Trump a mis fin au statut de protection temporaire !

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Bien avant son investiture en Janvier 2017, Donald Trump annonçait les couleurs antipopulaires avec une campagne électorale démagogique basée sur la construction d’un mur à la frontière mexicaine

En 1990, le Congrès américain avait créé un programme humanitaire aux Etats-Unis dénommé : statut de protection temporaire (SPT en français) ou (Temporary protected status TPS en anglais) pour protéger les ressortissants de certains pays de déportation en raison de l’instabilité et des conditions précaires causées par des catastrophes naturelles ou des conflits armés.

Mme Yvette D. Clarke, Représentante du 9e district de New York.

Dix pays participaient à ce programme jusqu’au mois de novembre 2017. Il s’agissait d’Haïti, d’El Salvador, du Honduras, de la Somalie, du Soudan du Sud, du Soudan, de la Syrie, du Népal, du Yémen et du Nicaragua. Il a été initié pour le Salvador juste après le séisme de 2001, le Honduras et le Nicaragua après le cyclone Mitch de 1998, et Haïti en 2010 après le tremblement de terre dévastateur qui avait fait plus de 222.570 morts, déplaçant 2,3 millions de gens, détruisant 300.000 maisons et dont les séquelles restent encore vivantes et poignantes.

Le maire de New-York Bill de Blasio

Bien avant son investiture en Janvier 2017, Donald Trump annonçait les couleurs antipopulaires avec une campagne électorale démagogique basée sur la construction d’un mur à la frontière mexicaine ; ce qui exprime une politique dirigée justement contre les travailleurs. Il avait fait de la lutte contre les sans-papiers une priorité. En fait, ce n’est point par accident de l’histoire quand il déclare ouvertement la guerre aux immigrants, ce qui occasionna le jour et le lendemain même de sa prise du pouvoir des manifestations monstres à Washington et dans d’autres villes.  Les premières victimes de cette politique de dégâts faussement nationaliste, raciste ont été les 800 000 jeunes immigrants du programme de DACA (Action différée pour les arrivées d’enfants) qui sont arrivés aux États-Unis quand ils étaient encore mineurs.

Cette atteinte aux droits des immigrants avait occasionné des manifestations fleuves dans plusieurs villes des Etats-Unis telles que New York ; Washington ; Massachusetts ; Los Angeles et Oakland en Californie pour ne citer que celles-là, ainsi que d’innombrables notes de presse, et pétitions signées par des milliers de personnalités.

Brian Concannon de l’AJDH

Dans le cas des haïtiens, des organisations de droits humains, de femmes, des politiciens locaux aux Etats-Unis et même le gouvernement haïtien ne s’en sont pas cachés pour demander le renouvellement du TPS.  Sans oublier les manifestations de la communauté haïtienne dans les différentes villes aux Etats-Unis pour exiger et plaider pour la continuité du programme et non sa fin. Le coup de grâce fut le communiqué du lundi 6 novembre 2017 de la secrétaire par intérim à la Sécurité intérieure américaine, Elaine Duke pour annoncer la décision de mettre fin au statut de protection temporaire (TPS) pour le Nicaragua, ce qui a totalement refroidi les rêves des postulants haïtiens.  « Si on ne l’a pas fait pour les Nicaraguayens, il ne sera pas également possible pour nous autres » signala avec un air de découragement, de bataille perdue, un chauffeur de taxi haïtien.

Les premières victimes de cette politique de dégâts faussement nationaliste, raciste ont été les 800 000 jeunes immigrants du programme de DACA (Action différée pour les arrivées d’enfants) qui sont arrivés aux États-Unis quand ils étaient encore mineurs.

Ainsi 2.500 Nicaraguayens n’ont pas eu leur statut de protection temporaire renouvelé. Et, pour clôturer le cycle, 58.000 familles haïtiennes viennent le 20 novembre 2017 dernier de subir le même sort. En fait leur principale cible, ce ne sont réellement  pas les 300 000 immigrants des 10 pays qui bénéficient actuellement du statut de protection temporaire (SPT), renouvelé tous les 18 mois, qui leur permet de vivre et de travailler aux États-Unis, mais bien un autre prétexte pour combattre la classe ouvrière.

Signalons que sauf pour les 60 000 Honduriens, le TPS est prolongé de six mois seulement, sans doute la dernière pour prendre fin le 5 juillet 2018. Dès lors, le cas du peuple frère du Honduras tout comme celui du Salvador sera étudié afin de parvenir à une décision finale en 2018.

