Le président René Préval l’avait bien dit au sujet de Mario Andrésol quand il l’avait choisi au poste de chef de la Police Nationale d’Haïti (PNH : c’est l’international qui me l’a donné).
Le président Jovenel Moise, pour sa part, lorsque le mandat de 3 ans de Michel Ange Gédéon qui avait été nommé à la tête de la police en avril 2016 par l’ex-président provisoire Jocelerme Privert était arrivé à terme le 23 août 2019, il avait voulu pour lui succéder le policier Jacques Joël Orival. L’ambassade américaine avait objecté en lui donnant d’autres choix soit qu’il reconduise Gédéon, soit qu’il nomme l’ancien responsable de la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire) Normil Rameau.
Jovenel s’était vu obligé de se rabattre sur Rameau qui était en poste à Washington comme attaché militaire.
c’est encore de Washington que celui qui va prendre les rênes de la police nationale a débarqué.
Maintenant pour remplacer Rameau devenu indésirable par le pouvoir, le nom de l’actuel directeur départemental du Sud de la PNH, Jacques Joël Orival a encore été suggéré, avec Charles Nazaire de l’Apenat et Berlson Sejour. À la grande surprise de tous, c’est encore de Washington que celui qui va prendre les rênes de la police nationale a débarqué. Il s’agit d’un ancien chef de police qui occupait la fonction d’ambassadeur haïtien auprès de l’OEA, Léon Charles.
Ce choix, selon plusieurs policiers surtout les syndiqués, viole la loi interne de la Police nationale qui indique que selon la Constitution, le chef de l’État choisit le commandant en chef de l’armée parmi les officiers généraux de la police en activité.
Léon Charles n’a pas été en activité au sein de la Police car depuis 14 ans il fonctionne dans la diplomatie haïtienne depuis juillet 2017 à date, au poste de Représentant Permanent d’Haïti auprès de l’Organisation des États Américains (OEA). En fait, qui l’a propulsé à la tête de la police ? Comment a-t-il pu être nommé ? Et pour bien maquiller le marié, un arrêté présidentiel a été publié le 13 novembre 2020 dans le Moniteur #182 pour annoncer Charles, donnant l’impression que c’est la présidence qui ait fait choix de lui pour être l’actuel directeur général de la police nationale.
Il a été tout de suite installé par le Premier ministre, Joseph Jouthe le lundi 16 novembre à la Direction générale de la Police Nationale à Clercine, en présence et parmi de nombreuses autres personnalités, notamment des ministres de la Justice et de l’Intérieur.
Dans son discours pour installer le nouveau commandant en chef a.i de la Police Nationale d’Haïti, Jouthe Joseph n’a pas manqué d’insister sur le banditisme. Et selon lui, Léon Charles, va apaiser la situation de sorte que les bonnes gens puissent sortir pour les fêtes de fin d’année, et qu’il pouvait lui-même aller danser dans des boites de nuit au rythme de la bonne musique. « Je veux danser. Je veux voir les groupes musicaux reprendre leurs activités. Je veux voir les Haïtiens de la diaspora revenir sur les belles plages du pays » a-t-il fait savoir.
Rameau, l’ancien directeur de la DCPJ n’a pas été ménagé, il est critiqué en raison de l’incapacité des forces de l’ordre à rétablir un climat sécuritaire dans la région métropolitaine de Port-au-Prince mais la vraie raison de sa révocation tient du fait qu’il revendiquait des changements dans les conditions dans lesquelles fonctionnent et vivent les policiers, qui sont des travailleurs comme tous les autres. Le remplacement de Rameau n’a rien à voir avec l’insécurité qui ravage le pays, c’est un prétexte pur et simple. L’essentiel, le premier ministre l’a bien fait ressortir dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste : « Il (Rameau) a tenté de faire passer les frais accordés aux plus de quatorze mille policiers de 10 à 20 000 gourdes […] Il a pris une décision politique » a révélé Joseph Jouthe et avoue ne pas connaitre les « motivations » de Rameau Normil.
«Les vrais bandits ne sont pas ceux connus de tous, mais ceux qui circulent en chemises et costumes blancs, roulant dans de grosses cylindrées»
Tout cela vous montre comment le gouvernement n’a aucun souci pour améliorer les conditions de vie des travailleurs de sorte qu’ils reçoivent un salaire décent. Voire ceux-là qui vivent dans le chômage au sein d’une grande majorité de la population vivant dans une misère atroce.
Quand l’Etat bourgeois n’a jamais offert aucune alternative, certains vont se débrouiller par tous les moyens légaux ou illégaux pour assurer leur survie. Si un quelconque directeur de la police peut stabiliser cette situation de délinquance généralisée, de banditisme dérivant des conditions dans lesquelles vivent des personnes délaissées, au lieu d’un seul directeur, l’ambassade américaine, Jovenel et Jouthe pourraient bien employer 10 autres pour renforcer le poste, et cela ne changerait pas d’un iota.
Léon Charles, lui est un bon instrument docile du PHTK et des classes exploiteuses du pays. Le rôle de mercenaire politique qu’il jouait avec efficacité au côté de Luis Almagro à l’OEA justement explique que son axe d’intervention est de faire régner la paix et la sécurité dans la cité à l’approche des fêtes de fin d’année. Pourtant selon Jouthe, la mission du nouveau DG de la PNH est d’éliminer tous les bandits « Tous les bandits et leurs complices doivent être éliminés. Il doit y avoir la Paix dans le pays. C’est l’une des missions que le nouveau Chef de police doit accomplir vite »
En ce sens, l’ancien chef de police Michel-Ange Gédéon avait conseillé à Rameau au mois d’août de l’année dernière dans le cadre de la lutte contre le banditisme : vous n’aurez pas seulement à combattre les bandits des rues, mais aussi de hauts dirigeants cachés derrière les privilèges de leurs fonctions. « Les vrais bandits ne sont pas ceux connus de tous, mais ceux qui circulent en chemises et costumes blancs, roulant dans de grosses cylindrées » avait indiqué Gédéon.
M. le nouveau directeur, faites vôtre ce conseil de votre prédécesseur. Si vous voulez bien respecter votre mission, il vous faudra commencer par le président des bandits légaux Michel Martelly, puis Jovenel Moise et après le Premier des bandits, le Premier ministre Jouthe Joseph.