Pleins feux sur : Billy Wiener « Blan » Fleurima

« Un artiste pluridimensionnel » | (P-au-P – 1954)

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Billy Wiener « Blan » Fleurima

Déjà à l’âge des culottes courtes, il est connu dans la ville comme le rejeton de père Fleurima. Le p.d.g d’un atelier d’ameublement, situé juste aux alentours du Stade Sylvio Cator à la Rue Oswald Durand. (Qui est pourtant l’un des compétiteurs de mon père). Entre temps Billy s’applique aux études ; entre l’odeur de la colle forte, le bois vernis et les vocalises d’une mère choriste paroissiale. Tandis que ‘’Blan’’, suite à des primaires appliqués chez les frères de Jean Mary Guilloux et du Sacré cœur, s’est retrouvé au lycée Toussaint. Une période qui correspond à l’éclosion des mini-jazz qui vont lui donner des idées. Spécialement le « Tabou Combo » dont le guitariste accompagnateur Jean Claude Jean  le motive à jouer cet instrument. Imbu de son agio, son père lui fit don d’une guitare.

De là, l’adolescent s’est appliqué à explorer les dessus et dessous des cordes. Avec l’aide de Yvon Louissaint qui lui donne les premières notions préliminaires. Ainsi que Jules Moscoso avec lequel il a bâti un partenariat dans des données évolutives. Tout en restant attaché aux travaux de menuiserie de l’entreprise familiale. Mais aussi, s’entiche de peinture ; encouragé par quelques manitous de cette discipline, comme les fameux Gourgue et Beauvoir ; qui habitent dans les contours de Martissant où Billy a aussi résidé. Donc, avec autant de cordes à son arc, l’avenir s’annonce radieux pour ‘’Blan’’ Fleurima, doté d’un charisme lui donnant autant d’ailes pour voler. Pourtant, au début des années soixante-dix, l’exode de la population vers d’autres pays s’amplifie. C’est ainsi que Billy accompagné de sa mère a pris le cap pour NY. Là, il va pouvoir faire ses débuts de professionnel, lorsqu’il est sollicité pour faire partie du groupe « Les Stars », avec A. Saintil, Ralph Cadet, les frères Solages et autres.

Billy s’est trouvé un espace avec la dernière version des « Gypsies » dite ‘’kiyè bwa’’ sans Martino, sous la conduite de Pierrot Al-Khal.

Au milieu des années 1970, « Les Stars » ayant décidé de faire un tour au pays où ces teenagers dans le vent sont attendus. Mais, à l’air-port c’est le branle-bas, car les agents du régime ont décidé de confisquer les instruments du groupe, sous prétexte que les musiciens avec leur chevelure gigantesquement ‘’Afro’’ y cachaient des stupéfiants. Une occasion pour la dictature d’ordonner à toute la population de se débarrasser de leur coupe ‘’Afro’’. A moins qu’on ait décidé (comme moi) de se mettre en quarantaine ou de se munir de sa casquette ad-vitam eternam. Mais là encore, les risques sont énormes. Entretemps, Billy fort des connections de son père a pu reprendre ses activités. Pour rallier le « Samba Créole » du maestro et guitariste virtuose Guy Rosemont. Auréolé d’un premier prix carnavalesque avec la meringue ‘’kaporal’’.

Subséquemment, Billy s’est trouvé un espace avec la dernière version des « Gypsies » dite ‘’kiyè bwa’’ sans Martino, sous la conduite de Pierrot Al-Khal. Une formation dans laquelle, les hommes des cordes : Polis, Claude Marcelin, Toto Laraque se bousculaient, avec Billy qui fait figure de transfuge. Et parmi ces guitaristes émergeants, ‘’Blan’’ a su faire part de son toucher fluide et sobre, tout rayonné d’éclectisme du fait de tant d’influences ; avec des contours buissonniers qui montrent qu’il se cherchait encore au gré d’un processus évolutif. A cette étape tumultueuse qui marque la fin de la génération mini. C’est la nouvelle vague, dotée de ‘’horn-section’’, avec le « DP Express » et le « Scorpio » qui fait recette. Et c’est au sein du second que Billy s’est niché. Attendant que l’un de ces deux larrons, soit Robert ou Sensen lui fassent une passe.

Tout en se contentant souvent d’être part d’un trio électrifiant de choristes avec Pedro Souffrant (l’autre blanc), Mario Jn. Gilles. Animant avec exubérance l’avant-garde de la bête. Àla fin des seventies, suite à une ultime tournée avec le « Scorpio », Wiener a décidé de regagner ses pénates new-yorkaises. Et, entreprenant différentes étapes de majoration, il rallie le « Thamad Fever », en tandem avec l’avant-gardiste Michel Laraque dans de plus amples prospections. Rejoignant ensuite le projet « Mini All Stars » au sein duquel il a constitué un duo de guitaristes complémentaires avec Edward Richard. Une occasion pour montrer sa dualité de guitariste créatif, dans la concoction d’un toucher aussi mélodique qu’eurythmique. Apportant aussi son ‘’stardom’’, de même que ses compositions dont quelques une, telle : fas a fas, qui a fait mouche. 

S’imposant en ce sens comme l’un des piliers de ce groupe qui a finalement brûlé les étapes. Laissant Billy vaguer à d’autres associations fugaces ; incluant des ‘’gigs’’ avec le « Tabou ». Ensuite, il prit du recul par rapport à la musique pour renouer avec ses premiers béguins. En allant bosser pour une compagnie d’ameublement à Brooklyn, qui lui a permis de retrouver ses sensations d’artisan et de décorateur. Et de se ressourcer dans l’ambiance de son enfance. Ce qui lui a été bénéfique, dans la réactivation de ses talents de menuisier, de peintre et de brio manuel qu’il a pu bien monnayer. Cependant, l’âme damnée de la musique ayant refait surface, il recouvre la scène au sein du nouveau groupe « Traffic » de parcours éphémère. Et, un dernier bond qui le pousse à la formation de « Sousa » avec lequel il introduit un jeune guitariste tout en ‘’cross-over’’ du nom de Makarios, dans un konpa de saveur syncrétique, qui a marqué l’orientation novatrice du musicien, ainsi que du guitariste Wiener Billy Fleurima.

Entretenant encore son image multidirectionnelle d’artiste passionné. Partageant sa vie entre ses dons d’artisan façonnier. Pouvant transformer une espace inappropriée en appartement confortable et moderne. Une visite chez lui à Queens montre comment il peut transformer un sous-sol familial en state-of-the-art studio de son, avec son installation de pointe, son ameublement de classe et ses beaux tableaux qui composent le décor de ‘’Billy’s Gallery’’. Où il anime son émission de variétés sur les medias sociaux. Encore investi de projets, ce dandy intemporel, qui adore aussi l’ambiance familiale, se coiffe dans sa carrure de pose. Quant à la musique, il n’a jamais cessé de remettre ses ouvrages à l’heure. Pour lui, après avoir exploré autant de courants. C’est à travers le jazz qu’il s’est enfin trouvé, en s’inspirant de plus en plus de son idole George Benson. Et c’est ce qu’il est entrain de mijoter avec la complicité du guitariste crédible Rousseau Telfort ; dans des sortilèges bien jazzistiques.

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