Santo-Domingo: Conférence sur Haïti

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2009
Le grand invité de cette conférence a été l'ancien chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet. Il s’est dit préoccupé par la crise politico-sociale que traverse Haïti et a estimé que si la crise haïtienne s’aggrave « […] elle pourrait encourager une nouvelle intervention des Nations Unies. »

A l’initiative d’un homme d’affaires et politicien dominicain Víctor Orlando Bisonó Haza surnommé Ito Bisonó, président du Centre d’Analyse des Politiques Publiques (CAPP), ancien membre du Parti social-chrétien réformiste et deuxième vice-président de la Chambre de commerce dominicaine-haïtienne, actuellement membre de la Chambre des députés, a été organisé à la fin du mois de Novembre 2019 un Forum sur Haïti à Santiago, en République Dominicaine, à l’Université catholique PUCMM sur le thème : “Destabilización de Haití: Retos y Desafíos” « Déstabilisation d’Haïti : Enjeux et défis »

Le député de la République dominicaine Víctor Orlando Bisonó Haza surnommé Ito Bisonó, président du Centre d’Analyse des Politiques Publiques (CAPP)

Il est troublant qu’à ce forum  ni le gouvernement haïtien, ni l’opposition haïtienne n’ont été invités pour entendre leur point de vue, le député Ito Bisonó se consacrant lui-même à décrire le pays où 6 millions de ses citoyens vivent avec moins de 3 dollars par jour et 36% vivent dans la faim. «Une telle crise nécessite une action radicale, mais ils s’y prennent mal ceux qui pensent que la solution du problème haïtien est la République dominicaine. Un pays à revenu intermédiaire comme le nôtre ne peut pas gérer une situation aussi complexe que celle-ci ». En ce sens, il exhorta les autorités dominicaines et les organisations internationales à prendre des mesures radicales appropriées

«Il est particulièrement intéressant que des mesures concrètes puissent être prises pour la construction d’une base institutionnelle en Haïti, visant à éliminer la pauvreté de sorte que ses citoyens puissent y vivre ».

Avaient participé à cette conférence menée chaque année par le CAPP dans cette maison d’études au PUCMM, outre des représentants des missions diplomatiques accréditées à Santo-Domingo,  des personnalités politiques telles que M. Héctor Díaz-Santana, ancien procureur aux crimes électoraux du Mexique, le professeur Martin Krause, PhD de l’École de droit de l’Université de Buenos Aires et de la coopération internationale ; l’ancien président du Guatemala, Vinicio Cerezo, actuel secrétaire général du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA); l’administration publique avec l’ancien président de la Bolivie, Tuto Quiroga et le président du Chili, Sebastián Piñera; ainsi que des hommes de littérature, le doyen du journalisme colombien et auteur célèbre, Plinio Apuleyo Mendoza, co-auteur de “El Olor de la Guayaba” avec Gabriel García Márquez, et les auteurs du livre « El Perfecto Idiota Latinoamericano (L’idiot parfait en Amérique latine) » Carlos Alberto Montaner et Alvaro Vargas Llosa.

Le grand invité de cette conférence a été l’ancien chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet. Il s’est dit préoccupé par la crise politico-sociale que traverse Haïti et a estimé que si la crise haïtienne s’aggrave « […] elle pourrait encourager une nouvelle intervention des Nations Unies. »

A ce compte, Mulet a suggéré deux mesures pour aider à résoudre la crise haïtienne.

« La première et la plus urgente consiste à assister Haïti face à la crise humanitaire actuelle en mobilisant les forces nécessaires pour garantir l’alimentation des Haïtiens »

L’ancien chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mule s’entretient avec le directeur de Listín Diario, Miguel Franjul, et le député Victor (Ito) Bisonó.

« La deuxième, qu’il considère importante, est une conférence internationale sur Haïti, à laquelle participeront les pays d’Amérique latine, l’Union européenne, le Canada, les États-Unis, la France et l’Espagne, pour prendre des décisions ».

Sur le plan humanitaire, il a suggéré que le Commandement méridional des États-Unis arrive, par hélicoptère, avec ses forces militaires pour s’installer en Haïti, afin de prendre les mesures urgentes qui s’imposent à l’heure actuelle pour donner à manger au peuple haïtien », a rapporté le journal Dominican Today

« Pour le moment, il faut agir immédiatement, je ne vois personne d’autre ayant la capacité logistique de le faire », a fait savoir Mullet.

Au cours d’un petit-déjeuner, avec le directeur de Listin Diario Miguel Franjul et le député Victor (Ito) Bisonó Haza et d’autres membres du Centre d’analyse des politiques publiques José Renán Espanhol et Jatzel Román, l’ancien responsable de la force d’occupation d’Haïti  a présenté sa vision du problème haïtien comme quoi , la crise humanitaire en Haïti va déclencher des hordes d’Haïtiens en République dominicaine à la recherche de nourritures et d’un abri.

