On ne change pas un pays seulement avec des mots…

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Jean-Jacques Dessalines

« Celui qui ne sait pas est un ignorant. Celui qui sait et qui se tait est un criminel. »

(Bertolt Brecht)

 

Depuis le 7 février 1986, les politiciens, les journalistes, les universitaires, les illettrés,  les syndicalistes, les professeurs, les prêtres catholiques, les pasteurs protestants, les vodouisants, les commerçants, les petits agriculteurs, les porte-faix, les prostitués, les croque-morts, les riches, les pauvres… ont transformé Haïti en une « République » de palabres. Francis Farrugia a déjà statué sur le phénomène du « syndrome narratif » qu’il a relevé à travers les héros de certains grands écrivains comme Cervantès, Camus, etc. Par rapport au constat tiré de l’évolution de la crise politique et économique actuelle qui étrangle Port-au-Prince et ses provinces, la psychanalyse freudienne – si l’éminent savant était encore de ce monde – aurait probablement évoqué la présence d’un « syndrome de divagation verbale et scripturale » qui se manifeste à un niveau macrosociologique. En clair, – et étonnamment –  la « liberté d’opinion », à laquelle aspiraient les masses haïtiennes durant toute la période de la dictature de 1957, parvient à suppléer les autres « libertés » qui demeurent pourtant tout aussi fondamentales pour construire une « démocratie » sans doublure, au sens qui objective l’aboutissement heureux d’une lutte populaire contre un système de gouvernance ploutocratique et totalitaire.

 

« Un con qui marche ira toujours plus loin qu’un intellectuel assis. »

(Michel Audiard)

Parler n’est pas Agir. La pensée philosophique se matérialise dans les actes. John Fritz Gérald Kennedy aurait déclaré un jour : « Le peuple peut dire ce qu’il veut. Mais il n’a pas le droit d’agir. » Une telle exclamation n’est pas difficile à comprendre et à interpréter : c’est la capacité de prendre des décisions et d’agir dans le sens des intérêts collectifs qui habille de gloire et d’honneur les grandes femmes et les grands hommes qui ont pavé durablement le trajet sinueux et escarpé de l’Histoire. Jean-Jacques Dessalines, le fondateur de la patrie,  s’enflamma : « Je ne veux garder avec moi que des braves…! Que ceux qui veulent redevenir les esclaves des Français sortent du Fort! Que ceux au contraire qui veulent mourir en hommes libres se rangent autour de moi! » Après ces paroles héroïques, s’en suivirent des actes courageux. La Crête-à-Pierrot résista contre l’assaut des « Blancs » de Leclerc et de Rochambeau. À Vertières, l’Épopée se réimprima! Et ce « Grand pays », dont nous sommes tous fiers, devint un Symbole planétaire de désasservissement de l’Être. Une Étoile de « Dignité » des peuples déshumanisés dans les chaînes de l’abomination esclavagiste.

En été 2010, nous assistâmes à une conférence sur l’assassinat  de Patrice Lumumba. La rencontre était organisée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) par des professeurs congolais. Pour situer historiquement le débat, les trois intervenants projetèrent un film documentaire sur les circonstances événementielles qui conduisirent au meurtre odieux de l’enfant de Katako-Kombe. Quarante et un ans après, le 15 mai 2002, l’officier belge, Gérard Soete, aura avoué son crime monstrueux sur la place publique : «J’ai découpé et dissous dans l’acide le corps de Patrice Lumumba. En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. »  Ce leader congolais noble, patriote et sincère voulait élever son pays au rang des nations qui résistent à l’impérialisme et à la colonialité. Nous les écoutions raconter, comme d’autres l’avaient fait cent mille fois avant eux, le drame, la tragédie politique qui secoua Elisabethville – aujourd’hui, Lubumbashi sud –   dans la nuit effroyable du 17 janvier 1961. Quand personne n’avait plus rien à dire, plus de questions à poser aux conférenciers, nous sollicitâmes la parole à notre tour. L’intervention – que nous paraphrasons pour vous – souleva dans la salle des réactions chaudes et positives :

