
Le pays est confronté à une situation politique indescriptible qui le plonge encore plus profondément dans l’abîme. Si l’on en croit certains événements récents, on pourrait dire qu’il s’agit d’une voiture qui a perdu ses freins ou d’un navire qui coule en mer, et que les capitaines semblent avoir abandonné ou sont incapables d’agir pour sauver ce qui pourrait l’être.
Prenons comme exemple la visite du Premier ministre Alix-Didier Fils-Aimé à Washington du 11 au 16 juillet 2025 et son retour au pays la semaine dernière, le jeudi 17. C’est un scénario entièrement fondé sur des mensonges, car il n’avait reçu aucune invitation officielle du gouvernement des États-Unis à celui d’Haïti. Il s’agissait plutôt d’une campagne de propagande et de lobbying. Le premier ministre n’a été reçu en audience par aucun des grands représentants de l’Exécutif américain, sauf des subalternes de second rang qui n’ont aucun pouvoir de décision politique.
Et que dire du spectacle honteux du retour au pays de Fils-Aimé ? Des gens ont été amenés à l’aéroport au son de la musique et d’une pléthore de bouquets de fleurs. Ce n’était pas une initiative populaire, c’était de l’argent tiré des caisses de l’Etat qu’on dépense pour soutirer des « abolocho » afin de faire croire à l’opinion que le cynique Premier ministre était allé à Washington discuter vraiment sur des sujets concernant les intérêts des masses populaires et qu’il possède une certaine popularité au sein de la population.

En réalité, c’est un coup fourré, le gouvernement de facto, au service d’oligarques corrompus essaie d’offrir à la population. Car, il ne peut rien lui apporter d’autre pouvant satisfaire ses revendications. Comme toujours, il s’agit de manipuler les données, d’utiliser la précarité comme instrument politique. Cela signifie que l’État est en train non seulement de détruire la population, mais aussi il utilise la misère ravageant le peuple pour se maintenir au pouvoir.
Qui pis est ! Le petit politicien retardé qu’est ce Premier ministre n’a pas laissé parler les gens en sa faveur. Avec une fausse fierté sans précédent, il a tout bonnement commencé son discours de circonstance par un grand merci à la population pour être venue en foule, dans une ambiance de carnaval, pour l’accueillir. Sans doute pour faire croire que tout va bien dans le pays. En un sens, Il a vendu la mèche, en expliquant, sans le dire que cette démonstration était programmée par ses agents de la Primature.
Le bluffeur, tout comme lors de la cérémonie de son investiture en novembre dernier comme Premier ministre, a eu des larmes aux yeux dans le salon diplomatique de l’aéroport pour railler le peuple et le pays. Et ses partisans l’ont consolé, lui disant : « Courage, courage Premier ministre !»
Cela est le résultat du niveau de corruption rampante de la classe politique haïtienne. Les rares membres du gouvernement qui dirigent le pays ont si bien réussi, et la situation s’est pour la plupart nettement améliorée.

Cependant, certains ont également protesté contre le Premier ministre. Ils ont critiqué son gouvernement qui n’a apporté aucun changement, ni dans le cadre de l’insécurité, ni dans celui de la vie chère. Bref, selon eux, ce pouvoir n’a qu’un bilan nul et, en réalité, c’est pour les contrer que le gouvernement a organisé cette scène de mascarade devant l’aéroport. Malgré leurs actions, ils veulent s’accrocher au pouvoir afin de maintenir le statu quo et que rien ne change.
Dans son compte rendu de voyage, le Premier ministre n’a rien dit, si ce n’est que citer les noms des personnes qu’il a rencontrées. Nul ne sait combien de millions de dollars ce voyage a coûté au pays, sans compter les salaires des lobbyistes qui ont facilité les rencontres de Didier Fils-Aimé avec certaines personnalités aux États-Unis.

La seule nouvelle que le Premier ministre ait avancée concerne la visite du président colombien pour le lendemain, le 18 juillet, pour un séjour de 24 heures dans le pays. Cette visite jamais annoncée auparavant dans le pays, sans aucune préparation, est étrange, compte tenu de tout le tapage et des sommes considérables dépensées lors de la visite de Petro à Jacmel en janvier dernier. Comment expliquer alors l’absence d’engouement, d’enthousiasme du Conseil présidentiel de transition pour cette visite, pourtant si inattendue ? Et pourquoi est-ce que le Premier ministre, alors à l’extérieur du pays, a-t-il annoncé l’événement à la presse seulement la veille ? Comment justifier ce long délai délai ?

En effet, l’avion colombien du président Gustavo Petro a atterri sur le tarmac de l’aéroport et le dignitaire colombien a été reçu par une délégation du CPT. Après quelques instants passés dans la salle diplomatique sans aucune déclaration, les deux délégations ont regagné la Villa d’Accueil. Le président colombien s’est ensuite rendu à l’ambassade de Colombie pour la réouverture. Coup de tonnerre, toutes les activités ont été perturbées depuis que le président a quitté le pays dans l’après-midi du 17 juillet sans même saluer les dirigeants haïtiens. Stupéfaits, les conseillers ne savaient que dire aux journalistes qui attendaient la conférence de presse annoncée sur les activités de la journée. Il a laissé les dirigeants haïtiens, en particulier Fritz Jean, dans l’embarras, jusqu’à ce qu’ils trouvent un prétexte pour dissimuler leurs comportements : le mauvais temps et l’approche de la fête nationale colombienne. Un prétexte dénué de sens, grossièrement mensonger.

L’activité culturelle prévue s’est déroulée dans une salle vide, en présence de quelques conseillers. Le départ de Petro a clairement montré que le président colombien était déçu par quelque manquement de la part de ses homologues haïtiens. Il semblerait qu’un quelconque accord ou entente n’ait pas été respecté.
Selon de nombreux observateurs, il semblerait qu’ils auraient promis à Petro de libérer les prisonniers Colombiens à la fin du procès en appel. C’est pourquoi Petro s’est précipité au pays le jour même de la fin de l’audience à la Cour d’appel. Le président colombien avait sans aucun doute compté sur la libération de ses compatriotes pour présenter son succès politique le jour de l’indépendance de la Colombie, le 20 juillet. Or, les marchandises qui n’ont pas été délivrées expliquent toute la colère manifestée du chef d’état colombien. Quel délabrement dans un pays où la situation politique, fondée sur la corruption et le mensonge, devient de plus en plus inédite et dangereuse ! Quelle calamité frappe notre nation !
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