Les Etats-Unis et Haïti sont les deux premiers pays libres et indépendants de l’Amérique. Haïti première république nègre indépendante et souveraine de l’hémisphère née en 1804, juste après une guerre de libération d’anciens esclaves contre leurs maîtres créant ainsi l’unique État indépendant de la Caraïbe à avoir combattu une domination coloniale par ses propres forces et par ses propres moyens, seul État libre et indépendant où l’esclavage a été officiellement aboli, seul État nègre de l’hémisphère occidental où des gens de couleur descendants d’esclaves sont aux commandes de l’État ; enfin Haïti l’unique État au monde née d’une révolution d’esclaves réussie. En ce temps là, pourtant l’esclavage régnait encore aux États-Unis et n’allait être aboli qu’en 1864 ; soit deux années après que les États-Unis aient reconnu l’indépendance d’Haïti, donc en 1862.
Depuis cette époque, la paix ne règne plus en Haïti. Les forces esclavagistes, aujourd’hui impérialistes, n’ont jamais pardonné Haïti ni cessé de la déstabiliser pour non seulement la reconquérir, mais la punir, du fait d’avoir posé le jalon incontournable de mettre fin à la traite négrière, à l’esclavage et au colonialisme.
Depuis cette épopée, notre pays est en guerre ; alors que les Haïtiens ne le savaient pas puisqu’ils pensaient que, une fois la bataille de Vertières terminée le pays n’était plus en guerre; alors que pourtant nous sommes toujours en guerre. Haïti est en guerre, parce qu’elle s’est fait des ennemis. Elle est en guerre pace qu’elle a combattu l’esclavage. Elle est en guerre parce qu’elle a mis un terme au commerce des nègres d’Afrique. Elle est en guerre parce qu’elle a détruit le business des esclavagistes du 18ème siècle tels, la France, l’Espagne et l’Angleterre qui bâtissaient leurs fortunes et la prospérité de leurs plantations sur le système colonial esclavagiste. Ces puissances impérialistes esclavagistes n’ont jamais pardonné Haïti. La France, notre ancienne puissance coloniale, nous mène depuis lors une guerre épuisante. Ainsi, lors des négociations des états-européens Vienne en 1815 ; on lui avait donné pleins droits sur Haïti en tant que sa colonie considérée comme rebelle depuis 1804, ce qui lui avait donné une certaine prépondérance dans la course à la domination de la terre de Dessalines, face aux monstres naissants américains.
Nombreux sont les colons français qui avaient fui la colonie de Saint Domingue pour venir s’établir aux Etats-Unis. Le nombre de ces immigrants dépassait les 10.000. Le premier contingent arriva en 1791 avec le déclenchement de la révolution et de la révolte des esclaves ; le second juste après l’incendie au Cap-Haitien en 1793. Et la dernière, la plus grande vague, pendant et après la révolution de 1804. Ils décrivaient ainsi les masses haïtiennes comme des brigands noirs qui avaient pris les armes pour massacrer sans raison et sans distinction tous les Blancs. Ce message arrivait aux oreilles des esclavagistes des États du Sud et les américains, propriétaires d’esclaves et leaders politiques, s’étaient sentis menacés. Sous la direction du gouverneur de la Caroline du Sud, M. Pinckney, par alliance de classe, ils entrèrent en solidarité avec ceux en difficultés en Haïti. Ils avaient même organisé un mouvement d’aide en envoyant armes, munitions, nourritures pour être distribuées au Cap-Haitien.
Après notre indépendance, Haïti a été traitée comme un état de parias, de sorte que la reconnaissance de notre indépendance n’avait rien changé. Haïti restera donc isolée, méprisée ; un État à ignorer dans le concert des nations. Elle sera considérée comme paria, ce qui veut dire un état à réprimer coûte que coûte.
C’est dans cet état d’esprit, qu’Haïti, après avoir aidé Miranda et Bolivar dans leur lutte contre les colons espagnols pour la liberté de leurs esclaves latinos, n’a pas été invitée par Simon Bolivar au congrès de Panama en 1826. Son invitation a été rejetée sous pression des Etats-Unis affichant une opposition catégorique allant même jusqu’à menacer de saboter le Congrès, si Haïti devait y participer. De là, on peut en affirmer nettement que les États-Unis avaient quelque chose de particulier à régler avec Haïti. Était-ce dans leur perception, de voir Haïti comme un symbole de sortie de l’esclavage ; une terre d’asile et d’inspiration pour les noirs en esclavage aux États-Unis ?
