Cette semaine, nous entamons notre quatorzième année de publication, toujours avec la même vigueur et rigueur, la même détermination et volonté révolutionnaires. En cette occasion, nous estimons avoir reçu un cadeau magnifique, inestimable, à contempler la joie retrouvée, la bouffée d’oxygène, les sourires sur les visages des miséreux de la population à Tibwa et à Village de Dieu qui se sont joints dans un mouvement unitaire de paix, à l’initiative des « chefs de gangs » de la zone (comme on les appelle), afin de donner un autre visage à leurs quartiers respectifs.
C’est une preuve que les masses, si elles sont conscientes, unies et organisées peuvent accomplir de grandes choses. Les peuples ont été et seront toujours l’artisan de leurs aspirations sociales. Ainsi, transformer la désunion en unité est un triomphe, une victoire sur l’adversaire de classe. C’est une dimension historique pleine de signification politique, un gage de garantie que le peuple peut arriver au but. Oui, il peut mettre en échec le plan de sa liquidation puisque « le peuple uni ne sera jamais vaincu ».
Cette manifestation spontanée de faire la paix, de travailler ensemble quoiqu’au milieu d’ordures de toutes sortes nous montre combien les classes dominantes haïtiennes sont des malpropres. En fait, pour elles, c’est la répression morale qui convient le mieux aux masses ouvrières, étudiantes et chômeuses vivant dans le dénuement le plus total. Heureusement, le peuple vient d’annoncer pourtant qu’il a fait la paix et qu’il va se mettre à la tâche: il va procéder au nettoyage du Bicentenaire pour en faire une zone propre, accessible, vivable, espérant que l’État voudra bien se prêter à l’initiative en y apportant le matériel de travail nécessaire. C’est un message adressé à l’état bourgeois, capitaliste, manfouben, réactionnaire qui a rendu cette belle place, jadis un lieu très agréable, une zone insalubre et l’a utilisée pour garder emprisonnés dans la misère et dans un enfer de pauvreté les déshérités du sort.
Notre rôle est de faire avancer la lutte idéologique afin que le peuple des travailleurs sans travail continue à comprendre qu’il est le seul moteur de son histoire
La panique qui s’empare de tous les zélés serviteurs du statu quo contre l’initiative de paix de quelques gangs explique que les fossoyeurs de toute bonne cause ne tolèrent guère que le peuple s’engage dans une action unitaire claire. Ils ont peur de la paix, de l’unité dans les quartiers populaires de non-droits ; où c’est un fait, l’état de pauvreté, d’insalubrité dans lequel vivent les habitants à Village de Dieu et autres… C’est à croire que le malheur du peuple fait leur bonheur !
À l’arrivée de deux chars de la Police à Village de Dieu, le mercredi 1er juillet dernier, les riverains n’ont-ils pas scandé : « Nous avons fait la paix entre nous mais pas avec la police, ni avec le gouvernement ». Et à une femme d’ajouter : « nous exigeons toujours le départ de Jovenel Moise ». Bravo !
En vérité, ce cadeau d’anniversaire nous a rendus heureux ; mais il reste encore fragile, car l’ennemi, avec ses grands moyens, peut toujours le détruire. De notre côté, nous allons faire tout ce qui est dans nos possibilités d’action pour que cette idée d’unité de classe au sein des masses continue de prendre force et qu’elle reste vivante dans les milieux populaires.
Il est évidemment certain que ce processus qui se déroule actuellement trouble le sommeil des réactionnaires, des forces antipopulaires. N’est-ce pas l’aboutissement logique de toute une politique, de tout un système corrompu et corrupteur dont les politicailleurs ne sont que de fervents servants ? L’opposition traditionnelle et le pouvoir en place sont des frères siamois, ils ne peuvent survivre sans l’aide des impérialistes. Leur position de classe est toujours la même : combattre les masses populaires qu’ils exploitent et appauvrissent.
Il est peut-être prématuré de définir l’étendue et les limites du rassemblement qui se dessine et encore plus de déterminer son avenir. Une chose est certaine : on va essayer de coopter ou même d’éliminer des acteurs de cette heureuse initiative, on va continuer à attaquer le train en marche pour le stopper, l’immobiliser, voire même le faire dérailler parce que l’entre-déchirement qui existait au sein des masses défavorisées, faisait leur affaire. Ce n’était donc pas le fruit du hasard, c’était programmé cette guerre des bandes de sorte qu’elles se détruisent.
Nous du journal, nous savons que la lutte pour le changement est longue et pénible, mais nous continuerons sans désemparer avec les mêmes convictions à accompagner le peuple dominé dans sa situation affligeante contre un ennemi irréductible. Nos alliés naturels sont tous les victimes de l’impérialisme mondial. Nous défendons en conséquence, une option résolument anti-impérialiste, et c’est dans cette perspective que s’inscrit notre engagement politique. Nous n’avons jamais perdu la foi et la confiance dans la force irrésistible des masses, encore moins dans leur capacité d’action contre la domination impérialiste.
Notre rôle est de faire avancer la lutte idéologique afin que le peuple des travailleurs sans travail continue à comprendre qu’il est le seul moteur de son histoire, qu’il peut construire son avenir. Voilà pourquoi nous ne cesserons de signaler les contradictions en jeu car le peuple doit savoir une fois pour toutes que la nature même de la classe politique haïtienne, pourrie comme elle est, c’est de faire le jeu de l’impérialisme et, par voie de conséquence d’exploiter les masses populaires haïtiennes, de les nuire. En particulier, d’entraver et de saboter avec une volonté inébranlable le combat du peuple pour améliorer ses conditions de vie.
À l’occasion de notre 13e anniversaire, nous tenons à dire aux opprimés, aux exploités du pays que nous partageons leur malheur et les assurons que le jour n’est peut-être pas bien loin où ils seront appelés en tant que force dominée à se dresser comme un seul homme, une seule femme pour balayer tous les fantoches qui ont confisqué leur vie.
Nos sincères remerciements et encouragements à tous nos collaborateurs, nos lecteurs, nos commanditaires et aux victimes des classes dominantes.
Longue vie au journal ! Jusqu’à la victoire finale!