Pleins Feux Sur : Eminyx Louis

« Un registre de caméléon » | Cap-Haïtien- 1987

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Eminyx Louis

Celui -là, a de son nom original Louis Emy Nixon, concocté son appellation d’artiste Eminyx. Lequel, à la différence des autres artistes de son époque, n’a pas eu le privilège de grandir dans un environnement infatué de musique. Eminyx a eu au contraire un entourage familial inapte à la musique. Comme quoi, c’est la musique qui s’est offerte à lui. Puisque enfant, malgré le manque d’intérêt musical à la maison, il restait quand même attentif aux sonorités dominantes. Et passait ses moments de détente devant le miroir à imiter ses idoles. Notamment Freddy du « Top Vice » qui était son préféré. De là, a commencé sa prédilection pour la voix et qui a inspiré son ardeur. Et une compréhension d’apprécier divers genres de musique, parmi les : « Septent », « Tropic », et ceux de sa génération : « Lakol », « Kazak » etc.

En plus de se chercher une voie vocale à travers les influences des Azerot, Jean Phillipe Martelly et autres épanchements antillais. Tout en faisant flèche de tout bois des timbres environnants. Sa première expérience collective a été entamée dans le cadre de l’établissement scolaire Notre Dame du Cap-Haïtien, qu’il fréquentait alors. Une institution qui a constitué un vivier pour aspirants musiciens de différentes générations. Où Eminyx a fini par se caser avec le groupe de l’école, qui a vu le passage de quelques vedettes du moment. Au sein duquel il se fraie une vocation de saltimbanque. Bien qu’il soit assigné à la fonction de tambourineur. Mais, il accepte sans rechigner, déterminé à apprendre le métier sur le tas. Et le cas échéant, se muter en vocaliste tout en se cherchant un style par le biais de multiples prépondérances.

Subséquemment, Emmy a fini par se faire porte-vocal de petits groupes de débutants du Cap. Tels que : « Pop Koleksyon », « Alèz », « Ěvi konpa » etc. Qui lui ont donné l’opportunité de se prouver et d’échafauder son statut de chanteur. Une progression qui va continuer jusqu’à son déménagement pour Port-au-Prince, en vue des études universitaires. Tout en menant de front sa trajectoire de musicien. Pour rallier successivement les formations telles que : « Sekans », puis « Senbòl » d’orientation rétro, qui lui a permis de s’accoutumer au répertoire des : « Jazz des Jeunes », « Skah-Shah », « Magnum », « Déjean » entre autres. Une mutation qui l’a impulsé à mieux connaitre son registre. Puisque sa disposition d’interprète lui a infusé autant d’empreintes qui l’ont imbibé d’un gosier de caméléon, en plus inductible.

Ce qui ne l’empêche pas d’être convoité par le légendaire orchestre « Septentrional » qui a bien apprécié l’entregent d’Emmy, en le ramenant dans le giron régional pour l’introduire au sommet national. Et, avec lequel il a continué à se polir et à engranger les expériences du métier. Mais, à ce palier évolutif de son éclosion, il s’est vu offrir la possibilité d’aller s’établir au Canada. Où il a continué à peaufiner son art. Notamment en compagnie du maestro Duval avec lequel il fonde le groupe « Biznis » qui a eu son impact dans les coins de la ville. Avant de s’effriter  pour donner rails à une autre initiative avec le « Dekawo » ; lorsqu’il est contacté par un proche du groupe « Zenglen » de Miami, en l’occurrence Déner Céide. Afin qu’il rallie la bande à Brutus pour pallier aux absences répétées de Frérot.

Une proposition qu’il n’a pas acceptée tout de suite. Ayant à ce tournant préféré cultiver son nouveau canevas et se faire un nom pour lui-même dans les milieux de Montréal. Mais, lorsque le maestro Brutus est revenu à la charge pour qu’il intègre le groupe, Frérot qui avait des obligations avec son nouvel emploi, ne pouvait pas faire les déplacements à l’extérieur. Et, qui de mieux que Emy avec son phrasé adaptatif pour remplir les vides ? Ce qui ne lui a pas pris de temps pour reconsidérer l’offre, en décidant de mettre ses projets en veilleuse pour rejoindre le « Zenglen ». Un groupe dont il a suivi les différentes étapes et mimé en interprète avisé les démarches et moules des multiples vocalistes qui ont défilé depuis le début de l’aventure. De Didier Perezà d’autres en passant par Tiblada Delva, Cangé, Jean Baptiste, Desmangles.

Jusqu’au plus récent étendard vocal Wid, (qui est aussi passé comme un météore dans le groupe). Tout un éventail de tonalités diverses que Eminyx se doit d’émuler. Un défi qu’il a abordé avec sérénité. En prenant d’assaut l’arène du music-hall local, lors de ses premières tournées au pays. Qui l’a pris incognito d’abord dans son Cap natal ; qu’il a captivé amplement. Avant de convaincre les Port-au-Princiens, où il a eu son examen de passage au temple du konpa ; ainsi que d’autres contrées. De retour au fief du groupe en Floride, il est reçu en fils prodigue. Affiliation et facture régionalistes obligent. Tout aussi surprenant de le voir octroyer plus de titres sur l’album :’’ No dead end’’ ; par rapport à son devancier Frérot. En s’imposant avec ce dernier et l’étonnant Wid dans un épatant trio vocal.

Donnant le change et, en apportant des éclats dans : pòt dèyè, sa n fè yo, grèv bèbè, li lè li tan,  qui ont attesté de sa versatilité. Fort de cette plasticité de caméléon qui l’autorise à émuler tant de styles. Même en faisant preuve de similarité avec Frérot, dans les envolées aériennes comme dans: Sa n fè yooooo… ‘’. Auréolé d’une latitude de pouvoir voguer en dehors de ses zones de confort. Seulement il lui faudra aussi canaliser son originalité. En tout cas, avec son gosier inductible, il promet d’y injecter toutes les flaveurs vocales qui ont engendré la trajectoire du groupe. En plus de la nécessité d’imposer sa marque personnelle. Depuis qu’il est devenu le seul lead vocaliste à bord, après les départs simultanés de Frérot et de Wid. Ce qui le laisse en solitaire pour délivrer la prochaine production de « Zenglen ». Laquelle devrait être le moment de consécration pour Emi ; dans la mesure où il ait le gabarit pour perpétuer cet héritage assez grandiloquent.

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