Cette position anti-haïtienne des américains a été prise, il faut bien le souligner, 3 années après que Washington entende instaurer son hégémonie sur tout le continent américain, depuis cette déclaration du président Wilson Monroe « l’Amérique aux américains » adressée au Congrès de son pays, le 2 décembre 1823 sous le nom de Doctrine de Monroe.
L’occupation de 1915, a pris sa forme officielle l’intérieur du pays le 28 Juillet; mais bien avant cette date l’impérialisme américain avait profondément mis sa main dans la politique et l’économie de notre pays. En fait, les relations commerciales entre les Etats-Unis et Haïti avaient pris naissance bien avant l’indépendance en 1804. Et en 1913, leurs investissements dans le pays étaient de l’ordre de 4 millions.
Voici un extrait du rapport confidentiel, signé par le Dr. Henry W. Furniss, ancien ministre des États-Unis en Haïti, adressé au Département d’État en 1909 pour justifier leur première occupation du pays qui allait se réaliser 6 ans plus tard : « Après environ trois ans de résidence en Haïti et une étude très approfondie des gens et du gouvernement, je suis arrivé à la conclusion que dans le cadre du système actuel, il est impossible d’avoir un bon gouvernement tant qu’il sera dirigé par des Haïtiens. A la lumière des informations recueillies au cours de mes voyages effectués de ville en ville travers le pays, je suis convaincu que, bien que ce soit l’un des pays les plus riches des Tropiques en matière de ressources naturelles, Haïti ne peut se développer et devenir une nation paisible et prospère, sans changer entièrement le système de gouvernement ; ce qui nécessiterait l’appui moral et matériel d’une nation plus puissante (Entendez par là celui des États-Unis), vu qu’un tel changement ne pourrait être accompli par les Haïtiens tout seuls ».
L’histoire raconte qu’il y avait une guerre civile entre les haïtiens. L’instabilité qui s’installe dans le pays prépare peu à peu l’intervention états-unienne du début du 20e siècle. Entre 1908 et 1915, Haïti connaît une période de grande instabilité, puisque l’Etat d’Haïti a été divisé et que cette guerre a conduit à la faillite économique. Des querelles et des guerres civiles répétées rongeaient le pays depuis l’indépendance ; en somme, c’est ce qui occasionna en quelque sorte le débarquement des marines américains pour mettre de l’ordre dans nos désordres. Ce n’est que propagande pour dédouaner les américains comme quoi nous étions dans une situation de banditisme et qu’ils sont venus pour nous civiliser, nous apprendre à bien vivre en société. Comme l’avait déclaré le président William Mc Kinley : « partout où flottent nos couleurs…c’est toujours pour servir la cause de l’humanité et pour l’avancement de la civilisation »
Les troubles dont on parle à travers le pays n’ont été qu’un prétexte de l’impérialisme américain pour accomplir sa forfaiture. Il y avait certes des crises résoudre ; mais la question réelle à poser est la suivante : qui tirait dans les coulisses les ficelles ?
La France, l’Angleterre, les États-Unis et l’Allemagne étaient tous présents dans le pays. Restaient-ils passifs à regarder se quereller les haïtiens entre eux, sans rien dire ? Nous ne le croyons pas, eux, qui pourtant, ayant investi, avaient leurs intérêts à défendre. Mais comme les puissances impériales n’ont jamais eu le courage pour prendre leur responsabilité et dire la vérité. Il est un fait certain que plusieurs chefs de bandes étaient au service des puissances étrangères qui luttaient pour le contrôle économique et la suprématie culturelle dans le pays.
L’instabilité était l’œuvre des différentes puissances étrangères et particulièrement les Etats-Unis pour déstabiliser le pays afin de nous faire accepter l’inacceptable.
En 1914, le président américain, Woodrow Wilson ordonna à son secrétaire d’Etat aux affaires étrangères d’élaborer une convention pour contrôler les douanes haïtiennes. Le 1er juillet 1914, Wilson voulait l’accord du président Emmanuel Oreste Zamor par tous les moyens possibles. Celui-ci s’y opposa ; mais par la suite, il demanda la protection américaine pour garder son pouvoir, parce qu’il était menacé par une force insurrectionnelle venant du Nord et conduite par Davilmar Théodore. Comme il n’avait pas reçu la protection sollicitée des américains, Oreste Zamor prit le chemin de l’exil et les troupes de Théodore firent une entrée triomphale et par la suite Théodore fut élu président par l’assemblée nationale le 7 novembre 1914.
