Pleins Feux Sur : Sanders Solon

«Un quantum en gosier et guimbarde» | (Port-au-Prince - ?)

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Sanders Solon

Sanders lui s’est éclos dans une tout autre direction. Etant dès l’enfance habilité pour le dessin. Pourtant, c’est au piano classique que sa mère l’a initié à l’âge de huit ans. Ce qui ne l’a pas trop emballé ; puisqu’il a tout négligé pour s’extérioriser dans les esquisses et les maths. Qui ont fait discerner des signes d’un futur architecte. En s’employant de préférence à capter les multiples sonorités locales et globales, qui ont bien bercé son adolescence. A quatorze ans, durant des vacances d’été en Floride, sa mère lui offre une guitare. Et l’encourage à prendre des cours de musique au Collège Bird, afin de ne pas rester inactif. De façon à entretenir ses apprentissages de guitariste classique ; S.S a aussi adhéré à la chorale Saint-Louis-Sacré-cœur. Dans laquelle il commence à façonner cette voix qui va faire des vagues.

C’est dans cette ambiance estudiantine, toujours avec sa guitare en bandoulière, même sur la cour de l’école, qu’il a commencé à prendre gout aux musiques d’ambiance. En se faisant guider en ce sens par des postulants plus avancés aux accords climatiques. Spécialement le konpa, qui est le paramètre obligé pour s’installer sous les feux de la rampe. A l’entame, il s’empresse d’approfondir ses notions de vocaliste et de guitariste ; en alliant sa formation conventionnelle aux vibrations natives. Tout en s’improvisant dans des airs à la mode comme : se pa pou dat (A. Cavé), bang bang (Carimi) et autres. A ce tournant, la musique commence à empiéter sur les résultats académiques. Un sujet d’inquiétude pour maman qui donne ordre de confisquer la guitare. Mais, le mec est déjà sous le charme des dièses et des bémols. Et persiste dans sa mission de trouvère.

Jusqu’à entamer son début lors d’une ‘’Journée Familiale Sainte Louisienne ‘’. En mettant en valeur des capacités artistiques, dans un petit groupe de troubadour en compagnie d’un futur bolide comme lui, Jude Deslouches (pièce maitresse du groupe Vyab). Lequel a complètement épaté l’assistance ; ainsi que les responsables de l’établissement et les parents. Ce qui a ouvert la porte au raz-de marée des kermesses à l’église et les différentes écoles religieuses de la ville : Marie Anne, Saint Louis, Sacré-Cœur etc. Où Solon a commencé à glaner sa première audience. Une époque qui a coïncidé avec le terme de ses études secondaires. Et le retrouve en instance de départ pour l’université. Un leitmotiv national qui l’a emmené en Floride où il doit aborder des cours d’architecture. Dans lesquels il a constamment séché. Du fait que la musique étant devenue le seul sujet de ses convoitises.

Ce qui l’a obligé à évaluer ses priorités et de là, à s’orienter vers l’art. En s’approfondissant académiquement dans la composition, l’arrangement et la production. Et parallèlement, en polissant ses qualités de guitariste et de vocaliste à travers multiples influences. Des traits qui l’ont mis dans le viseur du milieu musical pour faire l’objet de sollicitations de part et d’autre. Comme avec le « New Vice » de Charlot, qui lui a permis d’entreprendre sa première tournée à l’extérieur. Suivi d’autres stars comme Larose, Touco etc. qui ont pris avantage de son savoir-faire. Evidemment des bonds qui ne sont pas restés inapparents. Et l’encouragent à entreprendre des initiatives à la fois personnelles et communes. Pour être à l’origine de la formation du groupe « Gabel », avec lequel il a peu évolué ; en attendant d’autres conquêtes déterminantes.

Tout en restant très en demande pour étaler sa marque versatile aux œuvres d’autrui. Incluant le « Djakout » qui a en maintes fois disposé de son expertise et arrangements. Dans l’intervalle, il devient un appât pour différentes orientations musicales. Et conséquemment, dans la mêlée, est requis par le dévergondé et médiocre Michel Martelly dit ‘’Sweet Micky ‘’ ou ‘’papa kaka’’ pour les intimes. Et de l’autre, deux musiciens authentiques de son ère, Nicky et Mc-D qui élaboraient leur propre projet de nature supérieure. Et qui lui ont demandé de les rejoindre. Evidemment, pour quelqu’un qui raisonne, il ne devrait y avoir aucune hésitation entre la charognerie ‘’mikiste’’ et l’art consommé. De la sorte, Solon est arrivé juste à temps pour revendiquer sa place au sein de « Harmonik » dont il devient l’un des piliers incontournables.