« Mesdames/Messieurs,

Si nous ne nous trompons pas, cela fait environ 50 ans que Patrice Émery Lumumba, le Premier Ministre de la République du Congo démocratique   fut assassiné sous l’ordre du roi des Belges, Axel Marie Gustave Baudoin, qui utilisa les bras du triste et monstrueux président katangais, Moïse Tshombe. Cet assassin qui a continué à nier son implication dans les faits qui lui sont reprochés eut le soutien de la Belgique et de la France. Lumumba dénonçait le pillage des richesses de son peuple. Et prônait la nécessité que l’Afrique appartienne à ses filles et à ses fils.  Derrière le crime, les analystes politiques ont vu aussi – comme toujours – le cerveau de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Chaque année, vous vous réunissez au Canada et ailleurs, pour répéter à l’infini ce que savent toutes les personnalités qui font partie de l’assistance. Et pourquoi pas la terre entière. Parler, c’est tout ce que nous accordent en guise de privilège les anciens colons, les anciens maîtres de l’Afrique et de l’Amérique. Dans les années 1960, il y eut dans votre pays un mouvement de guérilla mené par le jeune Laurent-Désiré Kabila, dans l’espoir de renverser le régime étatique dictatorial de Mobutu Se Seko, appuyé par des dirigeants influents de la communauté internationale. Che Guevara et d’autres camarades militaires cubains se portèrent à la rescousse du jeune Kabila. Mais la rébellion armée échoua. Les Cubains abandonnèrent le terrain. Guevara disait que la République démocratique du Congo n’était pas encore prête à réaliser – bien sûr à sa façon – le miracle que Cuba venait d’accomplir en Amérique.

Laurent-Désiré Kabila reprit les armes en 1996. Il fonda avec d’autres groupes rebelles l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre. Le 17 mai 1997, Mobutu Se Seko perdit le pouvoir. Le président déchu s’exila. Laurent-Désiré Kabila parvint à la tête du pays rebaptisé la République démocratique du Congo. En 2001, Kabila est assassiné à son tour dans son palais, dans des circonstances nébuleuses. Son fils Joseph Désiré Kabila le remplace. La République démocratique du Congo replonge dans ses tourmentes politiques, économiques et sociales. Les « tigres » de la communauté internationale continuent de piller ses richesses. La population congolaise se débat dans une pauvreté indécente. Des paysans prennent le chemin de l’exode interne et externe.

Nous vous avons  écoutés durant plus de deux heures. À aucun moment, vous n’avez évoqué l’avenir de la République démocratique du Congo libérée du joug des États impériaux. Vous ne nous avez pas laissé l’intelligence d’entrevoir les actes qui seront posés par vous et par vos compatriotes intellectuellement privilégiés, afin que le rêve de Patrice Émery Lumumba soit incarné dans la création d’un État congolais révolutionnaire… Vous nous donnez l’impression d’avoir peur des mots…» 

Nous avions aussi ajouté que dans toutes les luttes politiques où la « raison » arrive à triompher de l’ « absurde », c’est la « force » qui s’est rationnellement opposée à la « force ».      

La seule voix contestataire qui s’était élevée ce soir-là dans la salle, ce fut celle d’un soi-disant membre influent de la communauté haïtienne à Montréal. Celui-ci pensait que nos remarques étaient allées trop loin. Et que le concept de « révolution » n’avait pas sa place dans le débat. Il y eut aussi ce jour-là dans l’assistance, l’ex-député lavalassien de la ville des Gonaïves, Jean-Laurent Nelson.

