dans les caisses de l’État, crime d’abandon d’un peuple en détresse, crime de trahison du peuple frère vénézuélien. Une date est une date, fòk lapèsòn ale.

Un profiteur est un profiteur, que ce soit l’employé de la Direction générale des Impôts qui profite de l’innocence d’un-e retraité-e âgé-e pour lui extorquer quelques dollars en plus ; que ce soit une grande puissance qui fait main basse sur l’or d’un pays sans recours parce que quoniam nominor leo, parce qu’il s’appelle lion et qu’il est le roi de la jungle ; que ce soit un ancien président de cette même grande puissance qui a ruiné la culture du riz de la Plaine de l’Artibonite pour inonder Haïti d’une graminée provenant d’un État dont il fut, un temps, le gouverneur. Un profiteur est un profiteur, sous toutes les latitudes, altitudes, longitudes et largitudes.

Grand mètdam devant l’Éternel, Jovenel confia à son ancien Premier ministre Jean-Henry Céant la mission de rencontrer tous les secteurs organisés de la vie nationale pour établir de vrais « états généraux sectoriels de la nation », tout pendant qu’il confiait le même mandat au vye we Gabriel Fortuné. Nèg gen move mannyè…

Un malfaiteur est un malfaiteur, il n’y a pas à sortir de là. C’est le cas par exemple de deux anciens sénateurs, malfrats de leur état, qui dans le temps avaient embauché un adolescent à des fins criminelles. Ils lui avaient procuré armes et munitions, confié la sinistre mission de faire exploser la voiture d’un ennemi politique, lui avaient demandé de liquider des citoyens « gênants », l’avaient engagé dans de ténébreuses activités liées au kidnapping et à des réseaux de trafic de drogue. Dénoncés par une organisation des droits humains, les compères avaient piteusement contre-attaqué. Personne ne les avait jamais crus, sauf leurs pareils, des malfaiteurs, des tomazo de même plumage qu’eux. Assurément, un malfaiteur restera toujours un malfaiteur.

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Un soutireur est un soutireur. L’on sait d’ailleurs que s’il n’y avait pas eu de soutireurs, il n’y aurait pas eu de voleurs, pas de malfaiteurs non plus. Les faits délictueux, criminels, présentés par ce jeune garçon devenu un tueur à gages pour le compte de nos deux « honorables » sénateurs, avaient été, dans leur détaillance, d’une accablance, d’une terrassance, d’une écrasance, d’une puissance à renverser un gratte-ciel. Pourtant, ni président, ni Premier ministre, ni ministre de la Justice, ni autorités judiciaires, ni juge d’instruction, ni membres haut placés de la société civile n’avaient dit kwik. Le parti politique au pouvoir, lors, bourré de malfaiteurs, s’était fait le soutireur de ces deux parlementaires criminels qui plastronnent encore au pays.

Un koutplumeur est un koutplumeur. C’est un mec qui excelle dans la koutplumeurie, l’art d’ajouter des 0 à tous chiffres qui lui passent sous la main, l’art de faire du fric rien qu’avec sa plume. Ainsi, ce président de parlement qui, en 2018, avait demandé à l’État haïtien de lui payer une résidence de fonction et de prestige dans le cadre de ses responsabilités sinécuristes.

Au montant de 7 280 gourdes, coût normal d’un loyer annuel pour ladite résidence, le compère, passionné du chiffre 0, avait ajouté trois autres 0 pour faire de l’argent qui lui avait été alloué la rondelette somme de 7 280 000. Ça fait beaucoup de ‘‘lions’’, beaucoup de fric. On dit que l’excès en tout nuit. Mais la maxime ne semble guère s’appliquer au koutplumeur.

Le koutplumeur peut être un ministre qui dès l’enfance, puis pendant l’adolescence a manifesté un intérêt particulier pour les espèces à quatre pattes, plus particulièrement les porcins et les caprins. Li renmen griyo, li renmen taso, mais il aime surtout l’argent que rapporte le commerce de ce qu’on appelle le menu bétail dont font partie les chèvres, kabrit pour les Haïtiens.

Devenu ministre, il va réaliser son rêve menubétaillant. Il visite les rares kabriteries de la place, ces établissements spécialisés en élevage de cabris. Il les veut au moindre coût possible pour les vendre le plus cher possible. Il va donc les acheter ‘‘tèt blan’’ pour les vendre tèt nèg à l’État haïtien. Comme notre sénateur, le ministre kabritant est passionné du chiffre 0. Il est aussi, et surtout, féru de mathématique additionnante et multipliante.

