Pleins Feux Sur : Eddy Saint-Vil

« Artiste discret et guitariste illustratif » | (Miragôane, 1960)

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Eddy Saint-Vil

Avec son air réservé, Eddy Saint-Vil personnifie bien le profil de l’artiste malgré lui. Pourtant, ce talent pluriel a toujours tenu le haut du pavé ; quel que soit la discipline dans laquelle il s’est engagé.  Déjà gamin, il est l’élève modèle des Frères Jean XXIII du Bicentenaire. Se prévalant dans les matières de base, ainsi que le sport. Evidemment, c’est à l’Institution Saint-Louis de Gonzague qu’il a fait preuve de sa consistance. En s’affirmant à la fois au niveau classique, aussi bien qu’au football, comme un prodige de l’académie sportive de ce fameux établissement. Il faut dire que les perspicacités scolaires et sportives ne sont pas les seules motivations de l’étonnant adolescent, qui s’entiche aussi de musique. Aussi infatué, qu’il s’est fait initier à la guitare par l’illustre Boulo Valcourt, qui à l’époque fréquentait son voisinage à Carrefour. 

En plus d’être largement impressionné par les griffes flamboyantes et singulières de son idole Eddy Woolley des « Difficiles », puis maestro du « DP Express ». C’est  ainsi que la vogue du temps lui a inspiré des prospections. Bien que, les obligations d’élève studieux, sous l’éducation rigoureuse de son père et, de footballeur émergeant ont pris le pas sur la musique qui n’est qu’un hobby à ce point. Particulièrement la guitare dont il s’est appliqué à ausculter les accords. Inéluctablement à son départ pour l’extérieur, étape nécessaire de générations consécutives ; et de brillants jeunes comme Eddy qui n’ont eu d’autre choix que de prendre le large pour avoir un avenir certain. Dans l’intervalle, il est admis au City College de NY, où il persiste dans ses démarches positives. Etudiant le génie électronique et, excellant dans les maths qui l’ont autorisé à être le tuteur de nombre de ses condisciples de classe de toutes origines. 

Et parallèlement à son explosion dans le football inter universitaire et l’opportunité d’avoir fait l’honneur de sa faculté, qui le lui a bien rendu dans des plaques honorifiques, ornant encore l’enceinte sportive de l’université. Toujours dans le même élan des clubs d’étudiants de jadis, des foyers universitaires et communautaires aux manifestations culturelles ; lesquelles ont motivé le jeune universitaire. Qui a eu l’idée d’apporter sa guitare ; qu’il avait longtemps négligée au profit des études, pour accompagner les ‘’performers’’ lors des célébrations estudiantines. En plus de l’encouragement de Jean Michel Théodate [1], et d’un entourage collégien qui lui est acquis. S’ensuivent ces petites fêtes de campus qui mettent entretemps en vedette, un jeune artiste en herbe. Il a pour nom : Alex Abellard, fils de diplomate et de prof émérite (l’un des miens), ayant tâté très tôt la musique de haut niveau dans ce duo :’’Hey’’ à succès, avec Danielle Thermidor.

C’est ainsi qu’entre Alex le maestro et Allan la star, Eddy est demeuré le leader discret du groupe, ’’l’homme tranquille’’, comme l’ont surnommé ses pairs.

Leur flair d’artiste inné les rapproche de plus en plus. Et Alex qui explorait déjà en jeune avant-gardiste les diverses sonorités périphériques dans son studio de fortune, en tandem avec le bassiste Gardy Jean Charles a demandé à Eddy de venir prendre part à l’aventure. À cette étape, les trois sont inondés par une nuée d’aspirants: Régine Thadal, Jean Emmanuel Thadal, Schéa Caze, Sito Cavé Jr parmi d’autres, et son ainé Allan Cavé, fils de poète et émulateur de Joël Widmaïer; qui ne fait pas pourtant l’unanimité, mais, a fini par s’imposer. Ensemble, ils ont formé l’ossature du groupe « Zin » dont les assises universitaires ont constitué les premiers supporters qui ont permis au jeune groupe de sortir des sentiers battus. Evidemment Eddy lui, pendant ce temps, doit retourner vers la case départ. Réapprenant ses sujets musicaux sur le tas. Au comble des sonorités dominantes de Réginald Benjamin, Ronald Smith, Tipolis, Claude Marcelin et autres.