Déjà en 1913, alors que les marines occupaient l’ile voisine, ils se transportèrent sur la frontière et retracèrent les limites frontalières en donnant une bonne partie de notre territoire à la Dominicanie. Le 17 décembre 1914, ils débarquaient du navire « Machias », se dirigèrent la Banque nationale d’Haïti et et firent main basse sur le contenu du coffre de la BNRH, dérobant un total de 500 000 dollars qui seront par la suite transférés et déposés à la National City Bank aux Etats-Unis.
Nous citons une lettre de Washington en Janvier 1915 adressée au secrétaire d’Etat Bryan: « l’administration américaine travaille maintenant formellement à une intervention militaire en Haïti, selon tous les éléments d’informations recueillis. Le Président Wilson a donné le dossier au secrétaire d’Etat Bryan. Dans sa lettre envoyée à Bryan 13 Janvier 1915, il a fait savoir sa volonté d’envoyer des messagers en Haïti pour parler aux dirigeants de tous les groupes qui se dressent les uns en face des autres, de leur dire que fermement les États-Unis ne resteront pas passifs face à cette situation révolutionnaire établie en Haïti »
Il est évident que lorsque Washington parle de situation révolutionnaire, cela veut dire qu’il y a un mouvement populaire qu’ils n’ont pas réussi à maîtriser et qu’ils vont bloquer.
Ainsi le 28 Juillet 1915, il s’agissait de défendre les intérêts de la banque d’affaires américaine Kuhn, Loeb & co , la diplomatie du dollar des commerçants américains ayant des intérêts en Haïti avait un grand rôle à jouer. Et pour cela, il fallait coûte que coûte empêcher le mouvement populaire des Cacos, à travers la personne de Rosalvo Bolbo, et empêcher ce dernier, un dirigeant anti-américain, d’accéder au pouvoir. Lorsque Charles Oscar Etienne massacra plus de 167 prisonniers politiques, cet acte de répression ne fit que révolter la conscience des masses populaires et les porta descendre dans les rues pour évincer Vilbrun Guillaume Sam.
Le mouvement des Cacos avait totalement combattu le régime de Vilbrun Guillaume Sam d’autant qu’il avait un caractère anti-américain. Et ce n’est pas sans raison que Rosalvo Bobo en avril 1915, demanda aux masses populaires de prendre les armes contre les forces américaines.
A leur arrivée, le secrétaire d’état américain aux affaires étrangères Lansing, pour amadouer le peuple haïtien et pour justifier leur forfaiture déclara que « les Etats-Unis n’ont d’autre but que d’assurer, d’établir et de contribuer au maintien de l’indépendance d’Haïti et d’établir un gouvernement stable en faveur du peuple. Le peuple haïtien recevra toute aide possible en vue d’atteindre cet objectif »
Ainsi en moins de deux semaines, les forces occupantes choisirent eux-mêmes leur marionnette en la personne de Philippe Sudre Dartiguenave. Le processus adopté pour choisir Dartiguenave fut totalement humiliant pour notre pays.
C’est le Capitaine Edward L. Beach, chef d’état major de l’Amiral Caperton qui avait lui-même fait ce choix et Washington l’a approuvé tout bonnement en ayant soin d’indiquer ses recommandations : « Afin d’éviter tout malentendu après les élections , les candidats seront clairement informés…qu’ils doivent être prêts à confier aux Américains, la direction des douanes et le contrôle des finances de la République d’Haïti suivant que les Etats-Unis le jugeront nécessaire pour la bonne marche de l’administration » Ainsi, le 10 aout 1915, Benson , le secrétaire a.i. de la Navy transmet à L’Amiral Caperton ce message : « Permettre aux haïtiens de procéder à l’élection quand il leur plaira. Les Etats-Unis préfèrent l’élection de Dartiguenave » Et deux jours plus tard, soit le 12 Aout 1915 l’Assemblée Nationale vota Sudre Dartiguenave Président d’Haïti.