En composant un trio & co avec Nicky et Mac-D ; pour imposer le plus innovant ensemble musical du milieu ambiant au début de ce millénaire. Lequel sous la direction du maestro Nickenson a rendu les ébats explorateurs pour Solon. Qui a eu le temps de contribuer les titres : jere m, di m kisa pou m fè ?, my woman dans le premier opus du groupe :’’ Jere m’’ ; qui en fait devrait être le second c.d solo de Nicky après l’œuvre acclamée :’’ Première danse’’. Jusqu’à ce que les plans aient pris une autre tournure. Avec l’arrivée de « Harmonik » qui va vite brûler les étapes ; permettant à Sanders d’infuser des éclats lumineux d’un vocaliste imprégné de ruées et de salvo. A la manière d’un essuie-glace qui propulse des bulles colorées toutes en noir et bleu, c’est-à-dire infuses à la fois de soul et blues. Des similarités avec un autre bolide du nom de Déner ; qui comme lui se réclame d’une référence interculturelle.

En plus d’avoir Mac-D tout à fait admiratif, pour le haranguer d’avoir à la fois la voix et les doigts. Puisque comme guitariste Solon a aussi des arguments à faire valoir. Avec un toucher florissant qui l’autorise à être simultanément un pourvoyeur soliste et harmonique. Au gré de ‘’riffs’’ gorgés d’improvisations. Lui donnant droit de jouer en arpèges, en intervalles ou en simples notes.  En prime de ses compositions qui ont diversifié le répertoire du groupe. Au second album :’’Let’s go’’, il a d’avantage la latitude pour insuffler sa marque ‘’up-tempo’’ et se ravise dans ses conceptions avec : Harmonik time, pa mode, sim te gen etc. Quant au 3e c.d :’’Diferan’’ aussi distinct qu’il soit, avec ces chambardements schématiques à travers lesquels ses empreintes sont manifestes dans : apaw fache, otan, ilegal, naturel, ou se, ou paka hang, diferan, mèsi, mwen bouke ; dans un genre rustique qui a fait table rase des données introductrices.

Notamment avec l’intégration du second guitariste Tipapi qui a un peu bousculé les cadrans harmoniques. Pendant que Nicky s’est un peu replié. C’est aussi l’époque des crises internes qui ont vu le renvoi de leur administrateur Rodney Noël ; coïncidant avec une baisse de régime pour le groupe. Juste le temps d’une réconciliation et d’un rebondissement pour « Harmonik » dans ‘’Degaje w’’. Une autre œuvre qui a consacré la signature de Sanders ; qui s’est étalée dans tous les contours avec : degaje, cheri benyen m, imparfait, incroyable, enpòtans, fè mwen konfyans, senplisite. Qui sont aussi aspergés de son gosier et griffes extasiés ; ainsi que de ses arrangements. L’attribuant à ce tournant comme le plus prolifique compositeur du groupe. Une posture qu’il a maintenue dans :’’Respè’’, leur ultime cd, dans lequel il a réitéré son avidité de créer. En prenant part aux morceaux : respè, ou detenn sou mwen, wap fè kòve, dènye chans, papa, pete fyèl mwen etc.

Propulsant à ce point un artiste en pleine possession de ses moyens. Et qui en a des grosses, et les met en jeu quand il faut et quand ça vaut le coup. Aspergeant ses vibrations du tréfonds dans une musique inductible qui a marqué le passage de sa mère et la naissance de son fils. Et qui l’a conforté comme l’une des têtes de pont de sa filiation. Pas étonnant qu’il soit constamment engagé par ses pairs ; que ce soit de « Djakout », « Zenglen », « New Look », « Disip » et autres ; qui se sont servis de son armada musicale. En attendant le #6 de « HarmoniK », qu’il va encore sûrement marquer de son ingéniosité. Etant toujours au four et au moulin ; s’attelant à des élaborations futuristes. Ainsi qu’à des collaborations inusitées comme celles avec la chanteuse Danielle Crusoé ou DJ Rage parmi d’autres. Montrant le côté versatile d’un musicien qui n’a pas fini de faire des vagues.

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