Après son discours «  L’histoire m’acquittera », dans le cadre du procès qui fit suite à l’échec sanglant de l’attaque déclenchée contre la caserne de  Moncada à Santiago de Cuba le 26 juillet 1953, Fidel et Raul Castro, emprisonnés d’abord par Batista et exilés ensuite à Mexico, comprirent la nécessité de matérialiser leurs idées constructives de visionnaires politiques, sociaux, économiques et culturels. Ils avaient agi en privilégiant les moyens de lutte qui sont subjugués par la conscience patriotique, les convictions idéologiques de changement sociétal et les croyances solennelles en un monde révolutionnaire équitable…  C’est dans la Sierra Maestra que la « Parole s’est faite chair ». Et jusqu’à présent, malgré vents et marées, la « Révolution » cubaine est encore parmi nous et avec les peuples opprimés par le néocolonialisme. L’œuvre  monumentale » des frères Castro, de Guevara, de Cienfuegos, de l’équipe héroïque du Granma… continue de survivre, avec fierté et dignité, à l’embargo économique de John F. Kennedy et de tous les présidents hégémonistes qui ont séjourné à la Maison Blanche de 1963 à nos jours.

Les États bourgeois et impériaux ont décidé entre eux que les populations du Sud n’ont pas « droit au bonheur ». Nous comprenons qu’ils font partie de la famille des « charognards » qui s’engraissent avec la chair putréfiée des cadavres de leurs « esclaves ». Ils donnent  la mort. Et  ne sèment pas la vie. Voyez comment dépérissent les mineurs en Afrique du Sud ! Atteints de la tuberculose, les misérables travailleuses et travailleurs n’ont pas les moyens de se faire soigner dans les grands hôpitaux. Ils se voient abandonnés sur les trottoirs de la pauvreté, après avoir offert durant plusieurs années leur santé en sacrifices aux capitaux assassins de la « mondialisation ».

Comme l’acteur John Wayne dans « Le jour le plus long », au moment du débarquement des alliés sur la plage de Normandie, les Sud-africains qui luttent contre les maladies terribles dont ils souffrent doivent se demander : « De quel côté se trouve le Bon Dieu…? »

Patrice Émery Lumumba
Patrice Émery Lumumba

Pour que le vent tourne de bord

Les paroles du pape François continuent de résonner comme une serinette de réveil aux oreilles des prolétaires et des intellectuels progressistes qui essayent d’ériger marche par marche l’escalier du chambardement planétaire qui fera lever une nuit les écluses du grand rêve de changement porté par les exploités du capital. Le Chef du Vatican croit que la lutte des pauvres – parce qu’elle est juste –  finira par enrayer le terrorisme du néolibéralisme.

Le Prix Nobel de la Paix, l’Argentin Adolfo Pérez Esquivel du « Service Paix et Justice (SERPAJ) a écrit une lettre au président Barack Obama avant que celui-ci soit allé à Cuba le 20 mars 2016. Il a rappelé au dirigeant des États-Unis les paroles prophétiques du pape François dans le cadre de la « Rencontre des mouvements sociaux en Bolivie » : «Le futur de l’Humanité n’est pas seulement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et des élites. Il est fondamentalement entre les mains des peuples. »

Le pape François est un érudit théologue, un militant solide des droits humains, un visionnaire politique. Il sait que les « mots », à eux seuls, ne suffisent pas à changer la face du monde. Néanmoins, ils permettent de réfléchir, de rassembler, de revendiquer, d’organiser et de lutter.

Les États signent des accords de paix. Mais font aussi la guerre pour protéger leurs intérêts. L’ « Organisation » consacre et rationnalise la « Force » qui devient un facteur de « persuasion » ou de « dissuasion » dans toutes les formes de lutte sociale, politique, économique et culturelle. Le syndicalisme demeure le lieu où s’exerce la « force » des ouvriers et des ouvrières contre l’exploitation patronale. Le parti politique regroupe des individus d’une même tendance idéologique qui aspirent à prendre le pouvoir par  les urnes ou par la lutte armée, afin d’ « implémenter » –  nous avons fait usage d’un anglicisme –  un projet de société.  Et ainsi de suite…

Le dernier discours du commandant Fidel Castro au 7ème Congrès du Parti communiste de Cuba est un Hymne au socialisme révolutionnaire qui a su prendre glorieusement sa place en Amérique à la barbe du Département d’État et du Pentagone.

