Partira, partira pas?

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Jovenel Moise se défend bec et ongles pour se maintenir à la présidence du pays, malgré la date d’échéance de son mandat constitutionnel qui arrive à terme.  Il n’a plus que quelques jours devant lui pour achever sa grande braderie, mais rien n’indique qu’il va se laisser faire.

Il y a un réel consensus majoritaire dans le pays pour que le dimanche 7 février 2021, l’actuel président tire sa révérence. En face de lui, il y a non seulement une coalition d’organisations et de partis politiques qui disent vouloir à tout prix l’empêcher de faire une entorse à la constitution ; mais aussi le plus important, il y a les masses populaires qui en ont marre des conditions dans lesquelles elles vivent.

Les dirigeants de la dite Opposition sont enfin parvenus à un accord pour se substituer à la place de Jovenel  mais sont-ils effectivement les représentants légitimes de l’expression de la volonté et de la confiance populaires ?  Leur comportement dans le passé n’a-t-il pas toujours traduit la trahison et l’infidélité à l’endroit de la lutte des masses défavorisées ?

Changer de route signifie : de rompre complètement  avec la soumission aux exigences des puissances capitalistes.

Certes, ce régime vomi par les masses doit être remplacé qu’il le veuille ou non. Ce qui est fondamental, aujourd’hui, il ne s’agit pas de changer de chauffeur, comme l’indique  l’Accord Politique de l’Opposition sur la Gouvernance de la Transition de Rupture mais de route et de voiture. Changer de route signifie : de rompre complètement  avec la soumission aux exigences des puissances capitalistes.

La réalité est à notre avis toute autre. Bien que nous partagions pleinement l’idée de forcer le PHTK à quitter le pouvoir, mais pour l’essentiel est-ce dans la perspective de préparer les conditions pour que le pouvoir change  d’un président à un autre  comme on avait remplacé Michel Martelly par Jocelerme Privert ? Manifestement,  cela n’a abouti qu’aux mêmes résultats : les puissances impérialistes ont imposé leurs quatre volontés.

Une telle transition comme l’annoncent les ténors du document de transition ont choisi d’exclure nettement toutes les énergies créatrices des organisations populaires qui resteront manifestement sur la touche, dans l’expectative ; ce qui au départ n’est pas par accident. Ce rendez-vous équivaut à une catastrophe annoncée. Une mission de sauvegarde des intérêts d’une classe bien déterminée au détriment d’une autre. Cette complicité ne peut-être plus grave, plus ignoble. Ce partage de gâteau entre les dirigeants d’une certaine opposition ne peut être plus criminel.  

Où est la rupture avec le passé dans la feuille de route que le gouvernement de transition aura à gérer? Derrière ce paravent pour la continuité, il est clair que les chefs de parti, de surcroit candidats à la présidence, ne sont pas prêts à laisser leurs privilèges et leurs pouvoirs au profit des aspirations populaires.

Il est temps que la majorité des travailleurs de la classe laborieuse et paysanne sur tout le territoire national mette enfin hors de jeu cette minorité de politiciens de tout acabit qui ont un seul métier, celui d’être des agents cyniques de la classe des exploiteurs internationaux. 

Le pays est tenu en haleine. Partira, partira pas ? Ce n’est que spéculation, vraisemblablement pour continuer à bafouer la population dans sa dignité de façon à réhabiliter ce qui ne saurait être ou ne devrait être réhabilité.

Nul ne sait quand ou comment on procèdera à cette transition de rupture. Comment alors avancer si l’on ne sait pas clairement vers quoi l’on se dirige, si ce n’est pas une stratégie qui tend à assurer vers un certain contrôle de Washington ? Que l’on nous dise, une fois pour toutes, quand et comment cette transition entre ces frères et sœurs de classe aura lieu. 

Que Jovenel Moise parte ou qu’il ne parte pas, il est un fait certain: cette classe politique haïtienne ne pourra pas être réformée

Il ne faut jamais perdre de vue cette classe politique opportuniste dont leur formation idéologique les prédispose à préférer les forces capitalistes de vie à la vie socialiste soudant le peuple à son pays dans toutes les épreuves de l’existence, bannissant toute exploitation de l’homme par l’homme.

Le changement dont rêve le peuple haïtien ne doit pas être une épreuve de vitesse mais une course de fond pour la transformation réelle de la société. Il doit être l’expression de tout un peuple organisé, prêt à combattre et abattre toutes les barrières placées sur son chemin pour l’empêcher d’aller vers un devenir qu’il a construit de ses propres forces; mais non l’apanage des mêmes clientèles des forces réactionnaires.

Que Jovenel Moise parte ou qu’il ne parte pas, il est un fait certain: cette classe politique haïtienne ne pourra pas être réformée ; elle ne peut même pas être réformiste, voire révolutionnée. Elle restera un instrument docile et servile aux services des puissances capitalistes dominantes.

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