S’achemine-t-on vers une transition !

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L’opposition démocratique et populaire n’entend pas lâcher prise en dépit de la soi-disant publication de deux décrets portant modification de la loi électorale et la prolongation des Cartes d’identification Nationale (CIN) expirant en 2015. Le régime Tètkale-GNBiste n’inspire pas confiance au peuple haïtien pour qu’on aille aux élections dans un climat de terreur. Malgré les manœuvres de diversion et d’intimidation, l’Opposition est restée déterminée à mener le combat pour continuer d’exiger le départ de Martelly du Palais national, et d’Evans Paul de la Primature et la baisse des prix des produits pétroliers sur le marché.

C’est dans cette perspective que l’Opposition a organisé deux journées de manifestation le jeudi 5 et le samedi 7 mars 2015 et deux journées de grève générale le lundi 9 et mardi 10 mars 2015. Au cours de ces deux journées de manifestation, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale pour réclamer la démission des occupants du Palais national et de la Primature et le départ de la MNUSTAH. Démarrés devant l’Eglise de Saint-Jean Bosco, les manifestants ont parcouru divers quartiers populeux en vue de sensibiliser la population sur les deux journées de grève du lundi 9 et mardi 10 mars. « Lendi, madi se grèv, bay lari a blanch. Galon gaz 100 goud », chantent-ils. Sur tout le parcours, les manifestants lancent des propos hostiles à l’endroit de l’occupant du Palais national, Michel Joseph Martelly : « A bas Martelly ! A bas Martelly ! C’en est trop. Le pays est détruit. Le pays se trouve dans le noir sur le plan politique, économique, social et sécuritaire. Nous avons besoin un peu de lumière pour libérer le pays des ténèbres installés depuis l’arrivée de l’équipe tètkale-GNBiste. Nous sommes dans la rue à la recherche de la lumière de la démocratie et de la justice sociale. Martelly, vous êtes sans conscience, vous volez, vous pillez, vous kidnappez le peuple… Nous exigeons votre départ sans condition ».

Le pays doit être fermé par des grèves, des émeutes de la faim et de la désobéissance civile pour parvenir à mettre Martelly, ses gangs et ses réseaux mafieux dehors. Le peuple haïtien dans sa plus grande majorité rejette ce pouvoir ayant à sa tête une coalition de néo duvaliériste-GNBistes dirigée par le tandem Martelly-Paul.

Les manifestants s’en prennent également à l’OPL et son coordonnateur, Sauveur Pierre Etienne, allié du pouvoir néo duvaliériste, qu’on qualifie de radotologue « OPL pare pou al souse manmèl. Sauveur Pierre Etienne se yon pentad lage, yon pentad do kale, yon pentad san plim, ki pa janm sispann radote nan radyo. Si l pa nonmen non Dr. Aristide, li pap santi l moun. » Il faut se rappeler que ce même Sauveur Pierre Etienne disait récemment que l’Opposition au pouvoir tètkale-GNBiste a reçu un montant de plus de 50 millions de dollars de la République Dominicaine pour déstabiliser le pays, sans dire qui l’a reçu en Haïti ?

Les femmes, qui participaient à cette manifestation à la veille de la journée internationale de la lutte des femmes, ne restaient pas bouche bée. Elles profitent de l’occasion pour faire leurs revendications et renouvèlent leur détermination à lutter pour changer leurs conditions de vie semblables au système esclavagiste : « Je suis ici pour passer les revendications des femmes, pour exiger le respect des droits des femmes, femmes madan Sara, les petites marchandes des rues pourchassées par des agents intérimaires de l’Exécutif et les compagnies multinationales qui s’établissent dans le pays. Aujourd’hui, même les femmes opulentes ne peuvent vaquer à leurs occupations sans qu’elles ne soient frappées par le phénomène de l’insécurité grandissante. Les femmes haïtiennes viennent de recevoir des gifles du gouvernement de facto Martelly-Paul avec la nomination et l’installation d’un agresseur sexuel patenté en la personne de Josué Pierre-Louis au Secrétariat général de la Primature. A l’époque du président Aristide, la vie des femmes n’était pas de cette manière. Nous nous sommes présentés à la manifestation pour dire à Martelly de quitter le pouvoir, pour dire à Evans Paul de quitter la Primature. Ils sont tous des ennemis du peuple haïtien ».

Au Bel Air, l’un des plus vieux quartiers populeux de la capitale, les manifestants dénoncent deux organisations et des chefs autoproclamés de leader d’OP qui ont tout mis en œuvre pour tenter de saboter les mouvements de protestation populaire : « Gran black trayi pou EDEPEP, Gran Bèlè trayi pou EDEPEP ak mil goud. Arnel Bélizaire trayi, Sò Ann trayi. Arnel Bélizaire pèp la pa janm bliye w, ou te nan asayan an 2004 kont prezidan Aristide ».

Le secrétaire général du MOLEGHAF, Oxygène David, de son côté dénonce les manœuvres du pouvoir de facto Martelly-Paul et les ennemis du peuple qui ont voulu écraser la mobilisation populaire anti-Martelly et sa politique anti-peuple. « Un peuple opprimé, un peuple exclus, un peuple occupé, un peuple exploité, un peuple dominé n’a d’autre choix que de lutter pour renverser l’ordre inique des choses », a-t-il lancé.

Arrivés au Champ-de-Mars, les manifestants crient haut et fort: « Nou nan lari a pou nou mande arestasyon Martelly, fòk Martelly bay bandi legal yo k ap touye polisye yo ki pa menm pa ka touche, aloske Martelly ap gagote lajan. Martelly lage bandi legal li yo pou touye polisye yo nan lari a. Lepolis ap touye lapolis, fòk Martelly ale. Martelly sere mil goud ou yo pou peye avoka. Ou lage pèp la nan grangou, men li pa ti grangou ».

D’un autre coté, le mot d’ordre de grève lancé par les syndicats de chauffeurs au lundi 9, pour forcer les occupants du pouvoir à réduire à la baisse les prix des produits pétroliers est respecté entre 75 et 80 % dans les zones métropolitaines de la capitale, au niveau de transport en commun. Les écoles ne fonctionnent pas et les autres activités fonctionnent au ralenti. Selon certaines informations qui circulent un peu partout, le gouvernement de facto Martelly-Paul a décaissé de très fortes sommes pour essayer de saboter la grève. En dépit de tout, la majorité de la population ont suivi ce mot d’ordre de grève demandant la baisse des prix du carburant sur le marché.

De toute façon, l’Opposition au pouvoir tetkale doit redéfinir ses stratégies dans la lutte pour le renverser définitivement. La manifestation ne suffit pas, il faudrait inventer d’autres types de méthode de lutte pour conscientiser la population sur l’ensemble de ses revendications et un projet politique clair en faveur des masses populaires. En définitive, la question qu’on se pose maintenant est l’Opposition parviendra-t-elle à créer des brèches contre le pouvoir tetkale-GNBiste ? Et du même coup s’achemine-t-on vers un gouvernement de transition pour organiser les élections générales dans le pays ?

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