En s’attelant à un style tout personnel, influencé par divers paramètres du konpa, infus de gammes pittoresques. C’est ainsi qu’entre Alex le maestro et Allan la star, Eddy est demeuré le leader discret du groupe, ’’l’homme tranquille’’, comme l’ont surnommé ses pairs. Composant les deux premiers tubes introductifs tels: ‘’Pa dekouraje’’, qu’il a d’abord chanté, avant de le céder à Allan. Et ‘’Fèm vole’’, l’un des méga-hits de cette époque ; ayant constitué avec : ‘’Nouvèl jenerasyon’’ (Skandal), ‘’Fidel’’ (Zenlen),‘’Sa fè mal’’ (Partners /Kajou), ‘’Flanm’’ (Emelyne), de véritables hymnes générationnels. Parallèlement au décollage du groupe « Zin », au sein duquel il a occupé les multiple fonctions de: guitariste, chanteur, compositeur, arrangeur, co-fondateur, administrateur et technicien du son. Il est aussi spécialiste à la Bell Communications à NJ. Bien qu’à ce tournant, et malgré l’obtention de sa maitrise en informatique, il décide de prioriser la musique.

Se mettant avec Alex pour changer les structures archaïques du show-biz local. Dans la consolidation d’un studio d’enregistrement, d’une compagnie de production et de distribution, et autres structures modernes qui leur ont permis d’être à l’abri des’’ B.S productions’’. En tout cas, sous l’entrain des cordes attrayantes de Eddy, le « Zin » est devenu un ‘’power-house ’’ dans l’arène musicale antillaise. En plus des ingrédients élaborateurs qui ont répandu autant de contagion d’une musique nouvelle et motivante. S’appliquant à briser les barrières dans la valorisation de voix féminines sur la scène du konpa. Et Eddy est tout à la fois, trônant dans l’ombre à la manière de George Harrison ‘’The quiet Beatle’’ au milieu des flamboyants Mc. Cartney et Lennon ; de même que pour Ed, en compagnie du démonstratif ‘’double Al’’.  

Des morceaux qui ont causé l’émeute lors des prestations du groupe sur les scènes du monde. S’affirmant dans l’industrie avec arguments, en composant pour et, produisant des artistes comme Shirley Desgrottes, Liza Williams, Chris etc. Jusqu’à ce que les clignotants se soient refroidis face aux aléas de la compétition. En plus des sautes d’humeur de la star Allan, qui a voulu voler de ses propres ailes. Dans cette période de crise, Eddy encore une fois a fait preuve de plasticité. Profitant pour décrocher une nouvelle maitrise en maths et en éducation, tout en renouant avec sa vocation de pédagogue. Sur les entre-faits, savourer une partie de football. Comme on l’a assidûment fait au cours des ‘’nineties’’, avec toute la bande au South-Shore H.S, puis à Seaview, à Brooklyn tout au début de ce millénaire. Me gratifiant par occasions des caviars de passes, dignes d’un Platini. Subséquemment, Allan s’est envolé ‘’en solo’’, alors qu’Alex lui énarque de son état a des projets en communication à réaliser. C’est ainsi que durant plus d’une décade, le « Zin » a su faire la part des choses. Etablissant une base de supporters épris de leur ‘’groove’’. Propulsé par la touche singulière et dualiste de Saint-Vil, diffuse d’une résonnance à la fois mélodique et eurythmique. Avec des accords de passage, des arpèges déclamatifs et des cordes chanterelles ; en plus des bémols aspergeant suavement les décibels. De toute façon, dans un contexte multidirectionnel, il a su pourvoir le style et le savoir-faire. Composant la majorité des tubes du groupe tels : pa dekouraje, fèm vole, tou kole, opa, men Zin, pou ou, nan nannan, pataje, pale palew, macho siwo, yo pou Zin, all the way, se ou, toi, yon lòt fwa, pawòl la pale, pap kitew ale, lanmou, ki mele m, kòmanw ye, ou jwenn bout mwen, pi rèd, m’anvi wèw, pa okipe l, di papi wi, boubout, hasta la vista, fèl pou mwen, pa gen danje, 3 lèt sèlman, ban mwen lanmou, aswè a, Rosie, i love you, li bon, groov la, vakans, happy birthday, banm tikal, padone m, chofe, lemante m, ti randevou, poko poko, koyo elt.  

Pendant qu’Eddy Saint-Vil de son côté est heureux de s’affirmer dans l’enseignement universitaire lui permettant de monnayer sa science. Puisque la musique n’est pas le seul medium  dont se nourrissent Ed and Al. Pas étonnant que le groupe s’est mis en veilleuse, sans même brûler ses dernières étapes. Laissant un ‘’fan-base’’ qui leur fait toujours la révérence à chaque performance de retrouvailles. Donnant à ‘’l’homme tranquille’’, l’opportunité au cours de cette dernière décade, de sortir de son sabbatique, dans ses coins de Georgia et ensuite la Floride. Afin de se ressourcer, mais surtout d’octroyer ce ‘’groove’’ dont il est l’un des élaborateurs et l’une des raisons que ‘’Yo pou Zin’’.

[1] Un remerciement spécial à mon condisciple Pierrot Théodat d’avoir contribué à ce profil.

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