Un anniversaire d’indépendance sous occupation !

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Sur la place d'armes des Gonaives, une gerbe de fleurs a été déposée au pied du monument de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la Nation.

Quel sens donner à notre 213e anniversaire d’indépendance haïtienne, ce 1er janvier 2017, quand notre pays,  Haïti, la première République indépendante de la Caraïbe et du reste de l’Amérique latine ; la première République nègre du monde, où s’est produite la première révolution sociale de cet hémisphère vit encore aujourd’hui sous le joug d’une occupation des forces impérialistes sous couvert des casques bleus des Nations-Unies et cela depuis déjà 13 années !

C’est seulement par pure tradition que tous les dirigeants haïtiens, malgré eux, ont toujours fait le pèlerinage de se rendre aux Gonaïves, le berceau de l’indépendance. Mais en fait, cet exercice ne revêt pour eux d’aucune signification politique ou patriotique. C’est toujours du grand bluff. C’est ainsi que le président de la République, Jocelerme Privert et le Premier ministre, Enex Jean-Charles, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement : Ronald Larèche (du Sénat) et  Cholzer Chancy (de la Chambre des députés) et d’autres personnalités politiques se sont rendus aux Gonaïves pour commémorer cet anniversaire, assistant au traditionnel Te Deum à la Cathédrale Saint-Charles-Borromée des Gonaïves célébré par Monseigneur Yves Marie Péan.

Le président de la République, Jocelerme Privert et le Premier ministre, Enex Jean-Charles, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement : Ronald Larèche (du Sénat) et Cholzer Chancy (de la Chambre des députés) et d’autres personnalités politiques à Gonaïves pour commémorer le 213e anniversaire d’indépendance haïtienne
Le président de la République, Jocelerme Privert et le Premier ministre, Enex Jean-Charles, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement : Ronald Larèche (du Sénat) et Cholzer Chancy (de la Chambre des députés) et d’autres personnalités politiques à Gonaïves pour commémorer le 213e anniversaire d’indépendance haïtienne.

Sur la Place d’Armes des Gonaïves bien avant les festivités, une gerbe de fleurs a été déposée au pied du monument de l’empereur Jean-Jacques Dessalines. Mais, dans son discours de circonstance, le président Provisoire Jocelerme Privert n’a pas parlé en tant que dirigeant, mais en simple citoyen, spectateur de la situation du pays. Il n’a fait que souligner ses constatations comme quoi il n’a rien lui-même à faire de façon à retrouver les sources et les causes de nos maux pour en apporter les corrections nécessaires « Depuis 213 ans notre pays est confronté à un ensemble de défis et de conflits qui ne devraient plus effrayer les descendants […] de 1804. Nous sommes toujours incapables de nourrir notre population, d’éduquer nos enfants, d’assurer des soins de santé à nos compatriotes et de reconstruire des infrastructures nécessaires au développement économique de notre pays »

Au sujet de la MINUSTAH, Privert a bien souligné l’occupation, mais en des termes très vagues « […] Aujourd’hui, nous sommes dans une situation délicate, les Pères de la Nation nous regardent, ils nous reprochent, nous font des remontrances parce qu’aujourd’hui, après 213 ans d’indépendance nous avons des soldats étrangers sur notre territoire, parce que les conflits nous ont atteints au point que nous ne pouvons même pas nous asseoir ensembles pour les gérer »

Mais quelle a été sa contribution allant dans le sens de mettre fin à cette honte nationale ? Il n’a rien fait alors qu’il met en cause tout le monde comme quoi «  Les protagonistes politiques devraient se mettre ensembles, pour mettre un terme à la présence (depuis 2004) des militaires étrangers sur le territoire national d’Haïti » a-t-il fait savoir.

N’est-il pas le président du pays depuis le 14 Février 2016 ? Et à qui revient la charge de dire aux forces occupantes de laisser le sol national ? A lui ou au peuple haïtien ? Il y a longtemps que les masses populaires dénonçaient la MINUSTAH-Choléra et lui demandaient même de partir. Ce sont plutôt les dirigeants à l’instar de Privert qui la maintiennent au pays.

A-t-il déjà oublié son discours rempli d’éloges aux Nations-Unies au mois de Septembre dernier à la 71ème Assemblée générale de l’ONU, préférant applaudir la MINUSTAH au lieu de demander catégoriquement le départ de ces forces  « Monsieur le Président, Permettez-moi de saisir cette opportunité pour saluer, au nom du peuple haïtien, le travail effectué par la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), dont le mandat va faire prochainement l’objet d’une résolution du Conseil de sécurité. Les progrès accomplis au cours des douze (12) années de sa mission en Haïti peuvent sembler lents aux yeux de bien des observateurs, mais ils n’en sont pas moins réels, notamment en matière de sécurité, de promotion des droits de l’homme, de renforcement des capacités des institutions garantes de I’État de droit, à travers notamment l’appui fourni à la Police nationale d’Haïti » avait-il déclaré. Parlant de la misère et de la pauvreté du pays, Privert n’a pas osé signaler l’appauvrissement du pays par la domination étrangère. Au contraire !

