L’opposition haïtienne à la recherche de l’ « unité » !

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Aussi positive qu’elle ait pu être, la réunion du mardi 12 juin 2018 des membres de l’opposition haïtienne est loin de remettre en question la querelle des clans. Cet épisode politique symbolisé par la signature de ce qui se veut être un accord n’aura en effet aucune répercussion profonde si ce n’est qu’il aboutira à de petites manœuvres tactiques pour amadouer les indécis et les naïfs de tout poil. Ainsi,  l’opposition opportuniste qui se trouvait devant plusieurs impasses s’assurera simplement une certaine survie politique.

La boucle est-elle enfin bouclée après cette réunion houleuse d’un soi-disant Rassemblement pour la reconstruction de l’unité démocratique et populaire ? Non, le piège des attitudes et du verbalisme démagogiques se referme davantage sur le pays. On ne voit pas là une manifestation d’unité encore moins d’aspiration progressiste, voire révolutionnaire,  mais plutôt l’expression d’une continuité machiavélique de la maladie électoraliste dont souffrent les acteurs de cette opposition.

L’on peut d’ores et déjà affirmer et avec certitude qu’avec ce nouvel épisode de camouflage de rassemblement sous le label d’unité que recherche le prétendu camp démocratique, rien ne changera pour autant ; c’est-à-dire que comme à l’accoutumée, c’est une fuite en avant vers l’aventure de la politique du pire. Puisque fonder une stratégie basée sur une éventuelle continuation d’un électoralisme indéhiscent, c’est aller, à notre avis, tout droit dans la mauvaise direction. Tout va continuer comme avant pour ne pas dire que ce sera pire. Il en ressort un constat essentiel: c’est la course au pouvoir pour la succession de Jovenel Moise qui est la toile de fond sur laquelle s’est déroulée cette apparente recherche d’unité débouchant sur cette fausse alliance contre nature entre les candidats collabos de tout acabit au sein du secteur opportuniste.

L’opération n’a pas donné les résultats escomptés. Il s’agit bien de discours de politiciens aux abois qui sentent se dérober sous leurs pieds le sable de la vraie lutte populaire. Où est donc la rupture avec le passé quand les discours ont été une répétition des mêmes lieux communs frelatés d’autrefois ? Le sénateur Beauplan a même eu le front d’avancer que : « L’idée, c’est de s’emparer des masses afin de devenir une force matérielle agissante ». Sans blague. Mon Bic m’en tombe. Les problèmes cruciaux qu’affrontent les masses populaires n’ont même pas été soulevés. Ils ont été sciemment ignorés, puisque se rapportant à une classe exploitée à outrance et dont l’existence a toujours été le cadet des soucis de ces messieurs et dames de la jungle politicienne accrochés aux basques de la bourgeoisie et de l’impérialisme.

cette opposition frappée de cécité et de surdité politiques ne saurait jamais parvenir à se souder au mouvement et aux aspirations des masses populaires qu’elle prétend défendre.

En vérité, cette opposition frappée de cécité et de surdité politiques ne saurait jamais parvenir à se souder au mouvement et aux aspirations des masses populaires qu’elle prétend défendre. Voilà pourquoi  sa critique de la conjoncture relève fondamentalement d’une orientation pro-impérialiste, puisqu’elle n’a pas jugé nécessaire et capitale de mettre en cause la dépendance politique, économique du pays sous occupation militaire.

Il faut souligner aussi que le terme de classe, de lutte de classe a été banni du vocabulaire de ces politiciens véreux. La présentation de cet accord-désaccord  est une remise en scène de la réunion à l’Arcahaie du samedi 19 août 2017 avec la participation du même gratin de cette opposition traditionnelle qui avait formé le «Rassemblement de l’Arcahaie pour la reconstruction et l’unité du mouvement démocratique et populaire ».  Elle montre par ainsi à quel point l’unité pour cette classe de politiciens bâtards n’est qu’un vieux chiffon exprimant clairement leur acceptation du système capitaliste et leur soumission à l’impérialisme international. Ils ne sont que des escrocs de la politique recherchant une unité de leur propre classe pour le partage du pouvoir de domination des masses haïtiennes.

Leurs slogans creux et leurs discours pompeux ne seront suivis d’aucune application pratique pour sauver le pays des périls de la décomposition  sociale. Au contraire, ce ne fut qu’un coup de tonnerre dans un ciel serein puisque le pouvoir, bien qu’il ne soit pas invulnérable, n’est aucunement menacé pour le moment par ces politicailleurs de pacotille qui ont largement perdu la confiance des masses populaires lesquelles n’attendent qu’une perspective de résistance, de fermeté et de lutte organisée pour un changement fondamental.

En vérité, le véritable choix se situe entre la continuation catastrophique de la politique d’exploitation capitaliste de dépendance et de maintien des intolérables injustices socio économiques existantes et la ligne révolutionnaire engagée dans les transformations visant à supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme et la restauration de la dignité, du respect de l’homme haïtien dépossédé de ses ressources et de son histoire.

Chaque peuple opprimé a d’abord pour devoir primordial de combattre l’impérialisme et ses affidés.  C’est ainsi seulement que pourront être jetés les bases et les fondements d’une unité viable de façon à créer les conditions indispensables qui permettront aux masses haïtiennes en lutte de développer et d’établir un appareil d’état révolutionnaire qui trouvera ses racines dans la classe ouvrière organisée.

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