Cependant, dans le cas précis des Nicaraguayens et des Haïtiens,  le département de la sécurité intérieure américain pour bien les amadouer a accordé un sursis de 12 mois aux Nicaraguayens soit jusqu’au 5 janvier 2019 et 18 mois aux Haïtiens de façon à leur permettre d’arranger leur statut avant leur échéance incontournable du 22 juillet 2019. Or, ce report décisif n’est qu’un véritable et terrible mauvais coup, tandis que certains secteurs par fantaisie ou par ignorance applaudissent le geste comme une extension, alors qu’il n’en est rien.

Cette tranchante décision n’a rien de comparable  ni avec une extension ni avec un renouvellement puisque seront tout bonnement déportés sinon arrêtés tous ceux qui n’auront pas eu le temps ou les moyens nécessaires de s’arranger. Bien qu’ils aient actuellement un travail et une famille, des enfants et ont contribué à l’économie de ce pays tout comme ils apportent leurs quote-part financiers à leurs pays d’origine,  la note de Mme Duke est très explicite « le temps additionnel alloué  aux bénéficiaires du TPS est pour chercher un autre statut légal d’immigration aux États-Unis ou d’organiser leur départ. Il permettra également aux dirigeants du Nicaragua et d’Haïti le temps également nécessaire de se préparer au retour et à l’intégration de leurs citoyens.»

Quelles seront les conséquences, quel sera le sort réservé à ces milliers de familles qui ne pourront jamais imaginer voire inventer comment ajuster leur statut ? Du train où vont les choses, il est évident que l’unique solution viable, valable et morale est de légaliser tous les immigrants.

Il y a un projet de loi bipartisan dénommé Extension du Statut de Protection pour les Réfugiés avec résidence établie, (Extending Status Protection for Eligible Refugees with Established residency Act), introduit au Congrès pour fournir des possibilités aux bénéficiaires du TPS de devenir des résidents permanents ou des citoyens américains. Ce projet du législateur républicain, représentant de Miami Carlos Curbelo est appuyé par d’autres parlementaires tels que les démocrates Frederica Wilson, Yvette Clark, Alcee Hasting et le républicain Ileana Ros-Lehtinen. Un autre projet de loi est également en cours qui « laisserait à toutes les personnes sous la couverture du TPS avant le mois de janvier 2017 la possibilité d’appliquer pour la résidence permanente si elles peuvent prouver devant un juge qu’elles  seront confrontées à des difficultés extrêmes si on les obligeait à rentrer dans leur pays » a indiqué le journal américain Miami Herald.

Sans doute ce serait la voie logique, humanitaire, car les conditions qui ont conduit le Département de la Sécurité Intérieure (DHS) à désigner Haïti pour le TPS après le séisme du 12 janvier 2010 continuent d’exister. Le pays continue d’être miné par la pauvreté et le manque d’infrastructures, ajouté à l’épidémie de choléra que les forces des Nations-Unies ont introduit en octobre 2010 dans le pays et l’ouragan Matthew qui en 2016 a laissé de vastes destructions dans 5 départements du pays.

Par ailleurs, cette position drastique de l’administration de Trump à l’égard des immigrants a catégoriquement révolté de nombreuses personnalités religieuses et politiques. Devant les multiples pressions de Washington, le maire de New-York Bill de Blasio a pris une position héroïque face à l’administration Trump «Nous n’allons pas sacrifier un demi-million de personnes qui vivent parmi nous. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour résister. »

Le Sénateur Démocrate Jesse Hamilton, représentant du 20e district sénatorial du centre de Brooklyn a également réagi. « Je suis catégoriquement opposé à la décision scandaleuse de l’Administration Trump de cibler encore une population vulnérable, en mettant fin au statut de protection temporaire de 59,000 Haïtiens. Haïti se reconstruit toujours à la suite des catastrophes naturelles qui ont fait des centaines de milliers de morts et déplacé plus de 1,5 million de personnes ces dernières années. Dans notre pays, ce serait quelque chose comme 45 millions d’Américains déplacés. »

Brian Concannon de l’AJDH, un avocat progressiste a, lui également, manifesté son indignation.  « D’après la loi, on peut mettre fin à ce programme si les conditions existent, c’est-à-dire si les crises sont terminées. Mais aux Etats-Unis, il y a la loi et aussi la politique. Et à l’heure actuelle, la politique de l’administration Trump est contre l’immigration. C’est-à-dire qu’ils essayent de mettre fin à l’immigration aux Etats-Unis. Et concernant le TPS, c’est la politique qui règne au détriment de la loi » a-t-il indiqué.

