R. D. : La Junte Centrale Electorale doit garantir la pleine nationalité !

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La Junte Centrale Électorale (JCE) de la République Dominicaine doit garantir aux dominicains d’origine haïtienne la pleine nationalité : nous exigeons le respect effectif de la loi 169-14

La Junte Centrale  Electorale (JCE) de la République Dominicaine doit garantir la pleine nationalité : nous exigeons le respect effectif de la loi 169-14

 

Le Mouvement Reconoci-do, organisation qui défend le droit à la nationalité et à la justice des Dominicains d’origine haïtienne, comparaîtra devant le Conseil électoral central le 25 août pour exiger qu’il assume sans délai ses responsabilités légales et constitutionnelles. Les retards et les obstacles à la délivrance des documents aux bénéficiaires de la loi 169-14 ne sont pas de simples défaillances administratives, mais des actes de discrimination qui affectent la vie de milliers de citoyens nés et élevés dans ce pays.

Ces dernières années, l’absence de documents d’identité a entravé la mobilité et l’accès aux droits fondamentaux de cette population. Lors des opérations d’immigration, un profilage racial est pratiqué, exigeant des documents uniquement pour les personnes à la peau plus foncée. De nombreux Dominicains d’origine haïtienne sont sans papiers ou leurs documents sont expirés, en raison de politiques étatiques discriminatoires et d’obstacles bureaucratiques. Cela conduit à des détentions arbitraires, des extorsions et des expulsions illégales, touchant même les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes. Cette situation constitue une grave restriction à la liberté de circulation et au plein exercice de la citoyenneté.

Des cas récents et emblématiques illustrent cette réalité et la gravité de la situation :

Jessica Lucien Joseph, qui a accouché à la maternité Nuestra Señora de La Altagracia à Saint-Domingue, a été arrêtée avec sa sœur Daniela par les services d’immigration deux jours plus tard, malgré la présentation de documents valides prouvant sa naissance en République dominicaine.

Daniela a été expulsée illégalement par la frontière d’Elías Piña sans procédure régulière, tandis que Jessica est restée détenue avec son bébé dans des conditions indignes, n’étant libérée qu’après une forte pression sociale.

Lina Pie Lima, également citoyenne dominicaine d’origine haïtienne, a été arrêtée avec son mari au péage de Las Américas, puis expulsée illégalement, sans que son droit de prouver sa nationalité ne soit respecté, la laissant sans défense hors du pays.

Brenda Luis, une jeune Dominicaine d’origine haïtienne, a été détenue à son domicile de Baraguana avec ses trois enfants mineurs. Ils ont été détenus pendant six jours dans des conditions inhumaines au Centre de vacances Haina, puis expulsés de force vers Haïti, un pays qu’ils ne connaissent pas, en violation du principe de non-refoulement et de leur droit à la nationalité. Actuellement, la famille est extrêmement vulnérable, privée d’accès aux services de base et aux soins médicaux.

Ces cas ne sont pas des incidents isolés, mais s’inscrivent dans une politique institutionnelle qui criminalise et persécute les Dominicains d’origine haïtienne en raison de leur couleur de peau et de leurs origines familiales, violant ainsi leurs droits constitutionnels et leurs engagements internationaux en matière de droits humains.

Nous réaffirmons que nous ne sommes pas des étrangers en quête de privilèges, mais des Dominicains reconnus par la Constitution et la loi 169-14.

Onze ans se sont écoulés depuis la promulgation de la loi 169-14, et la réalité reste alarmante : environ 26 000 personnes du groupe A ont récupéré leur carte d’identité dominicaine, tandis que plus de 34 000 restent sans papiers et se heurtent à des obstacles pour exercer pleinement leur nationalité. De plus, aucun bénéficiaire du groupe B n’a reçu sa carte d’identité de la Commission électorale centrale. En juillet 2020, le président Danilo Medina a promulgué le décret 220-20, accordant la nationalité à 750 personnes. Puis, en avril 2021, le président Luis Abinader a signé le décret 297-21 pour naturaliser 50 autres personnes. Or, le gouvernement a refusé de fournir des documents d’identité à ce petit groupe de 800 personnes ayant reçu leur décret de naturalisation, et 32 ​​d’entre elles ont dû saisir la Cour constitutionnelle pour qu’elle ordonne au gouvernement de se conformer à ces décrets. La Cour constitutionnelle leur a donné raison par l’arrêt TC/0067/25 et a ordonné au gouvernement de se conformer à ces décrets, mais nous ignorons la situation actuelle des bénéficiaires. De même, pour les personnes du groupe B ayant obtenu des documents dans le cadre du plan de naturalisation, la procédure a été interrompue et les bureaux de renouvellement des documents ont été fermés depuis la pandémie de 2020. Elles courent également le risque d’être détenues et expulsées du pays pour cause d’expiration de leurs documents.

