« Pleins Feux Sur »: Micheline Laudun Denis (Port-au-Prince, 1930)

« Une légende infaillible »

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1970
Une légende infaillible Micheline Laudun Denis

Le piano a toujours été un instrument de prédilection dans les milieux musicaux haïtiens. Durant l’occupation états-unienne de 1915 cependant, les occupants dans leurs visées obscurantistes, en interdirent l’importation, espérant ainsi extirper cette tradition de la culture haïtienne. Une culture qui donna d’innombrables pionniers comme Théramène Ménès, Charles Miot; des grands maîtres tels: Justin Elie ou Ludovic Lamothe; d’éminents innovateurs tels: Frank Lassègue, Lyncée Duroseau, Joseph Dor, François Guignard, Carmen Brouard, autant que des pédagogues comme : Anton Jaegerhuber, Lina Blanchet etc. Ces maîtres révélés du piano local ont introduit des approches innovatrices, l’art des raccourcis et des données essentiellement percussives. Ils auront pavé la voie à la génération montante du milieu du vingtième siècle. Et dont Micheline,  s’est imposée comme l’un des représentants accrus, jusqu’à cette date. Déjà, enfant prodige du piano, Micheline a émergé dans les années 1940.Dès l’âge de quatre ans, elle était à même d’accompagner ses proches durant les soirées mondaines.

A une époque où ses pairs expérimentaient toutes les avenues de dissonance et de sérialisme, elle reste fidèle à ses racines en adoptant la tonalité, dans un style polyphonique agrémenté de contrepoint.

Puis, sous la direction de l’incontournable Lina Mathon Blanchet sa cousine, elle s’étoffe aux claviers et, successivement apprit les fondements de son style ingénieux sous les directives de Anton Jaegerhuber et de Basil Coldoban, pianiste Roumain d’origine juive, formé à Moscou, qui immigra en Haïti en 1941. Solidifiée de ces exquises et innovatrices randonnées, elle  remporte à treize ans le deuxième prix d’un concours national de méringue avec le morceau“Claudette”,en 1945,parmi 217 postulants. A la fin des années quarante, elle fit l’offrande de son premier récital, en tenant seule l’affiche au Paramount Ciné où elle conquit un public connaisseur, pantois de sa connaissance et de son savoir-faire, mais surtout de ce toucher lumineux et cérébral pour son jeune âge. Cependant, elle ne s’arrêta pas là ; en allant s’expertiser au New-York School of Music, sous les directives de la célèbre Adèle Marcus, puis un tour au Conservatoire de Paris. Et également, une maîtrise à l’Etablissement de Haut Perfectionnement Musical de Marguerite-Long-Jacques Thibault.

A une époque où ses pairs expérimentaient toutes les avenues de dissonance et de sérialisme, elle reste fidèle à ses racines en adoptant la tonalité, dans un style polyphonique agrémenté de contrepoint. Virtuose de charme, pianiste de classe, elle a su transcender les modes. Son phrasé tout enrichi du langage fleuri du terroir, s’accommode après tout, d’une souche classique. Héritière à la fois du traditionnel et du moderne, du classique et du romantique, elle a développé un sens raffiné de l’harmonie, inondant ses mélodies de clusters, de sinuosités et d’arpèges. C’est ainsi que l’Association des Femmes Artistes d’Allemagne (GEDOK) sollicite ses services pour des prestations à l’Amerika Haus et pour quelques performances à la télévision de Hambourg. Elle a été aussi la récipiendaire de la DAAD en Allemagne, et sortit avec un doctorat, après des études à  Munich et à Stuttgart.  Remportant des succès monstres, faisant la une des quotidiens comme : le New York Times, le Washington Post, le Daily News lesquels lui firent la révérence. Elle a aussi émerveillé l’Amérique du Sud dans des concerts sans précédent en : Colombie, Equateur, Venezuela, Argentine, Chili, et aussi Porto Rico, Sénégal.

Portant bien haut l’étendard de l’art universel et national. Cette légendaire artiste a toujours régalé les mélomanes dans des concerts à l’Institut Français d’Haïti, ou dans d’autres cadres sélectifs de l’Académie Pro Arte, dont elle est l’une des fondatrices. Sa renommée est restée infaillible en Haïti et à l’étranger. Avec l’‹‹Orchestre Philharmonique Sainte Trinité››, elle a recueilli de nombreux lauriers et s’est toujours distinguée comme pédagogue, concertiste ou simplement, comme une grande dame du piano classique. En 2001, finalement les mélomanes de partout ont eu le privilège d’acquérir son C.D ‘’ Micheline Laudun Denis/ En concert’’, dans lequel, elle exécute avec maestria : J.S Bach, D. Cimarosa, L.V Beethoven, C. Brouard, C. Débussy, F. Laguerre. Toujours active comme ‘’une jeune fille de 85 ans’’ (d’après ses propos), elle fit récemment l’objet d’un hommage acclamé de la Fondation Culturama ; témoignant de sa grande valeur et de sa place, où l’on ne se bouscule pas beaucoup aux portillons ; puisqu’elle demeure la toute ultime cavalière d’une époque lorsque les géants étaient parmi nous.

 

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