Les États occidentaux « pilleurs » n’accordent pas d’importance aux « grands parleurs, petits faiseurs ». Ils les considèrent comme des « ivrognes » ou des « drogués » qui délirent sous l’effet de l’alcool ou de la « cocaïne » et qui perdent les notions du  « temps » et de la « réalité ». Pour faire rire et réfléchir, le regretté Coluche et le génial Woody Allen se partagent une citation cocasse : « Le fascisme, c’est ferme ta gueule; la démocratie, c’est cause toujours ?»

Le comble du paradoxe : c’est dans les disciplines qui font couler le plus souvent de la « bave intellectuelle stérile » que les universités du centre accordent les bourses aux étudiants de la périphérie : philosophie, sociologie, politologie, sciences juridiques… Ces pays, de préférence, auraient besoin d’experts formés dans les domaines pointilleux des Sciences et Technologie (S-T) par lesquels les régions nanties qui font partie du « club des sociétés industrielles » aient pu gravir le sommet du développement durable. Les régions défavorisées disposent-elles des compétences adéquates et des ressources économiques nécessaires pour aménager sur leurs territoires des lieux d’infrastructure de recherche scientifique moderne ? Les grands savoirs technologiques demeurent encore inaccessibles aux pays en voie de développement. C’est ce qui explique leur retard économique et financier considérable sur les sociétés impérialistes ou émergentes, comme les États-Unis, la France, le Canada, le Royaume uni, l’Allemagne, la Russie, la Chine, le Japon, l’Afrique du sud, le Brésil, etc.

Un État ne peut pas évoquer – voire réclamer pour lui-même – le concept d’ « autodétermination » s’il est incapable de produire des biens et des richesses en quantité considérable et significative, de façon à satisfaire les besoins primaires, basiques, essentiels qui garantissent – au  moins – la survie décente de sa population. L’enrichissement des nations industrialisées dépend amplement de l’adoption et de l’application de ce que Joseph E. Stiglitz (1) appelle la « stratégie économique expansionniste ».

L’autodétermination pour un État, n’est-ce pas le fait qu’il soit tout à fait en mesure de construire son « avenir » ? De tracer et de suivre sa propre voie politique tant dans l’environnement intrasociétal qu’extrasociétal ? Libre de prendre des décisions, d’adopter des mesures dans l’intérêt de la Nation? Libre de combattre toutes les formes d’ingérence internationale sur son territoire, conformément aux principes réglementaires introduits dans la Charte des Nations unies en 1951 ? Et selon les dispositions des droits et des devoirs prescrits dans la Constitution dont il se dote pour la « gouvernance équitable » de ses citoyennes et citoyens.

Pour qu’un peuple puisse disposer de lui-même, il doit parvenir à maîtriser les connaissances théoriques et pratiques qui ont permis à d’autres nations de franchir les barrières du sous-développement et de s’installer dans les compartiments confortables des progrès technologiques et économiques ? Sans le pouvoir de création de la richesse que nous avons préalablement souligné, les zones périphériques n’échappent pas à l’humiliation de la pauvreté et au lasso de l’influence étrangère. Et les cerveaux des pays africains, caribéens, latino-américains, arabes, etc., s’aliéneront encore longtemps dans les industries de sous-traitance nord-américaines et européennes. En conséquence, les « mastodontes » de l’ « impérialisme » se considèreront toujours comme les « maîtres absolus » de l’avenir des populations nécessiteuses. Pour conserver leurs privilèges sociofinanciers et prérogatives politiques dans le monde, ils se sont érigés honteusement en interrupteurs de croissance économique pour les États qu’ils hégémonisent et qu’ils dépouillent. N’est-il pas inconcevable que des citoyennes et citoyens de nationalité haïtienne, dominicaine, érythréenne, sénégalaise, hondurienne, vénézuélienne… spécialisés en « médecine », « ingénierie », « éducation », « droit », etc.,  abandonnent des professions utiles, et deviennent « chauffeurs  de taxi » ou « manutentionnaires » sous-payés dans les mégapoles occidentales. Ils le font contre leur gré, – mais courageusement –, dans le but de subvenir aux besoins matériels et intellectuels de leurs proches. Alors que sur la plupart des continents, les déshérités du sort n’ont aucun accès aux services de base vitaux : santé, éducation… Mis à part la mauvaise foi des dirigeants politiques embourgeoisés, il faut admettre que l’émigration des spécialistes et des cadres rétrécit considérablement la surface des ressources humaines qui devraient être disponibles dans les pays où le « contrat social » est violé. Les individus décèdent sans diagnostic médical et sans médicament. C’est toujours triste et gênant de rencontrer des « médecins », des « ingénieurs », des « avocats », des « professeurs »  qui se sont convertis en « vadrouilleurs » et « collecteurs de déchets » dans les manufactures des États-Unis, du Canada… L’insatisfaction au travail abrutit l’esprit. Engendre la frustration. La démarche ne consiste pas à « dévaloriser » une «profession » ou une « activité » quelconque d’emploi. Loin de nous cette idée. Nous dénonçons plutôt le « gaspillage intellectuel et professionnel» qui est institué, entretenu et pratiqué cyniquement dans les sociétés occidentales « discriminantes » en défaveur des immigrants diplômés des universités, originaires des pays en voie de développement. Car Jacques Aicard nous apprend :

