Le lundi 16 octobre dernier, l’occupation haïtienne par les occidentaux sous la couverture des forces des Nations-unies a changé de nom et de direction de façon à poursuivre de plus belle le processus d’occupation du pays. Leur présence s’étalera soi-disant pour une période initiale de six mois allant du 16 octobre 2017 au 15 avril 2018. Leur effectif de 1275 policiers est censé assurer le développement de la Police nationale d’Haïti (PNH), le renforcement de l’État de droit et la promotion des droits humains.
C’est vers les 3h de l’après-midi au camp Delta à Tabarre qu’a eu lieu la cérémonie d’installation officielle de cette force en principe nouvelle, mais largement ancienne puisqu’elle conserve sept des 11 unités de police constituées de la MINUSTAH qui ont été déployées dans cinq départements régionaux du pays.
Quelques jours avant cette installation de la honte, soit le jeudi 12 Octobre dernier, Sandra Honoré la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies a été devant les membres du Conseil de sécurité de cette organisation pour présenter son rapport final sur le bilan de la MINUSTAH. Pour elle l’occupation du pays est une opportunité à saisir pour les Haïtiens, une chance à ne pas laisser passer, une façon de magnifier son rôle de chef des forces occupantes : « Il appartient aux autorités et au peuple haïtien de se servir pleinement de la fenêtre d’opportunité créée par les efforts de stabilisation de la dernière décennie, réalisés avec le soutien de la MINUSTAH et d’autres partenaires internationaux. »
« Le départ de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti représente un moment pour tourner la page en Haïti et un moment pour permettre que le pays continue d’aller de l’avant ». Si le pays est en train d’aller vers l’avant pourquoi prolonger l’occupation sous le faux prétexte de forces de police jusqu’à déclarer : « J’invite les autorités haïtiennes, tous les acteurs politiques et la société civile à pleinement saisir l’opportunité qui se présente à travers la MINUJUSTH et les Agences, Fonds et Programmes des Nations Unies en Haïti ».
En cette occasion, les pays occidentaux particulièrement la France et les Etats Unis par la filière de leurs ambassadeurs aux Nations-Unies en l’occurrence Mme Michele J. Sison et M. François Delattre ont applaudi des deux mains les propos de leur agent et le passage de la MINUSTAH à la MINUJUSTH. Delattre a appelé la MINUJUSTH à bâtir ses succès sur ceux enregistrés par la MINUSTAH afin de remplir ses objectifs. Nous avons bien compris de quoi parle le représentant de la France.
D’un autre coté pourquoi les représentants officiels du pays n’ont pas participé à cette installation ; alors qu’ils étaient présents lors de la cérémonie officielle de cessation des activités de la MINUSTAH à Port-au-Prince, le jeudi 5 octobre 2017? Colère de crapaud ? Ridicule fanfaronnade ? Présence inutile ? Seule Sandra Honoré doit peut-être le savoir.
Certes, le président Jovenel et les autorités parlementaires ont brillé par leur absence ; même le directeur de la police; sauf les ministres de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales en l’occurrence le Dr. Max Rudolph SAINT-ALBIN et celui des Affaires étrangères Antonio Rodrigue. Ce dernier dans son discours de circonstance ne s’est pas privé d’un iota pour étaler sa mentalité de colonisé : « Nous sommes très encouragés par les perspectives de coopération avec la MINIJUSTH pour nous aider à consolider les acquis et continuer avec les réformes visant à l’indépendance et à l’efficacité de l’appareil judiciaire ».
Par ailleurs Mamadou Diallo, pour sa part, le représentant spécial adjoint de la mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) a bien joué sa partition jusqu’à déclarer « Haïti saura saisir cette opportunité offerte par le déploiement de la MINUJUSTH pour consolider la stabilité politique acquise ces dernières années »
Les victimes du cholera ont été roulées dans la farine onusienne et américaine. Pas un mot de critique pendant leurs treize années d’occupations concernant leurs exactions de viol, et autres. Le délégué de l’Uruguay a loué le bilan positif de la mission oubliant le viol d’un jeune Haïtien de 18 ans Johnny Jean par cinq Casques bleus uruguayens à Port Salut que la justice militaire uruguayenne avait incarcérés et inculpés; toutefois, le représentant de l’Égypte de préférence a conseillé à la MINUJUSTH de ne pas se lancer dans des activités controversées, mais à travailler de façon à redorer l’image des soldats de la MINUSTAH.
L’ambassadeur haïtien à l’ONU, Denis Régis, avec ses yeux secs d’hypocrites pour ne pas prendre position, s’est contenté de déplorer l’introduction du choléra en Haïti par des Casques bleus Népalais de l’ONU ; mais sans demander à quand le dédommagement des victimes.
Les Etats-Unis ont pour leur part bien accueilli le déroulement du scénario puisque tout reste en contrôle sans aucun dérapage et c’est dans cette perspective que Heather Nauert porte-parole du Département d’État américain a, dans un communiqué de presse, déclaré que « Nous félicitons la MINUSTAH pour les contributions apportées au renforcement des institutions étatiques essentielles au progrès de la sécurité, du développement démocratique et de la croissance économique à long terme d’Haïti. Avec la MINUJUSTH, le gouvernement et le peuple haïtiens assureront leur propre sécurité et garantiront l’application de la loi. Elle sera également un partenaire fort en vue d’aider le gouvernement haïtien à renforcer la capacité de la PNH et à apporter des réformes dans le secteur de la justice »
Au sujet de la PNH, la porte-parole du Département d’État américain poursuit en ces termes élogieux : « En démontrant sa capacité à maintenir la stabilité et à se protéger contre les menaces de sécurité, la PNH est devenue l’une des institutions gouvernementales les plus fiables en Haïti »
Cette transition vers la MINUJUSTH n’est autre qu’une mission accomplie pour les États-Unis qui selon eux : « attendent avec impatience ce nouveau chapitre de l’histoire nationale du pays, et resteront engagés à travailler avec le gouvernement haïtien et la communauté internationale pour assurer qu’Haïti soit un endroit où règne plus de sécurité, un pays stable et autosuffisant ».
Autosuffisance? Quelle suffisance de langage !