Dans un projet de traité soumis par les forces occupantes au président fantoche Dartiguenave et au Parlement haïtien, il y a eu réticence de la part de certains parlementaires de parapher l’accord. Ainsi, le chef des forces occupantes le Contre-Amiral W. B. Caperton haussa le ton dans un discours le 10 novembre 2015, s’adressant en ces termes à Dartiguenave et à ses ministres. « Messieurs je suis sûr que vous n’ignorez nullement ma position dans la situation actuelle et je suis convaincu que les Etats-Unis ont l’intention de maintenir leur présence en Haïti jusqu’à l’atteinte de l’objectif établi et que le gouvernement américain procédera à la pacification complète du pays afin d’assurer la tranquillité interne nécessaire au développement des industries locales pour améliorer les conditions de la populace affamée et livrée au chômage. Entre-temps, le présent gouvernement recevra l’aide nécessaire promouvoir les conditions de stabilité et de paix permanentes en Haïti. Quant aux récalcitrants, ils n’ont qu’à attendre le traitement que mérite leur comportement »
Ce traité voté par la suite, donna à l’occupation une base légale. Ce traité permit aussi aux Etats-Unis de mettre la main sur la gestion des douanes, de l’administration, et de réorganiser le pays à leur goût ; avec une nouvelle constitution en majorité écrite par le président Wilson lui- même. Ce système se tenait en croix pour empêcher tout changement social, économique et politique dans le pays.
L’objectif en fait du débarquement de 1915, fut de dominer Haïti. Pour le faire, les États-Unis mirent en place un système de dominance qui garantirait que les ordres de Washington soient respectés, fût-ce même pour le malheur d’Haïti.
A ce stade, bien que les marines fussent partis en 1934, Washington continuait cependant de contrôler le pays par la filière de gouvernements réactionnaires qu’il manipulait à sa guise: les appuyant s’ils se conformaient à sa politique, les renversant s’ils manifestaient la moindre velléité d’autonomie, ou selon qu’il l’approuve ou qu’il le rejette lorsqu’il lui déplaisait. Ainsi le gouvernement des Duvalier, de Préval et celui de l’actuel président Martelly sont des exemples concrets qui illustrent clairement la domination coloniale des Etats-Unis sur Haïti. Cette domination, parfois se présente sous un visage humanitaire, avec des centaines d’ONGs jouant un rôle politique majeur, voire pernicieux puisque financés par les pays impérialistes. Il leur a été assigné la mission d’influencer et de coopter les esprits pour les amener à jouer le jeu de l’occupant.
Nous ne pouvons ne pas rappeler le rôle néfaste de l’USAID qui mène dans le pays une campagne dans tous les quartiers populaires de sorte à les faire accepter de vivre comme des assistés.
En 1991 et en 2004, les Etats-Unis ont concocté deux coups d’état pour renverser le président constitutionnel d’alors, Jean-Bertrand Aristide. La première fois seuls ; la deuxième fois avec la complicité agissante de puissances tutrices comme la France, le Canada et l’Union Européenne. Deux coups qui ont entraîné deux interventions étrangères. Le but prétendu de ces interventions était la restauration de l’ordre et le maintien de la paix, quand en fait, le premier coup avait des raisons très spécifiques : éliminer les masses populaires qui supportaient le gouvernement Lavalas et également faciliter la pénétration en profondeur du fléau néolibéral, commencé dans les années 80 sous le régime de Jean-Claude Duvalier, imposé à Haïti par l’impérialisme américain, avec l’aide active de sa propre classe dirigeante encombrante et réactionnaire. Le second coup en 2004, perpétré par les USA et la France, c’est pour avoir soulevé la question du remboursement des 21 milliards de dollars extorqués par la France aux Haïtiens à partir de 1825, pour prix de leur liberté. La France dépitée a alors soutenu à fond le coup d’État de 2004.
S’il y a eu une certaine déstabilisation et coup d’Etat, quels en furent les auteurs intellectuels ? Quelle Ambassade qui s’est toujours impliquée dans les mauvais coups en Haïti? Qui a créé le FRAHP et armé les mercenaires Toto Constant et Louis Jodel Chamblain ? Qui supportait les soi-disant rebelles armés jusqu’aux dents Guy Philippe, Louis Jodel Chamblain, Ravix Ramissainthe et co venant de la République dominicaine pour déstabiliser le gouvernement d’alors en 2003-2004.
Le 28 juillet 1915 quand les Marines ont débarqué, ils déclarèrent «qu’ils sont venus pour défendre leurs intérêts et leurs vies américaines dans le pays et aider Haïti à sortir de la pauvreté, avoir la tranquillité d’améliorer les conditions de vie du peuple haïtien ». Ce sont les mêmes refrains que nous avons entendus du commissaire Bill Clinton, de l’ancien président Bush, du président Barack Obama, de Sandra Honoré et des autorités brésiliennes, chiliennes qui se sont succédées à la tête de la MINUSTAH, la Mission des Nations Unies pour stabiliser Haïti établie dans le pays le 1er juin 2004 par une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Quel chaos il y avait dans le pays devant occasionner la présence de cette force d’occupation? Quel a été le motif de cette occupation en 2004 si ce n’était que pour détruire le mouvement populaire et toutes les organisations de base conséquentes qui évoluaient dans le pays !