« Aimez les métiers, le mien et les vôtres !

On voit bien des sots, pas un sot métier;

Et toute la terre est comme un chantier

Où chaque métier sert à tous les autres,

Et tout travailleur sert le monde entier. »

Le « système socialiste », jusqu’à preuve du contraire, est un « chemin sûr» pour les peuples combatifs qui rêvent d’atteindre les berges d’une « Démocratie » à la Périclès. Le « capitalisme » a détruit méchamment, cruellement l’édifice de la « dignité  humaine ». Seule la « réappropriation des moyens de production » concentrés entre les mains d’une oligarchie sybarite, gloutonne et égoïste permettra aux pauvres, aux misérables de « vivre comme des êtres humains ». De sortir de l’assujettissement ignominieux des bourgeois et de « devenir des citoyennes et des citoyens à part entière ». Des esprits révolutionnaires affranchis de la prépotence du néolibéralisme.

 

La connaissance est action (Platon)

Fidel a échappé à des centaines de complots d’assassinat ourdis par la CIA pour avoir rendu aux paysans les terres agricoles qu’ils travaillaient de leurs mains et qu’ils arrosaient avec la sueur de leur front. La « renationalisation » des ressources pétrolières du Venezuela a permis à Chavez de mettre sur pied des programmes sociaux, donc de développer des projets économiques, éducationnels, sanitaires, routiers, agricoles au profit des habitants de Las Delicias, et de tous les autres bidonvilles qui moisissaient dans l’extrême pauvreté. Soit dit en passant, le « futur État haïtien révolutionnaire »  pourrait largement s’inspirer du modèle bolivarien pour « refonder » la Nation dessalinienne. Et pourquoi pas aussi de celui de la Lybie de Kadhafi où les richesses territoriales, les biens communs servaient à valoriser le mode de vie des familles : subsides, logements sociaux, subventions d’études universitaires même à l’étranger… ? La République d’Haïti dispose des richesses naturelles en suffisance. Il ne lui serait pas impossible d’en faire autant. Cependant, l’exercice du pouvoir politique doit être confié aux dignes représentants des masses populaires.

Les idées progressistes rationnelles du commandant Chavez lui ont coûté la vie. Selon son

Fidel Castro et Hugo Chavez
Fidel Castro et Hugo Chavez

successeur légitime, Nicolas Maduro, il s’agirait d’un crime commis par les ennemis traditionnels du peuple vénézuélien. Chavez était un « harangueur » de foules d’une dimension cicéronienne. Direct. Tranchant. Ferme. Courageux. Mais c’est par les « actes concrets » qu’il a posés et qui sont visibles sur le terrain sociétal que ce « Géant » est reconnu comme un immense Bienfaiteur du Venezuela, de la République d’Haïti, et même de Cuba… Un modèle monumental – comme les frères Castro – dans la lutte pour le changement de l’Humanité.

