Panorama d’une polémique au sein de la classe politique

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Alors que les masses défavorisées en ont marre et exigent dans des manifestations quotidiennes un changement de leurs conditions d’existence, la classe politique fonctionnant au service de l’élite économique du pays ne rêve que d’une entente politique. Incapable de résoudre les problèmes majeurs qui accablent la société, elle ne souhaite pourtant, en tant frères et sœurs de classes, qu’un simple remplacement du gouvernement de facto par des solutions cosmétiques.

C’est dans ce contexte que nous devons comprendre l’expression d’une certaine polémique ambigüe existant entre les acteurs d’une même classe politique, ayant les mêmes intérêts, identifiés par les Accords de Musseau et ceux de Montana, GREH, PEN modifié, etc. En fait, cette polémique masque leur désarroi et leur panique. Ces partis ou organisations, sorte d’amalgame « droite et gauche », rabâchent les mêmes propos pour présenter un simulacre de nouveauté avec les mêmes vieilles recettes qui ont dominé la scène politique depuis ces trente dernières années, à savoir les idées qui ont conduit le pays à la banqueroute.

Dans ce malaise général, les principales forces en présence sont ces hommes et femmes au pouvoir qui pillent, dilapident et gaspillent les caisses de l’État et ceux-là d’une prétendue opposition qui n’ont pas encore accès au Trésor public, mais militent activement et cherchent à s’en accaparer par tous les moyens possibles et imaginables. Ces deux protagonistes d’Accords qui n’ont aucune divergence fondamentale représentent, justement, deux ailes d’une classe politique moribonde et d’un système pourri qui offre aux oligarques tant nationaux qu’internationaux, toute la latitude pour contrôler et orienter l’économie et les politiques du pays.

Loin de constituer le fer de lance d’une transformation profonde de la classe opprimée, elle s’adonne plutôt à redonner une légitimité aux patrons économiques du système.

A ce stade, la seule certitude en termes de résoudre la crise sociopolitique du moment signifie pour le courant de l’Accord de Montana, une entente consommée des deux Accords de la classe dominante. Voilà pourquoi Jacques Ted Saint-Dic, membre du BSA (Bureau de Suivi de l’Accord) a fait appel aux patrons de l’élite économique haïtienne en les invitant à prendre leurs responsabilités en tant que dirigeants et à œuvrer dans la recherche d’une solution pour le dénouement de la crise actuelle au lieu de se tenir à distance pour faire des recommandations : « Ils ne doivent  pas se comporter comme s’ils étaient de simples spectateurs dans ce qui est en train de se passer dans le pays », a-t-il indiqué.

La débâcle semble atteindre son paroxysme. Compte tenu de l’Accord de Montana dans lequel certains opportunistes de droite comme de gauche se vantent et se présentent comme les champions d’une certaine « solution haïtienne » qui n’a jusqu’à présent servi que de tremplin pour la réorganisation des forces politiques bourgeoises. De sorte que la page ne tourne guère, et que l’État resterait une grosse vache à lait qui devrait avoir une mamelle pour chaque bouche de la classe politique.

La notion de transition annoncée est un récit politique palliatif. Loin de constituer le fer de lance d’une transformation profonde de la classe opprimée, d’un réveil de la lutte des masses exploitées, elle s’adonne plutôt à redonner une légitimité aux patrons économiques du système, de façon à réconcilier les forces rétrogrades discordantes.

« Nous, au niveau de l’Accord de Montana, nous avons joué notre rôle pour mettre ensemble des secteurs diamétralement opposés dans le temps pour aboutir à la signature dudit Accord et nous continuons d’agir pour arriver à un plus large consensus afin de résoudre la crise », a encore martelé Saint-Dic.

La Transition veut avant tout favoriser entre la soi-disant opposition et le gouvernement sinon un dialogue quelconque, mais au moins des négociations, qu’elles soient obtenues par la persévérance et la patience ou par une confrontation à l’amiable allant jusqu’à utiliser, voire détourner les manifestations populaires susceptibles de conduire le gouvernement de facto à revoir certaines de ses décisions pour les accommoder au pouvoir.

Ce n’est pas par hasard, si les manifestations en cours n’ont aucune direction unitaire ni un programme minimal, sauf les revendications populaires qu’on exploite à leur profit. Des courants alliés aux Accords sont en train de créer la confusion au sein de la mobilisation populaire pour une subordination du mouvement de mécontentement et de revendication aux manœuvres des Accords. Tous ces signaux politiques indiquent avec clarté que la campagne d’opinion insensée, cette polémique ouverte qui se déroule entre les candidats à la présidence en campagne électorale dans le cadre des manifestations pourrait entrainer les masses populaires, sur des bases partisanes, à un affrontement entre elles. Une telle situation n’est pas pour favoriser le dégagement d’un consensus populaire révolutionnaire en vue d’une solution durable à la crise.

Il est temps que le peuple sache que cette classe politique  cadavérique, repère de bandits, de trafiquants d’armes, de drogues correspond exactement aux intérêts des mafias des puissances impérialistes pour la généralisation du chaos dans le pays. Elle ne saurait apporter rien de tangible, de déterminant au peuple haïtien pour satisfaire ses principales revendications. Aucun des problèmes fondamentaux du peuple haïtien ne pourrait être résolu par cette classe politique. Vu que le dénuement de la grande majorité de la population n’a d’égal que l’enrichissement insolent de cette minorité.

Il est donc venu le temps de changer de système politique, de nettoyer cette écurie d’Augias peuplée de politiciens corrompus et incapables. C’est le moment de se débarrasser de ces partis politiques ou toute autre organisation du même acabit, de la corruption et de l’inaptitude du système politique oligarchique qui ont amarré le pays aux basques de l’impérialisme américain, le privant ainsi de toute base d’indépendance nationale.

La transformation de ce système est devenue une question de vie ou de mort. La seule alternative concrète à cette crise reste et demeure une rupture totale, c’est-à-dire, un changement global, fondamental et radical avec cette oligarchie corrompue représentée par cette classe politique au sein des Accords Musseau et Montana parmi lesquels on retrouve les autres laquais de l’élite économique dominante.

C’est une porte ouverte à la surenchère, une polémique inutile qui n’aidera à rien, sauf pour nous emmener à d’autres impasses. Tout autant où nous n’arriverons pas à résoudre cette contradiction principale, nous ne saurons entrer dans une dynamique de changement pour la transformation révolutionnaire de notre société. Le peuple organisé doit amorcer l’inévitable crépuscule de cette classe politique oligarchique afin de tourner enfin cette page de honte, d’indignité et de déshonneur.

Bref, c’est une polémique à jeter dans les poubelles de l’Histoire.

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