Quel a été l’objectif de la visite du Conseil de Sécurité des Nations-Unies ?

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1Le vendredi 23 janvier écoulé est arrivée dans le pays une délégation du Conseil de Sécurité de l’organisation des Nations Unies. Cette délégation composée de représentants des 15 états membres du conseil de sécurité est co-présidée par le Chili et les Etats-Unis en l’occurrence, l’ambassadeur chilien Cristian Barros Melet qui assure également la Présidence tournante au Conseil de Sécurité pour le mois de janvier et Mme Samantha Power, Ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies.

Cette délégation au cours de son périple de 3 jours a rencontré l’exécutif de facto, les membres du gouvernement Michel Martelly et Evans Paul, le président de facto du sénat, Andris Riché, des acteurs de la société civile et certains partis politiques tels que Fanmi Lavalas comme l’a souligné un membre du Directoire de ce parti, Dr Schiller Louidor au cours d’une interview le dimanche 25 janvier, sur Radyo pa nou.

En réalité, après un coup d’état flagrant contre la démocratie dans le pays, quel a été l’objectif de cette visite se demandent plus d’un ! Ce n’est
pas sans aucune importance que cette mission a planifié sa visite dans un moment crucial, sur fond de manifestation, où le peuple exige le départ du président Martelly et également des forces occupantes de la Minustah. Comme indiqué dans leur feuille de route, le but de la mission consistait à évaluer la situation politique pré-électorale. Y avait-t-il une crise électorale en Haiti ? Non, pas réellement ! C’était une façon suspecte de réduire plutôt les revendications populaires demandant le changement à une simple crise électorale. Bien que le régime en place, en accord avec les forces de stabilisation de l’ONU n’ait jamais réalisé aucune élection depuis quatre ans, ce n’est pas nouveau pour les Nations-Unies vu que les forces de stabilisation des Nations Unies ont toujours été présentes pour consolider le pouvoir.

C’eût été plus honnête de la part de la mission de dire qu’elle était venue constater l’échec cuisant de la MINUSTAH qui occupe le pays depuis environ 11 ans (2004-2015) ? Alors que cette force qui prétendait maintenir une certaine stabilité en Haïti n’arrive jamais à le faire. Sauf qu’au contraire, elle est présente pour maintenir le statu quo, facilitant ainsi le pillage des ressources du pays. Grâce à elle, voilà que le régime tètkale néo-duvaliériste représenté par Michel Martelly et consorts bénéficie encore du support des puissances étrangères et organisations mondiales et régionales, malgré ses multiples dérives, ses violations des droits humains, son refus systématiques d’organiser des élections depuis plus de 4 ans, la violence exercée à l’endroit du peuple haïtien, la corruption qui gangrène l’administration publique, la persécution politique, le démantèlement des institutions républicaines et le non-respect des deux autres pouvoirs publics. Malgré tout ces protecteurs étrangers qui se présentent toujours comme les chiens de garde de la démocratie bourgeoise représentative et continuent de nous leurrer sur le chapitre du respect des droits humains.

La visite de cette mission n’avait d’autre objectif que de renforcer l’occupation du pays et le régime pourri vomi par le peuple. Leurs déclarations sont très tendancieuses comme celle de Samantha Power, l’ambassadrice des Etats Unis au Conseil de Sécurité qui a exprimé « la déception des Nations Unies de voir que malgré les efforts du président Martelly, le parlement est devenu dysfonctionnel ». Quel mensonge éhonté !