Il est important de noter qu’après onze années d’application de la loi 169-14, près de 10 % des personnes dénationalisées ont pu recouvrer leur nationalité, en raison d’obstacles administratifs, de contraintes économiques, du manque d’information et de leur résidence en zone rurale, où l’accès aux documents était très difficile pour la majorité des personnes touchées par cette décision raciste.

Cette situation les prive non seulement du plein exercice de leur nationalité, mais les expose également à des violations constantes des droits humains, telles que des détentions arbitraires et l’exclusion de l’accès aux services de base. La persistance de cette exclusion aggrave l’injustice, la discrimination et les inégalités. Sans papiers d’identité ni droits, ils ne peuvent circuler librement, se marier, étudier, déclarer leurs enfants, ni même obtenir une ligne téléphonique. Ils subissent les pires conséquences de l’apartheid en vigueur dans leur pays d’origine, dont le régime politique les prive du droit d’exister en tant que citoyens.

Nous réaffirmons que nous ne sommes pas des étrangers en quête de privilèges, mais des Dominicains reconnus par la Constitution et la loi 169-14. Par conséquent, nous exigeons que le Conseil électoral central remplisse son rôle et garantisse le droit à la nationalité sans discrimination ni entrave arbitraire.

Nous exigeons le respect de la loi 169-14, qui a ordonné la restauration de la nationalité des personnes appartenant aux groupes A et B, et exigeons que la JCE garantisse le droit à l’identité de toutes les personnes inscrites à l’état civil, en évitant de nouvelles exclusions lors du processus de renouvellement de leur carte d’identité. Nous sommes particulièrement préoccupés par l’impact que cette procédure pourrait avoir sur les Dominicains d’origine haïtienne, déjà affectés par la décision 168-13, la loi 169-14 et les pratiques discriminatoires persistantes à l’état civil.

Nous exhortons la JCE à créer un mécanisme efficace et accessible pour garantir la restauration et la reconnaissance de la nationalité des personnes nées avant la réforme constitutionnelle de 2010, qui rencontrent encore des obstacles à la reconnaissance officielle de leur identité.

La démocratie ne se construit pas en excluant ses propres fils et filles. La nationalité n’est pas un privilège accordé en fonction d’intérêts politiques, ni un droit sujet à des préjugés raciaux ; c’est une garantie constitutionnelle qui doit être exercée pleinement et sans condition.

Par conséquent, le Mouvement Reconoci-do exige fermement que le Conseil Électoral Central :

  1. Délivre immédiatement les documents à tous les bénéficiaires de la Loi 169-14.
  2. Délivre rapidement les cartes d’identité dominicaines aux 799 personnes naturalisées par le Ministère de l’Intérieur et de la Police, ayant achevé leur processus de naturalisation conformément aux décrets présidentiels.
  3. Élimine les obstacles et exigences arbitraires qui entravent le plein accès à la citoyenneté.
  4. Met en place un mécanisme transparent et accessible pour la restitution de la nationalité aux personnes nées avant 2010.
  5. Facilite l’enregistrement et la déclaration des enfants des bénéficiaires de la Loi 169-14, sans que la validité de la carte d’identité ou le lien de parenté ne soient une condition pour l’exercice de ce droit fondamental.
  6. Forme et sensibilise le personnel de la JCE afin de prévenir les pratiques discriminatoires et de garantir un traitement respectueux et égalitaire, et mette en place un système public et accessible permettant de suivre l’état d’avancement des procédures de documentation.
  7. Mettre fin à toute forme de discrimination et d’exclusion institutionnelles qui portent atteinte au droit à l’identité, en garantissant le respect absolu des droits humains et constitutionnels, sans distinction d’origine, de couleur de peau ou d’ascendance.
  8. Mettre fin à la transcription des actes de naissance dans le nouveau registre de transcription créé par la JCE, conformément aux dispositions de l’article 1 de la loi 169-14 relative à la délivrance des actes de naissance.
  9. Mettre fin aux actions en annulation d’actes de naissance pour cause de doublons créés par la JCE elle-même.

Remplir ce devoir n’est pas une option ; c’est une obligation incontournable.

La reconnaissance n’est pas une faveur : c’est la justice. Et la justice ne peut attendre.

Sincèrement,

 

Mouvement Reconoci-do  25 Août 2025

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