L’impérieuse nécessité !

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C‘est clair, une nouvelle page vient de s’ouvrir dans l’histoire de la lutte du peuple haïtien grâce au dernier soulèvement des masses défavorisées contre les monstres portant masque d’homme, particulièrement les tenants des pouvoirs qui se taillent d’appréciables fortunes en détournant les dons destinés à aider les populations souffrantes et en pillant les ressources du pays.

La corruption et les pots de vin ont été élevés à la dimension d’une institution nationale, et à bien regarder, le bilan des récentes activités à caractère  contestataire, coiffées par  certaines organisations est tragiquement peu éloquent, laissant même à désirer. Elles n’ont pas répondu à l’attente du moment et le peuple, lui, est resté indifférent.

En effet, ces activités qui devraient en quelque sorte nettoyer la plaie puant la corruption qui a pris une ampleur si scandaleuse qu’elle anéantit tout  ce qui symbolisait les idéaux de justice, sont censées passer comme lettre à la poste, comme une force vidée de sa charge revendicatrice, illustrant ainsi un manque absolu de connections d’avec les masses populaires en lutte.

Il nous faut éviter que nos faiblesses organisationnelles portent atteinte à la portée historique des agissements des masses soulevées. Tout mouvement entrepris doit être bien huilé dans la machine populaire de sorte qu’il soit un coup de grâce à ce régime totalement discrédité, honni, qui désormais a montré grandement sa faiblesse. Un régime sans base populaire et fondé uniquement  sur le culte de la force, du pouvoir personnel assorti de corruption.

Certes, il nous faut battre le fer pendant qu’il est chaud, mais en prenant le soin également de s’assurer que l’action entreprise n’ait aucune faille. En ce moment précis, chaque mobilisation de contestation au nom des masses qui ne réussit pas, c’est-à-dire sans une réelle participation active des masses, ne fait que réduire le momentum puisque chaque action doit être un stimulant et davantage d’ espoir.  Ce n’est pas une course à la montre, mais l’important c’est qu’il faut agir vite et, plus précisément, bien à la fois, en évitant toute fuite en avant irréfléchie, irresponsable qui nous conduirait directement vers une attitude conciliante et de conciliabule.

Cessons toute politique de simulation, cessons de faire du théâtre, de la comédie quand le peuple lui, la principale victime, est sérieux dans ses actes.

Le catalyseur qui est le reflet d’une prise en main des masses ne doit jamais être mis au second plan pour laisser la place à des manifestations bourgeoises sans aucun objectif concret sauf de dénoncer la corruption et le gaspillage des fonds publics par le Parlement. Ce qui en fait ne sera, dans une certaine mesure, qu’une récupération pour ne pas dire une réorientation  de la lutte contre les sanguinaires d’hier et les bourreaux de demain. Il nous faut éviter de tomber dans leur piège. La petite bourgeoisie haïtienne est toujours soucieuse de faire oublier ses tares congénitales pour s’assurer un semblant de légalité afin d’endormir et de mieux exploiter les masses laborieuses.

Cessons toute politique de simulation, cessons de faire du théâtre, de la comédie quand le peuple lui, la principale victime, est sérieux dans ses actes. Voilà pourquoi il saisit le taureau par les cornes pour forcer les nantis à lâcher du lest. On n’apportera jamais du sérum dans la lutte des masses quand les choses se font en sous-développé, avec des slogans creux. Toute maladresse ne fait que renforcer  le camp ennemi. Ce n’est pas du fait qu’on était absent dans les rues les 6 et 7 juillet qu’on doit maintenant montrer au peuple qu’on court par quatre chemins et qu’on fait feu de tout bois. Ceux qui agissent ainsi de manière calculée voire opportuniste ne peuvent faire que figure de roulibeurs. L’essentiel est de faire pont avec le peuple ; non pas l’utiliser mais le rejoindre pour l’accompagner et agir avec lui, non sans lui.

On est arrivé à un stade où le moindre faux pas est inadmissible. L’appel est lancé à construire une organisation de classe de façon à offrir aux ouvriers, aux paysans et à nos jeunes les éléments nécessaires pour qu’ils soient guidés et participent à la construction de cette société nouvelle qu’ils devront prendre en charge.

Les stratèges de salon adeptes de la théorie du faire voir feraient mieux de méditer sur les enseignements à tirer du soulèvement populaire qui, en dépit de tout, avait pu s’étendre irrésistiblement à travers le pays.

La simple mobilisation ne suffit pas. La création d’un parti anti-impérialiste de la classe ouvrière et paysanne s’impose plus que jamais. N’est-il pas venu le moment de se concerter, de s’organiser de façon à mettre sur pied un plan d’action allant dans ce sens ? Tel est l’objectif vers lequel tend le journal Haïti Liberté qui travaille dessus avec acharnement! Ceci s’avère une  impérieuse nécessité.

 

 

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