Lutter contre l’insécurité, c’est combattre les inégalités sociales

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C’est l’ironie du destin d’Haïti d’avoir bien souvent à la direction de l’Etat haïtien des imbéciles corrompus sinon des traitres de la cause populaire qui se contentent tout simplement, uniquement et fièrement d’être les valets des classes possédantes et des puissances impérialistes.

En effet, ce n’est pas une sorte de calamité qui a frappé le pays quand ces derniers temps, on a enregistré une nette recrudescence de cas de kidnapping dans la capitale haïtienne et même dans quelques autres villes.  Cette flambée d’enlèvements contre rançon aggrave une insécurité qui oblige tout le monde à manifester son indignation, sa colère et même son avis sur les moyens de stopper ce phénomène.  

Il serait pénible de croire que pour lutter contre l’insécurité qui n’est pas tout à fait politique mais bien économique, il s’agit tout simplement de démanteler les bandits. Mais par quels moyens ? Bien souvent quand on parle de bandits armés, le terme renvoie toujours aux quartiers défavorisés. 

Il faut se demander quels ont été les différents programmes sociaux établis par l’Etat haïtien dans les bidonvilles visés?

Certaines propositions ont été faites très critiques du régime en place à savoir que s’il n’était pas complice dans l’insécurité qui sévit, il utiliserait la police ou l’armée à sa disposition pour la mater. En somme, ils font référence à une époque bien précise, aux temps de l’occupation de la Minustah, quand cette force massacrait les habitants du bidonville de Cité Soleil sous prétexte que ce quartier était un foyer d’insécurité. Effectivement, il y a eu plusieurs massacres dans ce quartier populaire qui revendiquait le retour d’Aristide ; mais l’insécurité a-t-elle cessé ? Non, elle s’est sûrement amplifiée.

Cela signifie que l’insécurité ne saurait être uniquement de nature politique. Il faut prendre en considération son caractère social qui n’est autre chose que le fait de la misère, de la pauvreté, du chômage, des laissés pour compte abandonnés à eux-mêmes. Personne n’a pensé à eux, personne n’a jamais rien revendiqué en leur nom comme s’ils ne sont pas des citoyens à l’égal de tous les autres. En tant que citoyens du pays, ils ont le droit à la vie, au travail, aux soins de santé, à l’école et, bien entendu, à manger à leur faim. Au lieu de les aider à sortir de leur bourbier social, la bourgeoisie, les régimes passés et présents sans oublier les forces de l’opposition traditionnelle ont préféré utiliser certains d’entre eux en les mettant à leur service dans des causes criminelles. Il y a des jeunes qui n’ont connu d’autres métiers que de porter une arme à feu. Et comme l’a si bien expliqué Thomas Sankara « un militaire armé sans aucune formation politique est un criminel en puissance » voire n’importe quel quidam.

Ce n’est pas tout. Il faut se demander quels ont été les différents programmes sociaux établis par l’Etat haïtien dans les bidonvilles visés ? Aucun ! Alors que pouvait-on espérer ?

Aujourd’hui on demande à l’Etat d’agir non pas dans le sens d’aller à la source du mal pour le déraciner mais dans le sens d’en apaiser ou d’en effacer les conséquences en abattant les bandits. Abattre les bandits, c’est comme éliminer des cafards qui reviendront encore si nous ne combattons pas la cause qui les produit. C’est l’absence de programme social qui alimente le phénomène de l’insécurité. En d’autres termes, toute maladie qu’on laisse sans aucun traitement ne fait autre chose qu’empirer. 

Le Premier ministre Joseph Jouthe en panne de solution ne fait que demander à la population d’être prudente. Selon lui, la solution appropriée serait de démanteler les bandits par tous les moyens de sorte que les bonnes gens vivent et jouissent  paisiblement. Il l’a illustré lui-même en déclarant qu’il aimerait bien aller danser au rythme des orchestres haïtiens. Il a même le sacré culot de dire qu’il aimerait aller danser à Tisourit au Village de Dieu. Cela montre bien qu’il n’a aucun autre projet, aucun plan d’apporter un quelconque changement à ce lieu de non-droit et de misère où l’indécence règne en grande pompe. Sauf qu’il aimerait que les riverains acceptent de vivre leur réalité dans la paix, sans troubler les autres. Une sorte de légitimation des inégalités sociales comme un phénomène normal. Mais accepter que des êtres humains vivent dans des états déplorables, infrahumains, malsains, relève d’une injustice planifiée.  Il ne peut y avoir de paix face à l’injustice. Pour vivre en paix, il faut que la justice règne !

L’assassinat d’Evelyne Sincère, par des jeunes ayant une formation académique mais qui voulaient tout bonnement se procurer de l’argent relève du constat d’un tragique et immense délabrement social. Puisque le pays ne leur offre aucune alternative, aucun espoir de travailler,  ils doivent eux-mêmes se débrouiller ; ainsi ils  s’approprient ce que leur avaient appris des mercenaires authentiques à l’instar de Clifford Brandt et des membres du gang Galil de la bourgeoisie proche de Michel Martelly, dirigé par Woodly Éthéart (Sonson La Familia) et Renel Nelfort (Renel Le Récif) ? Ces derniers sont libres dans la nature comme le vent, et personne ne mentionne leur rôle dans le pourrissement social actuel.

Il faut en priorité démanteler l’inégalité sociale, vu qu’elle est l’une des sources de l’insécurité grandissante.

 En vérité, il est difficile de lutter contre l’insécurité lorsqu’autant de jeunes sont au chômage sans perspectives d’avenir. Et que le chômage et la misère sévissent pendant que les dirigeants bouffis de pouvoir et ceux de l’opposition vivent dans un luxe insolent. 

Il faut en priorité démanteler l’inégalité sociale, cette injustice tout à fait insupportable, vu qu’elle est l’une des sources de l’insécurité grandissante. En ce sens, il faut écarter toute conception simpliste pour solutionner ce problème qui n’est qu’un produit dérivant du système capitaliste d’exploitation, à travers la filière du FMI et de la Banque Mondiale exerçant une véritable dictature sur la politique économique des pays qui leur sont soumis.

Seule une révolution sociale radicale peut résoudre cette situation de déliquescence morale, sociale accélérée par la redistribution des richesses du pays et l’amélioration concrète des conditions de vie de la population. C’est la seule voie de défense conséquente pour tous les opprimés et les exploités qui luttent pour que triomphent leurs droits à la justice, à la vie, à la paix et à la liberté.

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