L’Ambassadeur chilien Cristian Barros Melet a pour sa part indiqué que « Nous n’avons pas une idée spécifique. Mais nous essayons maintenant de maintenir notre appui au gouvernement haïtien avec pour but l’organisation des élections avec les caractéristiques déjà mentionnées. Il est trop tôt pour dire si c’est nécessaire de continuer avec la même configuration ou pas. Nous aurons le temps pour cela. Sans compter que c’est un processus complexe au plan politique. Mais je vous assure que nous prenons ceci très au sérieux et que le Conseil de Sécurité est très attaché à la situation en Haïti ». Dimanche, lors de la visite de la délégation du Conseil de Sécurité des Nations-Unis à l’Académie de Police (Frères), le nouveau Ministre de facto de la Justice Pierre Richard Casimir, sans même se gêner, a demandé de maintenir et de renforcer les effectifs de la Minustah en ces termes : « Au nom du Président, du Chef du gouvernement et de moi-même, je réitère au Conseil de sécurité des Nations Unies notre demande de ne pas réduire l’effectif des troupes de la Minustah pendant le processus électoral. Au contraire, il est nécessaire de renforcer les contingents de la mission onusienne en Haïti, comme d’ailleurs, la période électorale est quelquefois marquée par des tensions et des troubles. » Voilà le genre d’hommes, de mercenaires, de bandits légaux que les puissances impérialistes veulent à la tête de l’Etat ; des vendeurs de patrie qui parlent pour eux et font leur affaire, comme l’avait indiqué Bill Clinton: « c’est le gouvernement le plus cohérent et le plus décisif avec lequel j’ai eu à travailler sur un large éventail de questions. »

En somme, cette visite du Conseil de Sécurité n’est pas venue évaluer une décennie d’échec, de massacres de nos concitoyens, de l’implantation de Choléra par la MINUSTAH, qui a déjà fait plus de 9000 morts et de la faillite de la démocratie importée qu’on veut imposer travers un régime néo-duvaliériste, mais bien pour rétablir la dictature dans le pays, passant par la consolidation du régime néo-duvaliériste et corrompu de Martelly.

Aucun des partis politiques n’a critiqué l’arrogance de Samantha Power, l’ambassadrice des Etats-Unis quand, pour nous faire la leçon, elle a osé déclarer ces propos hypocrites : « Nous sommes encore plus convaincus de l’importance du compromis. Il est sûr que tout le monde en Haïti n’obtiendra pas exactement ce qu’il ou elle veut dans les prochains jours ou dans les années venir. Il est toutefois important que tous les acteurs priorisent Haiti et le bien-être général sur des intérêts personnels. »

Sandra Honoré, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et les autres membres de la communauté internationale en Haïti représentés dans le « Core Group » (les ambassadeurs du Brésil, du Canada, d’Espagne, de France, des États-Unis d’Amérique, de l’Union européenne, et le Représentant spécial de l’Organisation des États américains) saluent l’installation du Premier Ministre Evans Paul, la formation du Gouvernement, ainsi que la constitution du Conseil Électoral Provisoire (CEP). Ils encouragent le nouveau Gouvernement à créer les conditions politiques et sécuritaires nécessaires pour garantir l’organisation d’élections équitables, crédibles et inclusives. En outre, la Communauté Internationale, se réjouit que le CEP avec ses nouveaux membres, puisse continuer ses activités en toute indépendance, en vue de garantir la transparence et l’impartialité du processus électoral.

Le « Core Group » confirme son soutien aux efforts de toutes les parties prenantes pour le renforcement de la stabilité, la consolidation de la démocratie et le rétablissement du plein fonctionnement des institutions du pays.

Nous ne sommes pas tout à fait étonnés, quand le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, tout comme l’OEA, qui ne sont que des instruments au service de Washington, apportent leur soutien à l’inacceptable en Haiti. Et pour couronner le tout, le Club de Madrid va mener du 27 au 29 janvier 2015 sa 4ème mission qui sera conduite par l’ex-Président mexicain, Felipe Calderon, et l’ex-Président bolivien et Vice-Président du Club de Madrid, Jorge Kiroga. Les objectifs du Club ne seront pas différents de ceux du Conseil de Sécurité de l’organisation des Nations Unies. Il s’agira de :
• Plaider pour la tenue d’élections justes, transparentes et inclusives en 2015, et partager une analyse comparative du système électoral;
• Analyser les implications de la situation politique actuelle et favoriser le dialogue politique et la recherche de consensus entre les parties, afin de réduire les risques d’aggravation de la crise politique actuelle.

Quand bien même les alliés du pouvoir et les partis politiques collabos ne cessent de demander les élections, ils sont clairs sur leurs objectifs et prennent leur position. Il reste au secteur populaire de ne pas démordre de ses revendications afin de contrecarrer les projets ténébreux des ennemis d’Haïti.

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