Privert est satisfait quand même de lui puisque ses ambitions personnelles ont été accomplies; mais il n’a jamais eu honte de dire que sa mission a été seulement pour faire des élections.  Et comme un dirigeant sans aucune boussole politique, aux Gonaïves il s’est contenté  de souligner  « que la date du 1er janvier révèle la commémoration de la Fête de notre Indépendance et la célébration de la journée mondiale de la paix ». Oubliant sans doute par  mauvaise foi que ce jour ramène également le 58ème anniversaire de la grande Révolution sociale cubaine. Ce peuple frère qui dans un élan de solidarité internationale s’était fait le devoir de coopérer avec le peuple haïtien sans aucune condition et ingérence.

Au cours de l’homélie, Monseigneur Yves Marie Péan avait prêché la paix et l’unité  entre les Haïtiens et les Haïtiennes pour le bien du pays. Comme un complot, Privert marche sur ces traces sinon veut lui-même prêcher la réconciliation, à travers un quelconque dialogue national, de façon à forcer le peuple à accepter l’inacceptable, accompli par la voie électoral. En fait, Privert, préfère  rejoindre les démarches de réconciliation nationale entamées par des opportunistes tels le chanteur Pierre Raymond Divers alias King Kino, Michel Martelly et Louis Gérald Gilles de Fanmi Lavalas.

 «  La nuit serait longue et la journée trop courte pour une déclinaison exhaustive de nos besoins. Nous avons déjà essayé une large panoplie de formes de gouvernement et pourtant nous avons dégringolé au fil des décennies du statut de Perle des Antilles à l’étiquette honteuse de pays le plus pauvre des Amériques.

 […] Aujourd’hui je n’ai pas l’intention de donner de leçons à quiconque, sur comment est le pays, nous sommes tous responsables, nous sommes obligés de nous entendre, de faire notre mea culpa pour que nous avancions.

Nous sommes tous haïtiens, nous devons accepter avec humilité que chaque haïtien a sa contribution à apporter pour la recherche de la solution.

[…] il faut que nous créions un demain meilleur pour tous nos enfants […] Lorsque je suis sorti de prison, j’ai compris que la meilleure façon pour que ce pays avance, c’est d’apprendre à pardonner, de nous asseoir les uns avec les autres […] Aujourd’hui je demande au peuple haïtien, de s’asseoir ensemble. Analysons, entendons nous sur ce qui est bon pour le pays, parce que 2017 est l’année où le pays doit prendre une direction.

[…] Pour que la crise se termine, pour que l’instabilité se termine, il faut que nous soyons tolérants, que nous ayons la capacité d’écouter l’autre, de nous asseoir ensembles, nous pouvons avoir des positions différentes, mais nous pouvons trouver des solutions bonnes pour le pays.

[…] Je sais qu’il est difficile de pardonner ; mais nous devons nous rappeler que sans le pardon il n’y aurait pas eu le Congrès de l’Arcahaie conduisant à la proclamation de l’indépendance. »

Toujours dans le cadre de la célébration du 213e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, outre le Roi du Maroc Mohammed VI, John Kerry, le Secrétaire d’État américain a adressé un message de félicitations à Haïti, au nom de son Président Barack Obama.

Pour sa part, le Président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro Moros, dans un message de solidarité et de reconnaissance au peuple haïtien  a indiqué que la révolution de 1804 fut « un événement historique d’une grande importance pour notre Amérique en devenant la première Nation libre, le 1er Janvier 1804 » ; pour souligner ensuite que « […] Notre histoire républicaine a commencé à être écrite en Haïti, devenue un phare de Liberté pour tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes. C’est en Haïti que le Libérateur Simon Bolivar a trouvé l’appui et le soutien dans les moments les plus difficiles pour l’émancipation de la ‘Patria Grande’.

Avec le Commandant éternel Hugo Chavez, nous disons : J’ai écrit dans mon âme l’héroïsme et la souffrance du peuple haïtien avec son amour infini et sa grande espérance… par Pétion et Bolivar, nous devons régler une dette historique envers le peuple d’Haïti. »

Enfin, Jocelerme Privert à l’instar de certains anciens dirigeants de ce pays entrera dans les poubelles de l’histoire comme ceux qui ont collaboré avec les pays impérialistes pour piller et gaspiller les richesses nationales au détriment du peuple en général et des aspirations de nos ancêtres qui ont formé cette nation, en particulier.

Quel douloureux anniversaire sous occupation !

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