Dans un discours le 28 avril dernier, le président Jovenel Moise faisant référence au Covid 19 déclarait sans aucune hésitation que nous faisons face à un « ennemi invisible » comme l’avait affirmé Emmanuel Macron dans une allocution le 16 mars et que cette pandémie est un « ennemi, invisible, insaisissable, et qui progresse ».
Eddy Jackson Alexis, le Secrétaire d’état à la communication dans une interview la semaine dernière à Matin-Débat a fait savoir lui-même, que « nous sommes en guerre ».
Il convient de remarquer que les dirigeants haïtiens ne font que paraphraser les propos du président français, Emmanuel Macron, qui avait tout bonnement déclaré à six reprises au peuple français « Nous sommes en guerre », une façon de désorienter les travailleurs français sinon leur cacher des vraies contradictions.
Cette allusion à la guerre a permis au gouvernement croupion, corrompu, de facto de Jovenel Moise-Joseph Jouthe de prendre une mesure de couvre-feu hypocrite. Cette hargne révèle la ligne politique bien cachée de ce régime décrié qui en a profité pour limiter la liberté de la presse et violer par là l’Article 28.1 de la Constitution de 1987 qui stipule: « Le journaliste exerce librement sa profession dans le cadre de la loi. Cet exercice ne peut être soumis à aucune autorisation, ni censure sauf en cas de guerre ».
le Secrétaire d’état à la communication a fait savoir lui-même, que « nous sommes en guerre ».
A cause de ce couvre-feu, un journaliste a été malmené par des policiers. Alors, on est en droit de se demander combien de gens, sans titre aucun, dans les quartiers défavorisés, ont été maltraités par les sbires armés du pouvoir dans les quartiers défavorisés, là où le confinement, en d’autres termes, le couvre-feu, n’est pas totalement respecté ? Sommes-nous revenus au temps des couvre-feux du régime dictatorial des Duvalier avec les SD de Luc Désir, les tontons macoutes et les mercenaires à la solde du préfet Edner Day sillonnant les rues ? De telles actions de la PNH ne pouvaient ne pas nous interpeller.
Autre fait à signaler : Voulant profiter de cette conjoncture sanitaire, le chef de l’Etat français avait rêvé d’instaurer une sorte d’union nationale derrière lui pour amadouer les travailleurs français comme quoi le pays est menacé. Jovenel Moise pour sa part, marchant sur les traces de Macron, répétant ses propos comme un perroquet, n’a-t-il pas lancé à la population haïtienne un message fort à l’unité et à la solidarité nationale pour, en fait, essayer de se refaire une virginité politique en se cachant sous une mesure populaire?
L’économiste et chroniqueur de la revue en ligne Basta, Maxime Combes, dans un article en réponse à Macron publié le 18 mars a écrit : « Non, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie »
« Le Covid-19 ne se propage pas en raison du feu de ses blindés, de la puissance de son aviation ou de l’habilité de ses généraux, mais en raison des mesures inappropriées, insuffisantes ou trop tardives prises par les pouvoirs publics » a-t-il poursuivi.
Combes continue pour dire qu’«Un virus qui se propage au sein d’une population non immunisée …[…] peut avoir des conséquences terribles si rien n’est fait. Mais c’est un virus. Pas une armée. On ne déclare pas la guerre à un virus : on apprend à le connaître, on tente de maîtriser sa vitesse de propagation, on établit sa sérologie, on essaie de trouver un ou des anti-viraux, voire un vaccin. Et, dans l’intervalle, on protège et on soigne celles et ceux qui vont être malades… »
Et ajoute-t-il : « Nous ne sommes pas en guerre car la pandémie à laquelle nous sommes confrontés exige des mesures plutôt opposées à celles prises en temps de guerre : ralentir l’activité économique plutôt que l’accélérer, mettre au repos forcé une part significative des travailleuses et travailleurs plutôt que les mobiliser pour alimenter un effort de guerre, réduire considérablement les interactions sociales plutôt qu’envoyer toutes les forces vives sur la ligne de front. Disons-le ainsi : rester confiné chez soi, sur son canapé ou dans sa cuisine, n’a strictement rien à voir avec une période de guerre où il faut se protéger des bombes ou des snipers et tenter de survivre »
« Lutter contre la pandémie du coronavirus n’est pas une guerre car il n’est pas question de sacrifier les plus vulnérables au nom de la raison d’État. Comme celles qui sont en première ligne, il nous faut au contraire les protéger, prendre soin d’eux et d’elles, y compris en se retirant physiquement pour ne pas les contaminer… ..]….[Le personnel médical le dit clairement : nous avons besoin de soutien, de matériel médical et d’être reconnus comme des professionnels, pas comme des héros. Il n’est pas question de les sacrifier. Au contraire, il faut savoir les protéger, en prendre soin pour que leurs compétences et leurs capacités puissent être mobilisés sur le long terme… »]
Nous ne sommes pas en guerre avec la pandémie mais bien avec la classe dominante capitaliste et son chef de file qui a imposé un blocus au Venezuela, l’a empêché d’acheter du matériel médical nécessaire contre la pandémie tout en prônant un changement de régime. Nous ne sommes pas en guerre avec le Covid-19 mais contre tous ceux-là qui ont créé les inégalités sociales aiguës, la misère, la pauvreté, et l’exploitation à outrance des travailleurs.