Les antinationaux et contre-révolutionnaires,alliés des fils de Satan –, veulent  estomper les avancées du « chavisme », dans l’intention criminelle d’anéantir les acquis politiques, économiques, sociaux et culturels de la « révolution » bolivarienne. Heureusement que le président Nicolas Maduro a compris la nécessité de protéger, de défendre et de poursuivre la construction du « socialisme » sur les terres du Venezuela !  L’héritier de Chavez a la responsabilité historique d’empêcher que le pays de Simon Bolivar, le Liberator, rebascule dans la fournaise ardente de la droite extrémiste soutenue par les États-Unis de Barack Obama. « Le Venezuela plongera dans la guerre civile », avertit Nicolas Maduro. Cela vous rappelle, peut-être, le titre évocateur que nous avons choisi pour l’une de nos analyses politiques sur l’état défaillant et déboussolé de la société  haïtienne : « Mieux vaut être mangeur que mangé…»

Pour avoir refusé d’être « mangeuse » elle-même, la présidente brésilienne, Dilma Roussef a accepté de sacrifier un gouvernement légitime qui a aidé plus de 40 millions d’individus à retrouver les traces de l’espoir. Ses « adversaires exécrables » l’ont mangée copieusement avec du « vin de Washington ».  Aucune « constitution » n’est au-dessus de la souveraineté populaire qui confère la légitimité politique.

Après avoir perdu la deuxième guerre mondiale, le Japon a acquis une capacité encore plus grande en science et technologie qui lui a permis de reconstituer graduellement son autonomie en matière de puissance militaire, d’organisation et d’administration politiques. La fortification des ressources humaines et matérielles demeure la préoccupation majeure de l’État nippon. Et il y parvient grâce à l’esprit d’une dynamique perfectionniste insufflée par la Loi fondamentale sur l’éducation qui remonte à l’année 1947.  Les autorités gouvernementales ont transformé les horreurs de la bombe atomique larguée sur Hiroshima et Nagasaki en moteurs de propulsion « instructionnelle ».  Ce pays est animé de l’esprit du surpassement. Être « bon » ne suffit plus pour combattre dans l’arène de la compétition internationale, il faut viser l’« excellence ». Les Japonais se sacrifient. Entreprennent de longues études académiques. Les étudiants asiatiques  brillent dans les grandes universités de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Ils accumulent des « connaissances actives » et non des « connaissances passives subies ». De retour dans leur patelin, ces jeunes intellectuels deviennent de véritables agents de progrès social et de développement économique. Ils apparaissent aux yeux du monde comme des références vivantes qui mettent en lumière les fondements philosophiques de Wang Yangming. Ce penseur du néoconfucianisme, représentant de « l’école de l’Esprit » de Chang Hao, affirme : « La connaissance est le début de l’action : l’action, l’accomplissement de la connaissance. » Henri Bergson disait lui-même : « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action. »

Enseigner, c’est «transmettre un savoir quelconque » à un individu. Mais dans un but précis : celui de lui fournir les outils théoriques et pratiques  qui sont en corrélation avec l’acte de « produire »! L’enseigné part donc  de la phase dite de « l’abstraction »  et chemine tranquillement et sûrement vers l’étape importante de la « concrétude ».

La connaissance active permet aux humains – tant sur le plan individuel que collectif – de transformer leur environnement spiritualo-physique et de l’adapter à l’étendue de leurs ambitions sociales, économiques, politiques et culturelles. Le pouvoir de changer vient du « savoir » qui relève du « doute méthodique cartésien ».

Quelle perspective d’avenir peut-il se dégager de l’existence passive d’un peuple sans intelligence créative et positive, qui n’invente rien, qui ne produit rien, et qui n’occupe aucune place sur le marché du commerce international ?

 

Robert Lodimus

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1.- Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel de l’Économie, Quand le capitalisme perd la tête, Éditions W.W. Norton, New York, 2003.

 

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