Tout le monde a été pris par surprise, on ne s’attendait pas à de multiples manifestations dans plusieurs villes du pays. Au Cap-Haitien, lieu de grand rendez-vous, les membres de la plate-forme « Pitit Desalin » et son dirigeant faisaient la navette dans les différentes stations de radio pour mobiliser les gens sur un quelconque soulèvement populaire qui devait avoir lieu pour commémorer la date historique du 22 août 1791.
A la surprise de plus d’un, et très tôt dans la matinée du 22 août 2022 des barricades faites de gosses pierres et de pneus enflammés ont été placées à plusieurs endroits, que ce soit à la Capitale, Port-au-Prince, et des villes de province telles que : Petit-Goâve, Jacmel, les Cayes, pour ne citer que celles-là.
L’appel lancé par le Nord comme un virus a attrapé de nombreuses autres villes puisque le peuple est partout dans le pays victime des mêmes exploitations et de l’aggravation de la crise qui ne cesse d’empirer. Par cette mobilisation spontanée, le peuple prouve que les choses ne vont plus dans le pays.
Certes, c’est le pays entier qui fait face à la vie chère, l’augmentation vertigineuse du taux du dollar américain par rapport à la monnaie haïtienne. Entre autres revendications, les manifestants ont dénoncé l’inaction des dirigeants en place incapables d’apporter à tous les niveaux un minimum d’espoir et d’amélioration des conditions de vie. L’insécurité grandissante, la rareté de carburant et la démission du premier ministre Ariel Henry ont été les points communs de revendication dans toutes les villes en ébullition.
Une foule immense a été remarquée dans les rues de Petit-Goâve, portant des pancartes de revendications. Il faut le signaler, c’est uniquement au Cap-Haitien qu’il y a eu la présence d’un dirigeant de parti, Moise Jean-Charles accompagnant les manifestants. Plusieurs drapeaux de la Russie et de la Chine ont été vus aux mains des manifestants.
Au cours du discours de circonstance de Moise Jean-Charles contre les élites économiques et politiques, sur un stand construit à cette occasion sur la place des héros de Vertières, l’ancien sénateur menaçait les banques impliquées dans des spéculations criminelles d’augmentation du taux de change à leur gré, et qui font leur beurre avec la dépréciation de la gourde par rapport au dollar.
Les manifestants ont réagi et même causé de la peur, lors de leur réponse à chaque fois que le sénateur citait le nom des banques impliquées. La foule en liesse répondait de façon positive à l’idée de fermer les banques qui refusent de baisser le taux d’échange : « N ap Boule yo !». Ce qui a fait terriblement peur et suscité de nombreuses réactions dont celles de André Michel du Secteur démocratique et populaire (SDP), et de Youri Latortue, dirigeant du parti Ayiti An Aksyon (AAA) pour ne citer que celles-là.
Les protestations se sont déroulées sans perte de vie humaine à l’exception de la Capitale, à Delmas 38 où un militant à été tué d’une balle à la tête.
A Jacmel, À Miragoâne, les Cayes et les Nippes, la mobilisation populaire s’est poursuivie le mardi 23 août 2022, les manifestants brandissant le slogan : Ariel, pèp grangou pa jwe ! Ariel, les gens affamés ne plaisantent pas !
Et tel proverbe dit que la faim fait sortir le loup du bois. Caveant consules ! Que les politiciens véreux prennent garde !