Pleins Feux Sur : Daniel «Dany Lebeau» Pierre

« Un artiste météorite »|(Port-au-Prince - ?)

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Daniel «Dany Lebeau» Pierre

Débarqué en Floride avec ses parents alors qu’il n’a que six ans. Daniel a surtout connu les séances musicales d’un père révérend qui ne jure que par la musique œcuménique. Celle d’ambiance n’étant pas de mise ; l’obligeant à se servir d’un ‘walkman’ pour écouter les airs à la mode. Ce qui fait que le petit Dany a grandi sous une sorte d’austérité musicale, avec les claviers dans les tripes; sous l’œil avisé d’un papa qui est claviériste de son état. Qui l’autorise à s’innover en autodidacte au piano qui en est l’instrument-maison. Pourtant, un jour, alors que le pianiste attitré de l’église ne s’était pas montré. Son père lui a appris en deux trois mouvements les combinaisons tonales nécessaires pour animer la messe. Ce à quoi il a fini par prendre goût ; en devenant un membre hâtif du groupe de la paroisse. Et parallèlement, s’est aussi adonné au violon à la High School. Ajoutant d’autres éléments à son armada musicale en vue d’imminentes percées.

A ce carrefour, il explore les multiples sonorités périphériques. Autant que les vibrations ataviques de ses origines. Et s’est fait initier dans ce courant par des devanciers tels : Rigaud Duvernier, Charlot Raymonville entre autres. C’est donc à plein poumon qu’il veut se désaltérer à toutes les intonations globales, en faisant des courants prédominants : pop, r&b, hip-hop, rap, gospel, rock, konpa et de leurs dérivées, son apanage. Cependant, à côté de la musique il y a aussi les aspirations familiales. Pour un môme qui à l’école a toujours excellé en maths, sciences, chimie parmi d’autres. Et dont toutes les instances parentales et même personnelles prédisaient une carrière de disciple d’Esculape. C’est dans cette perspective qu’il a bénéficié d’une bourse pour des études universitaires à New-York. 

Mais, une fois installé au ‘’Big Apple’’, Dany n’a eu d’autres préoccupations que la musique. Qui ne cesse de hanter son imagination fertile. Et l’impulse souvent à emprunter le chemin du studio d’enregistrement pour des prospections musicales ; au lieu de la route d’une bibliothèque pour des études d’anatomie. Ce qui va se refléter dans ses résultats académiques. Donc, pas facile à digérer pour l’oncle de Dany qui l’a en charge à NY. N’ayant pas vu l’ombre d’aucune auscultation médicale chez son neveu. Qu’il a dû renvoyer chez ses parents en Floride. Lesquels se sont montrés plus intransigeants ; en lui refusant l’entrée de la maison. Finalement recueilli par une tante libérale qui s’entiche bien de musique de climat. En lui donnant l’opportunité de se focaliser sur une carrière musicale. 

A ce stade, il a retrouvé la route académique, imbu cette fois ci de ses priorités. En s’appliquant dans la composition, l’arrangement, la production, l’interprétation et le séquençage. En s’ajustant à s’édifier une marque dans cette espace d’expérimentation qu’est le hip hop ; incorporée dans les thématiques ‘’inter-nature’’ des vibrations planétaires. Dans la connection, l’articulation, la synchronisation de modules confluents. Comme instrumentiste, il tâche de fusionner le style conventionnel de ses débuts aux pulsations cross-over. Pour en puiser une allure synthétique, au-delà d’un claviériste ‘’bouche trou’’. Tout en s’arc-boutant d’un timbre vocal infus de phonation félidée avec des bonds de falsetto qui s’accommodent bien de tics hégémoniques. Dans une orientation qui se voulait universelle.

Réadaptation de hip-hop, pop, r&b rap, dance-hall font partie de son terrain d’exploration.

Toujours en s’impliquant dans d’autres initiatives fugitives ; jusqu’à sa rencontre avec Marco Polo en compagnie duquel il a formé le groupe « Solèy » au début des années 1990. Lui donnant l’opportunité de cultiver l’ambiance native, pour en puiser des fibres innées ; tout en y injectant des excentricités cosmopolites. Il y trouve sa brèche dans l’interprétation des tubes haïtiens et étrangers. Subséquemment, Dany s’est trouvé par hasard à jouer avec son groupe en lever de rideau d’une prestation du « Tabou Combo ». C’est l’époque des hits: konpa m se pa m, Amélie et aux Antilles qui l’a toujours emballé et, qu’il s’est permis d’interpréter. Dans une réplique qui a laissé tout l’ensemble pantois. Lequel n’a pas fait de détails pour solliciter la collaboration de ce talentueux jeunot qui possédait évidemment les atouts nécessaires pour insuffler de nouvelles perspectives à des super stars dépassés.

A l’entame, il s’est retrouvé au Power Station de New-York pour prendre part en collaborateur bénévole aux enregistrements relatifs à la sortie de l’opus : ‘’Rasanble’’ ; suite à la mise au rancart du groupe par le public. Pour leur association avec le régime du coup d’état sanglant de 1991. C’est dans ce contexte de creux de la vague que Dany Pierre devenu Lebeau est apparu comme l’agent providentiel. Afin de métamorphoser un effectif clopin-clopant, qui n’avait pas vu passer le cycle des générations. A une période où le hip-hop battait son plein. C’est ainsi qu’il est demandé sur le champ de se prouver. Et c’est en pleine séance d’enregistrement qu’il a composé les morceaux ‘’feel good’’ et ‘’anba anba’’ avec leur funky groove. Bien que n’ayant pas bousculé les concepts, ils ont propulsé une nouvelle star qui avec le look et le savoir- faire est devenue une sensation instantanée. Ainsi qu’un engouement retrouvé pour un groupe qui avait pris tant de rides.