Concannon  ajouta ensuite « Cela va créer des problèmes pour les employeurs, car la plupart des bénéficiaires du TPS travaillent. Les employeurs ont d’ailleurs écrit en faveur d’une prolongation du TPS car ils estimaient qu’une décision contraire aurait un impact pour leurs affaires et pour l’économie des Etats-Unis. Même le gouverneur de mon Etat, le Massachusetts, qui est un républicain, vient d’écrire une lettre à l’administration Trump pour expliquer que la fin du TPS serait une catastrophe pour l’économie du Massachusetts. »

La Directrice de la politique migratoire et des affaires publiques de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis Mme Ashley Feasley, a exprimé les inquiétudes des dirigeants de l’église catholique américaine. « Nous sommes extrêmement préoccupés par ce qui va arriver à ces personnes et à leurs familles, parmi les bénéficiaires du TPS il y a 27 000 enfants citoyens américains », dit-elle pour préciser ensuite que « les évêques américains souhaitent une législation pour ajuster le statut des migrants haïtiens. Le Congrès peut et doit agir sur cette question » insiste t-elle.

« Déporter des haïtiens aux USA sous TPS dans 18 mois est la mauvaise décision. Aussi simple que ça. C’est cruel et inadmissible. Je suis vraiment indignée par la décision du 45e président des Etats Unis de mettre fin au TPS. Quand est-ce que la décence morale et la compassion pour les autres sont-elles devenues une question partisane ? » a écrit Mme Yvette D. Clarke, Représentante du 9e district de New York.

L’archevêque Silvano Tomasi a pour sa part regretté la décision des autorités américaines « C’est une décision triste, parce que la population haïtienne aux États-Unis qui est arrivée après le tremblement de terre et après la tempête qui a détruit la moitié de l’île, ne peut pas revenir à une situation qui est toujours très difficile » 

Le TPS résilié va absolument faire du tort à beaucoup de familles haïtiennes qu’elles soient à l’extérieur ou à l’intérieur du pays puisque Haïti n’est pas prête aujourd’hui en 2017, et elle ne sera pas encore prête ni en 2018  en 2019 ou 2020. Déjà la migration vers les grandes villes depuis le désastre de l’ouragan Matthew rend également impossible à ces familles de recevoir des membres supplémentaires venus de l’extérieur puisque elles- même sont à la recherche d’autres alternatives. Et c’est ce qui explique cette ruée migratoire dans d’autres pays de l’Amérique latine, tels que le Brésil, le Chili et l’Argentine. La contradiction majeure que les pays impérialistes doivent comprendre que les peuples exploités suivent toujours la route de leurs ressources pillées.

A ce compte, les travailleurs organisés  du monde doivent défendre les immigrants, les réfugiés et soutenir les luttes de la classe ouvrière internationale, vu que les désastres naturels qui se sont produits en Haïti et dans d’autres coins du monde qui ont entrainé le TPS se répèteront à nouveau puisque ces pays n’ont aucune infrastructure et sont soumis à un pillage systématique de leurs ressources naturelles par des aventuriers soutenus et armés par l’impérialisme international.

Haïti, le Honduras, le Salvador et le Nicaragua, en fait tous les pays listés dans le programme du statut de protection temporaire sont des victimes non seulement des catastrophes naturelles, mais plus fondamentalement d’un siècle d’oppression de l’impérialisme américain, ponctué d’invasions et d’occupations américaines, de dictatures soutenues par les États-Unis et de guerres civiles orchestrées par la CIA.

Pour résoudre le problème des masses populaires, particulièrement des travailleurs haïtiens laissant leur pays pour aller vendre leur main d’œuvre dans des pays étrangers, ce n’est pas la faveur du TPS qui portera un quelconque changement qui puisse améliorer les conditions du pays. Assurément non ! Le TPS ne changera ni le fond ni la forme de la crise structurelle du génocide contre les peuples exploités du monde. Seule une lutte internationale des travailleurs contre cette machine d’oppression que représente le régime fasciste de Donald Trump peut nous casser les chaines de servitude que le système capitaliste nous a imposées afin de nous exploiter plus à fond.

 

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