La présence de la Minustah est pour rassurer les capitalistes notamment les Etats-Unis, bastion et principale force du colonialisme contemporain et pour garantir une certaine stabilité afin qu’ils puissent atteindre sans aucune contrainte leur objectif à savoir, nous imposer leur civilisation, leur pratique, leur idéologie, leur façon d’agir et de vivre et, en un mot, la recolonisation. Ceci n’est rien de plus que la persistance de l’opinion raciste du gouvernement américain qui n’est pas récente et selon laquelle le peuple haïtien est incapable de conduire ses affaires intérieures de manière adéquate.
Nous ne devons pas oublier que tout comme la bourgeoisie haïtienne avait collaboré avec les forces occupantes en 1915, celles-ci ont trouvé le même accueil en 2004 surtout de leurs alliés, ceux qui ont été financés cette fin, les Apaid, Baker, Evans Paul, Michel Martelly, Turneb Delpé, Hervé Saintilus, Himmler Rebu, Yanick Lahens pour ne citer que ceux-là. Sans oublier les artistes et écrivains du collectif NON. Et même certaines organisations qui se déclarent progressistes avaient apporté leur quote-part à la propagande impérialiste pour briser l’émancipation des masses populaires sur la scène politique. Ce n’est pas sans raison que Préval et Michel Martelly, s’estiment être à l’abri des coups d’État grâce à la présence des militaires étrangers déployés dans le cadre de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah).
Les décisions prises en 1915 sont à l’origine du naufrage actuel de notre pays. Le bilan du tremblement de terre en Janvier 2010 s’élève à plus de 200.000 morts, 250.000 blessés et des millions de sans-abri. Cette catastrophe n’a fait qu’enrichir davantage les classes dominantes qui ont utilisé des dons destinés à la reconstruction du pays à construire des hôtels et qui pis est, il ne s’agissait pas uniquement de Bill Clinton qui a pillé alors que même la Croix rouge américaine a fait sa petite fortune sur le dos des victimes du terrible séisme du 12 Janvier.
L’occupation militaire américaine a aggravé la crise structurelle dès le début du XXème siècle tout comme la Minustah aggrave la crise actuelle en accélérant l’effondrement national. En témoignent les nombreux actes de viols des casques bleus sur les jeunes, l’apparition du kidnapping et du choléra qui ont fait plus de 8.300 victimes et plus de 520.000 personnes infectées.
L’objectif de l’occupation de 1915 continue sa course de plus belle dans le pays avec les élections en cours qui ont été programmées même au moment du Centenaire de cette date marquante et humiliante. Empêchant une mobilisation populaire contre les forces occupantes, puisque tous les esprits sont tournés vers les élections-sélections qui ne serviront que les puissances tutrices et exploiteuses qui ne cessent de piller les ressources du pays.
Aujourd’hui, l’impérialisme est non seulement présent au pouvoir en Haïti, mais il est décidé à mettre le pays totalement sous ses griffes. Voilà pourquoi, il commence donc par prendre le sol, en dépouillant les paysans de leur terre pour construire des hôtels, des terrains de golf et des plages. Ils déracinent les résidents du centre-ville de Port-au-Prince, les paysans de l’Ile-à-Vache, afin de bâtir leur eldorado devant inclure grands hôtels, grands magasins, casinos et même des bureaux luxueux pour les hommes d’affaires internationaux.
Ce n’est pas sans raison qu’il n’y a pas de commémoration officielle pour marquer la mémoire de cette date de la honte. Le gouvernement en place de Michel Martelly et d’Evans Paul ne sont que deux agents au service des capitalistes internationaux. Ils ne font que mettre en pratique la politique des deux derniers coups d’état contre les masses populaires. Aucune différence avec Sudre Dartiguenave, Borno et autres.
Pour nous sortir de ce carcan, de cette domination, il nous faut agir à l’instar du peuple cubain : commencer par détruire cet appareil d’état néocolonial et pro-impérialiste qui de Vincent (1930-1941) à Martelly (2011- présent) ne fait que renforcer la main mise étrangère sur le pays.