Au sein duquel ‘’Lebeau’’ s’est installé confortablement à la fois en compositeur, arrangeur, pourvoyeur vocal avec un timbre inusité qui a donné un bain de jouvence au « T.C » ; mais aussi comme claviériste suffisant. Après les passages successifs d’Ernst Marcelin qui avait contribué par sa touche innovatrice et sa sonorité diffuse à la renaissance du groupe, conséquemment à la domination du zouk. Et relayé par Fabrice Rouzier qui a maintenu le cap avec son allure orchestrale. Des paramètres qui lui ont servi de modèles. Attendu qu’il s’est aussi acquitté dans ses propres voies, à dessein, des nappes sonores exultant du swing. Tout en expérimentant différentes approches du milieu ambiant. Mais, lorsqu’il a voulu enfiler du ‘’ansyto’’, il est rappelé alors à l’ordre par Herman Nau qui l’a informé des normes à ne pas franchir.

En tout cas avec le « Tabou Combo », Dany a pris part au cours d’une décade aux œuvres séquentielles : Referans, 360 degre, Sans limites, à travers lesquelles ses empreintes ont été dominantes dans les nouvelles démarches du groupe. Qui s’est bien apprêté de ses excentricités ‘’overlap’’, avec : loving you, freaking you, baby take me, party time, se wou m vle, etc ; qui se rangent de la ballade en fusion, cocktail konpa, zouk et calypso. Réadaptation de hip-hop, pop, r&b rap, dance-hall font partie de son terrain d’exploration. Dans un ensemble qui semblait vouloir faire peau neuve avec l’intégration des jeunots : Yves Abel, Ralph Condé, puis Gary Josama en plus de Dany  qui seraient les continuateurs d’un « Tabou » futuriste. Avec pour modèles les « Septent » et « Tropic » qui ont su bien se renouveler; en s’acquittant aux jeux des alternances.  Mais les décideurs ont préféré jouer aux dinosaures et prétendre émuler les increvables « Rolling Stones ». Juste pour mijoter un Shoubou dont le souffle s’est effrité au fond d’un verre depuis la nuit des temps.

C’est là (à part Nau), qu’ils n’avaient pas compris la portée de Dany, qui parallèlement a continué de prospecter d’autres avenues du business et du show. Incluant des randonnées avec Shedley Abraham, Touco Bouzi dans la collection :’’Les rois du konpa’’ ; apportant sa prépondérance dans l’ingénieuse réadaptation de yesterday des « Beatles ». S’engageant de même dans des projets avec Wycleft (qui n’a eu vraiment rien à lui offrir); et l’a continuellement tourné en rond. A une période où Dany a commencé à se détourner de plus en plus du « T.C » ; en quête d’autres opportunités plus probantes pour son énorme talent. Ce qui s’est produit avec son implication avec la fameuse compagnie d’édition et d’enregistrement EMI; qui lui a offert un contrat de prince. Devenant dans la 1ere décade de ce millénaire : compositeur, arrangeur, producteur maison de cette célèbre entreprise.

En plus de tout ça, Dany Pierre a aussi pris part à des musiques de film ; ayant mis en vedette l’acteur Will Smith.

Avec laquelle a débuté une nouvelle destination sur les autoroutes de la gloire. Après avoir côtoyé les sentiers du ‘’stardom’’ avec le « Tabou », au sein duquel, il a aussi tant appris. C’est le temps de donner de l’essor à sa carrière. Installé dans un superbe appartement de Manhattan pour s’adonner aux devoirs d’élaborateur musical. Disposant déjà d’un catalogue enviable qui l’a autorisé à collaborer avec l’anglais Robby Williams dans l’œuvre ‘’come undone’’. Lequel est le récipiendaire de multiples distinctions en Europe ; avec 18 millions d’exemplaires vendus. Où il a fini par se fixer, vivant entre Paris et Londres. Sans oublier ses associations épiques avec Gerry Wonder ainsi que Ashanti. De même que ses randonnées avec Thierry Cham. Et d’autres percées avec Joss Jones qui lui ont valu de fouler le tapis rouge du fameux Grammy’s.

En plus de tout ça, Dany Pierre a aussi pris part à des musiques de film ; ayant mis en vedette l’acteur Will Smith. Et d’autres quêtes qui ont jalonné sa formidable trajectoire. Ayant aussi connu quelques revers en Europe où il a vécu près d’une décennie. Dans quelques investissements qui n’ont pas fait mouche. Mais, avec un catalogue  contenant des millions d’œuvres vendues ; dans un milieu où le dynamisme et la vogue mutent constamment. Dany a décidé de retourner au bercail en Floride pour renouer avec le terrain médical, ses anciennes amours. Où il a pris sa retraite de la musique ; en s’associant à Palm Beach dans une compagnie qui a pour but de donner une profession de RN (infirmières licenciées) et LPN (infirmières auxiliaires) à nombres de femmes et d’hommes de sa communauté. Ce qui reste pour lui le plus grand motif de satisfaction ; que de pouvoir aider des gens à prendre en main leur destinée. Quant à la musique, il est toujours à l’écoute et s’entiche de « Klass ». Pour dire, que le feu musical brûle encore.

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