Edmond Mulet (à droite) dialoguant avec le directeur de Listín Diario, Miguel Franjul, et le député Victor (Ito) Bisonó.

Ici, ajouta-t-il (en République dominicaine), ils verront des hordes, ils iront dans tous les pays des Caraïbes et atteindront la Floride, le peuple affamé, et qu’allons-nous faire? Est-ce que nous allons leur tirer dessus?

Il espère que le gouvernement dominicain et son ministère des Affaires étrangères mobilisent la communauté internationale, attirent l’attention et demandent de l’aide pour adopter des initiatives officielles.

Il a averti que la « situation convulsive » en Haïti, représentait non seulement une menace pour la République Dominicaine, mais pour l’ensemble de la région Caraïbe. Les effets seront non seulement pour la République dominicaine mais aussi pour la région en précisant que 70 000 Haïtiens titulaires d’un visa de tourisme américain B1 et B2 étaient restés aux États-Unis et qu’il y en avait 200 000 au Chili, 40 000 en Argentine et 130 000 au Brésil.

L’ONU a le pouvoir de promouvoir des initiatives, mais à la demande de certains États. Il a indiqué que 5 missions des Nations Unies avaient été installées au cours des 30 dernières années en Haïti, qui allaient et venaient tandis que le Conseil de sécurité comprenait que le pays s’était déjà stabilisé.

« Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous avons besoin d’un nouveau mandat, mais d’un mandat exécutif, non seulement de paix et de sécurité, et de 20 ans », s’exclama-t-il.

L’ambassadrice américaine en Haïti Michèle Sison et son homologue en République dominicaine Robin Bernstein

Mulet a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures immédiates pour atténuer le problème de la famine et des institutions brisées en Haïti. Il suggère que le «US Southern Command» s’installe en Haïti. Voir (Dominican Today du 1er décembre 2019).

Créé en 1963, le United States Southern Command (Commandement Sud des États-Unis, en français) » est l’un des onze Unified Combattant Command dépendant du département de la Défense des États-Unis. Il se trouve à Doral, en Floride. Ce corps est responsable de la planification des opérations et de la coopération en matière de sécurité en Amérique centrale, Amérique du sud, les Caraïbes (sauf les États, les territoires et les possessions américaines), entre autres.

Mulet indique que sur le plan humanitaire, le Commandement méridional des États-Unis doit arriver, par hélicoptère, avec ses forces militaires pour s’y installer, afin de prendre les mesures urgentes qui s’imposent à l’heure actuelle pour donner à manger aux haïtiens

Dans la même veine, l’ambassadrice américaine en République dominicaine, Robin Bernstein a pour sa part indiqué selon des propos relayés par le quotidien Listin Diario le 28 novembre dernier que : La crise politique que traverse Haïti en ce moment ne peut plus être l’affaire des États-Unis, d’Haïti et de la République dominicaine uniquement. Elle souhaite une plus grande implication multilatérale et des entrepreneurs dans la recherche d’une solution à la crise en Haïti. Elle insiste notamment sur une plus forte implication de l’Union européenne. Elle prône une implication également des pays membres de l’Organisation des États Américains (OEA) ou d’autres entités multilatérales.

Elle a fait état d’une prochaine rencontre avec l’ambassadrice américaine en Haïti Michèle Sison afin de planifier une conférence des hommes d’affaires haïtiens et dominicains. « Nous devons trouver des formules dans lesquelles nous pouvons contribuer à la prospérité économique, que ce soit en matière d’emploi, d’éducation ou tout simplement en ne fermant pas les yeux » , a-t-elle signalé.

Bernstein a rejoint Mulet à ce qu’une conférence internationale sur Haïti soit organisée à Miami avec la Chambre de Commerce haïtienne, des représentants du secteur privé d’Haïti, de la Diaspora, de la République Dominicaine et l’Ambassadrice américaine en Haïti Michèle Sison. Selon se serait une première étape afin de s’attaquer à la crise humanitaire provoquée par la famine et l’insécurité.

Mais aucun de ces  intervenants sur la conjoncture haïtienne n’a rien dit sur les revendications populaires. Ils ont fait comme quoi, le peuple n’a  jamais réagi et ne peut pas apporter une solution à son problème.

Ce n’est pas sans intérêt que cette conférence a tout bonnement choisi de faire la sourde oreille aux cris répétés des masses qui ne cessent de se mobiliser pour la démission du président laquais, inculpé de corruption Jovenel Moise.

 

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