Le conseil électoral Phtkiste (CEP) dont l’administration du gouvernement Jovenel Moise/Jouthe Joseph vient de publier les noms des neufs nouveaux conseillers a-t-il été monté par le régime en place sinon par leur patron de l’administration de Trump-Pence aux Etats-Unis ?
Selon toute vraisemblance, même quand un arrêté présidentiel avait été rendu public dans la soirée du vendredi 18 septembre 2020 pour confirmer la formation d’un nouveau Conseil Électoral Provisoire (CEP) de l’ère de Jovenel Moïse, ce nouveau CEP semble avoir la marque de l’impérialisme américain en vue d’organiser les élections législatives et présidentielles et également un référendum pour une nouvelle Constitution au goût des puissances tutrices.
Ce n’est pas sans raison que deux jours avant la publication de l’arrêté ayant la liste du CEP le mercredi 16 septembre, l’ambassade américaine en Haïti a sorti dans un tweet cette note du Département d’Etat américain à savoir: « une démocratie qui fonctionne exige bien que toutes les autres branches du gouvernement, y compris le parlement, jouent leur rôle. Nous encourageons les parties prenantes d’Haïti à accomplir leur travail et à former un Conseil électoral comme prévu dans sa Constitution. »
La note souligne ensuite qu’« Haïti doit faire son travail et former un nouveau Conseil électoral avec des membres ayant une réputation d’intégrité, d’honnêteté et de compétence pour organiser un processus électoral libre et juste. Il y a des conséquences pour ceux qui y font obstacle ».
Selon l’arrêté présidentiel les neuf nouveaux membres du Conseil électoral provisoire sont : Louis Arlext Noël, du secteur des Handicapés ; Nadia Jules Amédée, des secteurs Paysan-Coopérative ; Guylande Mésdieu du secteur des Droits humains ; Antonio Détil, de la Jeunesse ; Patrick Numas, du secteur Syndical ; Esperancia César de la Diaspora ; Josette Macilion, des Organisations de femmes ; Guy Roméus pour les Cultes réformés et Marie Rosemène Joseph Pierre du Vaudou.
Juste après la publication de cette liste par le régime en place, la première réaction a été celle de l’Ambassade américaine en Haïti qui une fois encore dans un autre tweet déclare prendre note de la publication par le président Jovenel Moise d’un décret nommant un nouveau CEP. « C’est une étape importante vers les prochaines élections législatives » a fait savoir l’Ambassade.
Et pour couronner le tout, le gouvernement américain, qui se montre ouvertement à l’offensive en agissant comme grand conseiller du pouvoir dit attendre rapidement « la publication d’un décret électoral et d’un calendrier électoral pour le rétablissement du parlement d’Haïti dès que possible techniquement ». N’est-il pas assez clair maintenant, c’est la Métropole (les Etats-Unis) qui commande les activités politiques de sa colonie, Haïti à travers sa Gouverneure, l’Ambassadeur des États-Unis en Haïti Michele J. Sison.
Aussi, les réactions des partis politiques de l’opposition traditionnelle en l’occurrence : L’OPL, La Fusion, le Secteur Démocratique, le MOCHRENA, VERITE, INIFOS, VEYE YO, AAA, INITE n’ont pas tardé à pleuvoir. Dans une note conjointe, ils « dénoncent le fait par le chef de l’État de continuer à violer la constitution, créant par voie de conséquence, les conditions pour une aggravation de la crise »
Selon eux, l’arrêté nommant ce CEP est anticonstitutionnel et illégal pour cela il doit être combattu.
Qui pis est, les membres de ce CEP devaient être assermentés ce mardi 22 septembre date symbolisant la dictature duvaliériste. Cette cérémonie qui devait se tenir par devant les juges de la Cour de cassation, n’a pas eu lieu, puisque les juges de la cour de Cassation ne pouvaient pas s’entendre sur le fondement de la cérémonie.
D’ailleurs, il faut signaler que la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH) avait lancé ce mardi 22 septembre 2020 une note aux présidents, vice-président et juges de la Cour de Cassation, pour leur exprimer son désaccord à la prestation de serment des personnalités désignées pour composer le Conseil Électoral provisoire (CEP)en leur suggérant de surseoir à la cérémonie et de faire appliquer les règles démocratiques.
Malgré le report de la prestation des nouveaux membres du Conseil électoral PHTKiste (CEP), le président Jovenel Moise, pour sa part, les a quand même investis aujourd’hui dans leurs fonctions, sans prestation de serment à la cour de cassation comme le prescrit la constitution amendée de 1987, ce en présence du Premier ministre, des membres du cabinet ministériel et de Martine Moise, au cours d’une cérémonie au Palais national.
L’avocat Samuel Madistin qui, sur les antennes de la radio Métropole, essayait d’expliquer ces derniers agissements de Jovenel Moise a fait référence à une manœuvre semblable à celle qui a permis le maintien au pouvoir à vie de François Duvalier en 1961.
Le président du Conseil de Direction de la Fondation Je Klere a rappelé que : « François Duvalier bénéficiait du soutien des Etats Unis et en 6 mois, soit du 31 juillet 1957 au 31 janvier 1958, il a pris 142 décrets ou arrêtés pour remodeler la vie du pays dans son intérêt, sans tenir compte de la loi et de la constitution »
« Nous avons trop souffert par le passé des changements arbitraires de constitution pour laisser quelqu’un qui n’a pas le soutien des forces vives de la nation toucher à l’actuelle loi mère et plonger le pays dans une crise profonde. » a fait savoir Madistin.