Jan-Jan Laraque lui a fait une rentrée précoce à la batterie, qui a atteint sa reconnaissance en Haïti durant la décade 1940 ; les timbales lui ayant été alors préférées, et c’est grâce à l’ascension du jazz galvanisé par les ‘’big band’’ de Duke Ellington, Benny Goodman, du cubain Machito et son groupe de fusion afro-latine, de Count Basie avec son swing et bien d’autres. Evidemment qu’au pays, les grands orchestres comme : « Jazz des Jeunes », Orchestre Sahieh », « Septentrional » etc ; vont vouloir bien se servir de ce jouet qui supplée à de nombreuses unités percussives. Donnant la voie à ces pionniers qui vont en faire l’objet de leurs convoitises et maestria tels : Daniel Mayala, Antoine Osselin, Charles Delva, Luc Phillipe, Edward Lafontant, Tenge Dolcé, Mathieu Médard etc.
Lesquels vont se ruer en dehors des rancarts de l’immobilisme. Maintenant en métronomes, les unités de mesure, galvanisant le tempo, diffusant le rythme et brossant l’allure. C’est de ce moule qu’a surgi Jean Alix Laraque ; en plus d’avoir émergé à une époque qui a fait fi des standards avec l’émergence du rock e roll, du twist etc ; entre autres tendances qui ont fait éclore ces batteurs farouchement modernes dont Jan-Jan va constituer l’avant-garde. Après avoir en autodidacte fait ses premiers pas en compagnie de ses frères Michel et Claude avec le groupe « Les Shelberts » du Canapé-vert de la filiation ‘’ye-ye’’ ; et, un court passage avec « Les blousons Noirs », ensuite l’ensemble « Les Corvington » en tandem avec Bobby Denis qui allait devenir le plus fameux ingénieur de sons du pays.
c’est en plein envol que Jan-Jan est tombé malade.
Et déjà, Jan-Jan fait montre de son unicité et de son flair de batteur inspiré qui est imbu des dosages à appliquer et des intensités intermittentes pour pouvoir à la fois, guider l’orchestre à coups d’improvisation et d’exactitude. Subséquemment à son évolution au bercail. C’est pourtant l’exode collectif qui devint son exutoire comme pour tant d’autres. Se retrouvant de ce fait à NY, où il a rebondi à la fin des années 1960, au sein d’un « Ibo Combo » ranimé. Dans lequel il co-habite avec les percussionnistes : Tavernier, Policard et d’autres. Apportant son rayonnement impérieux au rythme combiné du groupe, dans son genre pluriel agrémenté d’un peu d’artifices pour apporter l’essentiel au spectaculaire. Roulement des caisses claires, katas, temporisation et pulsation de cymbales. Toujours dans son style de batteur tout-terrain.
Pourtant, après trois œuvres avec l’ «Ibo Combo » : ‘’Kafe’’, Anjandre’’ et ‘’Analyse grammaticale’’ ; ce groupe avait bien restauré sa renommée au ‘’state’’ au gré d’une musique inventive. Dont Jan-Jan a su transporter dans ses collaborations, comme :’’ Just for you ‘’, le premier solo du grandiloquent maestro Wébert Sicot, ainsi que : ‘’ Webert Sicot :’’De hier à aujourd’hui’’. Il a aussi joué dans l’album en duo de Joe Trouillot et de Maryse Coulanges :’’ Festivités Créoles’’, qu’il a animé de sa touche colorée. Eventuellement, C’est le temps du retour au bercail ; où en compagnie de ses partenaires : Régi, Boulo, Gaguy, Claudy etc ; ils jettent au milieu des années 1970, les bases du groupe « Caribbean Sextet ». Au sein duquel Jean Alix s’est distingué, entre les vacarmes des percussionnistes avides de cymbales et de ‘’breaks’’ qui dominent l’environnement sonore.
Fort de son jeu élastique fait de brusques accélérations et de renversements ; en plus d’une sobriété florissante qui font exulter de multiples parcelles percussives. Encore à sa manière essentiellement polyrythmique. Mettant ainsi en pratique sa versatilité à travers les différentes productions du groupe, dont :’’Forte dose’’, ‘’En gala’’ qui l’ont impulsé en état d’inspirateur dans un groupe d’orientation jazzée. Et cette capacité à se faire ordinaire dans les albums : ‘’Madougou’’ et ‘’Caribbean News’’, dans des compositions sans repères qui l’ont obligé à emprunter le groove ambiant du konpa authentique, question d’arrondir les angles. En employant cloches, carillons, charleston, et cymbales, surtout avec maitrise, sans excès. Il est aussi sollicité pour infuser son savoir-faire dans le premier disque de Lyonel Benjamin, ainsi que dans l’œuvre du jazzman Jacques Fatier, dans son hommage à Gérald Merceron.
Subséquemment, c’est en plein envol que Jan-Jan est tombé malade. Justement, après l’album ‘’Carribbean News’’, sorti dans l’allégresse du ‘’dechoukaj’’, et qui lui a permis de célébrer Libète, l’un des titres du disque. Car, victime d’une négligence médicale à la Arthur Ashe, Jean Alix a rendu l’âme un jour sans soleil dans l’incrédulité de ses proches et de ses nombreux amis et fans. Après son départ le groupe est un peu resté en veilleuse. Jusqu’à ce que Réginald Policard, le brillant pianiste maestro ait décidé de tenir au chaud ce grand legs musical. En produisant le premier album post Jan-Jan, l’admirable :’’Lese mwen viv’’, dans lequel il rend un hommage particulier à son ami dans le morceau ‘’John’’ un émouvant boléro chanté en duo par Jacqueline Denis et Lyonel Benjamin.