Aussi, il a tondu, plumé l’État haïtien en lui faisant payer 31 000 gourdes par tête de bèbèbè bè, alors que sur le marché, ce prix n’excède pas 10 000 gourdes. Un koutay de 21.000 gourdes !!! Vite empoché. Multipliez donc ce chiffre, disons par 1 000 cabris, ça fait combien ? Ça fait un millionnaire en herbe, pas du tout bête à manger du foin. À l’école j’étais nul en arithmétique, c’est pourquoi je suis pauvre aujourd’hui. Ah ! Maurice Sixto, lavir

Une bacoulouterie est une bacoulouterie, rien d’autre. Le bacoulou par définition est un personnage retors, tortueux, faux, fourbe, imprévisible, menteur pour arriver à ses fins. Mais, un régime, un système peut aussi fonctionner selon un mode bacouloutisant dont le prototype est le PHTKisme dans ses deux principales variantes : le cul-à-l’air dévergondant et les « états généraux sectoriels » mystifiants. On n’oubliera pas que ce qui caractérise avant tout le bacouloutisme, c’est l’absence totale d’honnêteté et d’éthique.

Le koutplumeur peut être un ministre qui dès l’enfance a manifesté un intérêt particulier pour les espèces à quatre pattes, plus particulièrement les porcins et les caprins.

Voyez comment quelques jours avant l’investiture de Nicolas Maduro, le 10 janvier 2019, le ministre des Affaires étrangères d’Haïti, Bocchit Edmond, déclarait qu’« Haïti n’est pas disposé à abandonner un ami comme le Venezuela du jour au lendemain ». Un langage cryptique, bocchitique, boulshitique ; en somme, une formule bacouloute. En effet, Haïti n’a pas abandonné le Venezuela du jour au lendemain, Haïti l’a abandonné le jour même du vote de non-reconnaissance de la réélection de Maduro par le ministère des colonies de Washington. Fourberie, cryptiquerie, tromperie, ruserie, bacoulouterie, bocchiterie, boulshiterie, et rien d’autre.

 Une mètdamerie est une mètdamerie, elle est comme une sœur siamoise de la bacoulouterie. Le coup mètdamant classique est celui de Jovenel qui, empêtré comme un zonbi pris dans les lianes de son incompétence, incohérence et impuissance à se révéler un rassembleur,  confia une zonbiture à son Premier minstre Jean-Henry Céant : rencontrer tous les secteurs organisés de la vie nationale (sic), tous les zonbis obsédés de la chaise bourrée, pour établir, enfin, de vrais « états généraux sectoriels de la nation » (resic).

La démarche relevait d’une sorte de crétinerie, d’avortonnerie en tandem d’un fantomatique « Comité de pilotage », lui-même assorti d’un fumeux « Secrétariat technique ». Avant même que le PM se fût embarqué pour un Tour de Port-au-Prince en quatre-vingts jours, Jovenel désapprouvait sa démarche et faisant preuve d’une pirouettante mètdamerie confiait un mandat similaire à son ami (et sousou) Gabriel Fortuné : conduire un dialogue national.

Ni l’un ni l’autre n’ayant jamais lu Jules Verne, au bout de moins d’une semaine, ils furent pris d’essouflance, d’ennuyance, de calbindance, et l’aventure tourna à une piteuse bérézinance, une déroutance réminiscente de celle que connut Napoléon devant la rivière Bérézina, gelée. On sait que le vainqueur granpanpan à Austerlitz se trouva ainsi bloqué, dans l’impossibilité d’avancer en direction de Moscou. À part Vertières, en tête de liste, ce fut l’un de ses plus vrillants cauchemars à Sainte-Hélène. Depuis la débâcle du dialogue national, Jean-Henry a eu beaucoup de mal à rester droit sur son séant. Fortuné, lui, vit en songe l’archange Gabriel qui lui conseilla de tekitizi.

Terminons avec le restavèk. Un restavèk est un restavèk, un tyoul. Nous entendons bien sûr le restavèk politique. Contrairement à l’adolescent-e livré-e en domesticité non payée au moun lavil, le restavèk politique est une sorte de rebut d’humanité qui consent à être un tyoul; il se plaît dans sa tyoulitude, il s’y livre corps et âme. L’à-plat-ventritude devant ses maîtres est son état permanent. Il peut être un inculte comme un Ti Bobo. Il peut être aussi un ‘‘intellectuel’’, comme François Duvalier le pervers. Il peut être un chef de parti, un candidat, lui-même alphabète mais dont l’existence se consacre à mystifier des analphabètes et à s’adonner aux plus viles flatteries de ceux par qui il respire et vit. Il se veut restavèk à vie, li restavèk à mort.

Il faudrait des pages entières pour signaler au tribunal populaire les soutireurs, les profiteurs, les malfecteurs, les koutplumeurs, les bacoulou, les mètdam, les restavèk qui nous gouvernent et qui trahissent les masses déshéritées jour après jour. En attendant que « le vent change d’aire », de direction et de force nous n’aurons de cesse de dénoncer la racaille politique. C’est notre engagement envers les déshérités jusqu’à notre dernier souffle. Assurément, nous le respecterons, Grand-mère. Un mot est un mot.

10 juillet 2020

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