Requiem pour la classe politique haïtienne

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« Nous ne sommes pas d’accord avec une quelconque invasion déguisée. La solution n’est pas une autre invasion… La solution est que l’Amérique latine et les Caraïbes embrassent (Haïti), l’accompagnent, l’aident réellement afin qu’Haïti puisse suivre sa propre voie et mettre en œuvre son propre modèle»
Président Nicolas Maduro

Tandis que certains célèbrent et ne cessent de festoyer la prestation de serment et l’installation des membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) issus de la classe politique traditionnelle et fabriqué de toutes pièces par les puissances occidentales pour réformer l’appareil d’Etat pourri, la situation sociopolitique d’Haïti, est loin de revenir à la normale. N’en déplaise à ceux qui continuent de s’illusionner sur ce pays qui souffre dans l’indifférence de ses élites, pensant toujours qu’on peut panser les blessures de cette Nation agressée, nous autres, sans l’ombre d’un doute, notre position est tout à fait à l’opposée de leur illusion.

Un pays mis sens dessus dessous, est un pays qui souffre et qui a besoin en urgence de retrouver son chemin, son indépendance et l’autorité souveraine de son peuple. Cependant, l’image qu’on nous présente, ce sont des étrangers, les mêmes qui ont contribué à la faillite de cet Etat, qui mobilisent les dirigeants haïtiens sur son cas, comme si l’oligarchie dominante n’était pas concernée. Pour tout verrouiller, on recourt à l’argument si souvent évoqué de l’insécurité des gangs, le plus redoutable des venins distillés par la propagande impérialiste. N’est-ce pas du mépris vis-à-vis du peuple qui réclame une vie meilleure en luttant pour un changement de système?

Face à ce qu’il faut bien appeler une farce, la plus humiliante qu’ait connue le pays depuis la domination américaine dont la mission principale consiste à entretenir à tout prix, le statu quo économique, politique et social jusqu’à l’entraîner dans un total délabrement pour enfin l’enterrer sans suite. Nos institutions sont arrivées à un point de déliquescence, que récemment, dans la commune de Jérémie, un bébé de 14 mois a été arrêté à la place de son père en cavale par des policiers qui l’ont ensuite abandonné dans un champ. En dépit de cet acte cruel, inconscient et inhumain, cela ne suscite pas la moindre réaction des autorités ou des responsables.

Face aux atermoiements et aux complicités locales, les puissances occidentales ne sont-elles pas en train de nous voler ce qu’il nous reste de liberté, de vie privée, de bien-être, de souveraineté ?

La plus amère des réalités est arrivée le 25 avril 2024, quand les puissances impérialistes nous ont fait avaler les couleuvres de façon à redonner le souffle de vie aux instruments et aux marionnettes qu’ils ont utilisés, dans le passé, pour anéantir le pays. Ce qui s’est passé ce jour-là représente, en tout cas, au-delà des attentes des uns, des calculs et arrières pensées politiques des autres, un acquis positif pour l’Administration américaine de Joe Biden. Pour les masses laborieuses haïtiennes, cela n’a aucune signification et n’apporte aucune lueur d’espoir ou de rupture avec le passé. C’est du pareil au même. Au contraire, pour le pays c’est la voie du déshonneur et de l’échec. Ce qui est encore plus humiliant, plus grave pour cette classe politique, c’est la reconnaissance, l’acceptation du fait accompli. Notons tout de même qu’il n’y a aucun antagonisme profond, irréversible entre ce petit groupe de soumis et ceux des puissances exploitantes. Quelle imposture !

C’est un saut vers l’inconnu pour ne pas dire sous la dépendance d’un adversaire, sinon, d’un ennemi politique ayant des contentieux historiques contre notre nation.

En fait, c’est du reniement de soi. Au lieu de nous organiser, nous armer du courage, pour exiger aux forces onusiennes, étasuniennes de renoncer à leur politique destructrice d’Haïti, la classe politique qui a toujours confiance en leurs patrons s’agenouille devant eux pour neutraliser, anesthésier la lutte des masses défavorisées de façon à leur faire oublier leurs soucis, leurs malheurs, leurs souffrances afin qu’elles ne se lancent dans aucune forme de révolte contre les oligarques de service.

Face aux atermoiements et aux complicités locales, les puissances occidentales ne sont-elles pas en train de nous voler ce qu’il nous reste de liberté, de vie privée, de bien-être, de souveraineté ? De quel nouveau départ nous parle Dennis Bruce Hankins, le nouvel ambassadeur américain en Haïti ? De quoi veut-il nous convaincre alors, quand le genou de son administration est sur le cou du pays, pour l’étouffer, tout en occupant illégalement nos territoires en l’occurrence la Navase ? A chaque mouvement des masses populaires pour changer le visage du pays, les premiers à nous concocter des coups d’Etat, des assassinats de président, ne s’appellent-ils pas les Etats-Unis d’Amérique ?

Quel crédit peut-on sincèrement accorder à une puissance qui refuse la vie au peuple Palestinien et qui continue via Israël à le bombarder constamment. Comment peut-on croire à ses initiatives en Haïti quand elle détruit d’autres peuples: Cuba, Venezuela, Lybie, etc tout en refusant la création d’un Etat Palestinien à part entière en votant contre cette initiative à l’ONU ? Ne sont-elles pas des larmes de crocodiles qu’elle verse à notre égard pour mieux nous avaler ?

Les véritables causes de la crise qui désespère le peuple et qui rend les masses populaires si vulnérables aux imposteurs résident dans la politique mise en œuvre par les différents pouvoirs haïtiens sans scrupules sous diktats des Etats-Unis. À part quelques rares exceptions, les politiciens haïtiens, toutes tendances confondues sont des traîtres à la Nation. Après la honte du 25 avril, l’idée d’être des politiciens haïtiens de droite ou de gauche a-t-elle encore un sens dans la mesure où, ils ont été tous utilisés comme tremplin contre leur propre pays? La majorité des partis politiques actuels sont des sous-traitants au service des puissances tutrices et ne pourront nous sortir d’aucune impasse.

C’est un produit du système capitaliste quand les inégalités sociales ne cessent de s’accroître. Organiser une élection symbolique même au sein du Conseil Présidentiel a été un casse-tête, une bataille acharnée, une lutte d’intérêts sans merci. Réveillez-vous les parasites de la classe politique, couronnée de la lumpen-bourgeoisie compradore, si c’est en désespoir de cause que vous acceptez cette humiliation, déclinez-la au nom de Charlemagne Péralte avant qu’il soit trop tard !

Quelles que puissent être les retombées de ce pouvoir de facto, une chose est certaine, il n’y aura aucune restructuration ni changement suscité ou encouragé par l’impérialisme. D’ailleurs, n’ayant aucun lien aux masses ouvrières, sans une ligne anti-impérialiste claire, on est loin du chemin pour le changement et de la justice sociale. Bref, rien ne laisse présager un avenir meilleur, si les Conseillers et le Président du Conseil, Edgard Leblanc Fils, restent des esclaves domestiques au lieu d’être des rebelles, des marchepieds que des remparts. Au fait, peut-on demander à quelqu’un de donner ce qu’il n’a pas ? Non ! Alors, cette classe politique empêtrée dans ses contradictions ne fait que creuser son propre tombeau.

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