Il était né en Haïti, qu’il avait dû quitter à la fin des années 1950, âgé d’une vingtaine d’années. Il avait dû s’exiler pour échapper aux sinistres Tontons Macoutes, la milice fasciste de la dictature Duvalier. En France, Edgar obtient le statut de réfugié politique. Mais jamais au cours des 60 années qui suivirent, il ne voulut se défaire de sa nationalité haïtienne.
Etudiant à Bordeaux, il y rencontre Bernard avec qui il entretiendra une solide amitié de cinquante ans (comme plus tard, avec Elizabeth, la compagne de Bernard). Et c’est avec son copain Bernard qu’il fait, en 1965, un choix qui marquera le reste de sa vie : il rejoint les rangs de la Fédération des étudiants révolutionnaires (FER) et de l’Organisation communiste internationaliste pour la reconstruction de la IVe Internationale (OCI).
Même si son statut de réfugié lui interdisait toute activité publique, Edgar assurait pourtant des responsabilités. Quel militant du Quartier latin a oublié l’infatigable collecteur des cotisations, des années 1990 jusqu’au milieu des années 2010 ? Il est resté toute sa vie fidèle au drapeau rouge de la IVe Internationale. Lors de la crise de 2015, après mure réflexion et de nombreuses discussions, il décidera de rester fidèle à l’engagement qu’il avait choisi 50 ans auparavant, en rejoignant la TCI et le Parti ouvrier indépendant démocratique (POID).
Il était un véritable internationaliste, ne manquant jamais de susciter des discussions dans sa cellule, sur les pages internationales de La Tribune des travailleurs. Bien entendu, le sort d’Haïti, martyrisé par la domination impérialiste, retenait toute son attention. C’est non sans fierté qu’il suivait le combat de nos camarades d’Haïti Liberté pour la souveraineté, contre l’oppression et l’exploitation.
Dans les années 1960, Edgar devient professeur de physique. Une matière à laquelle il vouait une véritable passion. Il enseignera à l’université de Montréal au Québec, puis en France. Au début des années 1970, il part enseigner à Constantine, en Algérie, un pays qui venait d’arracher son indépendance du joug colonial français. Pendant 10 ans à Constantine, il contribuera à transmettre ses connaissances aux étudiants algériens.
Revenu en France dans les années 1980, il obtient un poste à l’université Paris VII-Jussieu. A cause de sa maigre pension, il devra y enseigner bien au-delà de l’âge légal de départ en retraite. Edgar cherchait à faire partager son enthousiasme et sa passion pour la physique, non seulement à ses étudiants, mais aussi à ses camarades, jeunes ou moins jeunes.
En décembre 2019, il envoyait à ses camarades un texte de 15 pages consacré à la physique moderne, en précisant : « Je vous envoie un texte que j’ai écrit à mes moments perdus pour me distraire. J’espère qu’il vous plaira. » En conclusion de cette étude, il notait qu’avec la découverte des ondes gravitationnelles, je cite « la théorie de la relativité générale était plus que jamais assises sur de bases solides. Nous ne pouvons pas dire au moment où nous écrivons ces lignes, si cette découverte aura des implications sur notre vie quotidienne. Mais quelle satisfaction intellectuelle ! Quel honneur pour l’esprit humain ! »
Edgar était aussi passionné de musique, c’était un bon vivant, un homme modeste et fidèle en amitié.
Nous exprimons à sa famille en Haïti et à tous ses proches notre solidarité. Nous, ses camarades, saluons la mémoire d’Edgar, qui pendant plus de 55 ans de sa vie consciente fut un combattant du parti mondial de la révolution socialiste.
Ses camarades du Parti ouvrier indépendant démocratique (POID) de France
Un dernier hommage lui sera rendu par ses camarades
Mercredi 18 août 2021
À 13h40 précises
Au crématorium de Montfermeil
44 rue du lavoir, à Montfermeil (93)