Les opérations policières dérangent-elles le kidnapping ?

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Les opérations policières de Joseph Jouthe-Léon Charles n’ont rien changé à l’industrie du kidnapping. Sans la collaboration manifeste de la population, la Police ne parviendra jamais à marquer des points dans la lutte contre l'insécurité

 Depuis quelques semaines, la police nationale, sous les ordres de son nouveau directeur, l’ancien militaire et ex-diplomate Léon Charles aux commandes, ne cesse de mener des razzias dans certains quartiers pauvres pour démanteler les bandits et plus précisément combattre l’insécurité qui l’accompagne de façon à ramener le calme dans la capitale, particulièrement, en raison des fêtes de fin d’année, du nouvel an et du 217e anniversaire de notre indépendance.

Durant ces incursions entamées au bidonville de Village-de-Dieu, les policiers ont justement détruit certains abris de fortune sous prétexte d’en chasser les bandits. Combien de bandits ont été démantelés des six opérations de la police au Bicentenaire ? Pour toute réponse, et sans évoquer de chiffres en termes de bilan, Léon Charles s’est tout simplement contenté de dire que « l’opération a contraint les civils armés à s’enfuir. » Pour ajouter ensuite, le 4 décembre 2020 dernier dans une conférence de presse, « On est entré à Village-de-Dieu, on a pourchassé les bandits et on y restera ».

Il y a certainement une présence policière dans les rues en cette période de fêtes. Ces opérations continuent dans d’autres endroits particulièrement dans les communes de Ganthier, Croix-des-Bouquets, Thomazeau, entre autres. Selon le porte-parole de la PNH, Garry Desrosiers, dans le cas des attaques policières  contre les bandits armés de la base des 400 MAWOZO, les résultats se sont révélés satisfaisants avec 18 présumés bandits arrêtés, 4 véhicules volés récupérés et une partie de la base démolie. 

l’opération en cours est très applaudie par le Premier ministre tètkale Joseph Jouthe, opération qu’il a baptisée de « Je Kale E Alye Manyen Youn Manyen Tout »

Bien avant ces opérations, le chef du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), Joseph Jouthe  annonçait en grande pompe : « Bientôt, bientôt, nous aurons des résultats » et : « les gangs armés n’auront pas de répit », « la police nationale et toutes les autres forces publiques habilitées prendront des mesures pour faire face à ce problème », a-t-il fait savoir.

Certes, l’opération en cours est très applaudie par le Premier ministre tètkale Joseph Jouthe, opération qu’il a baptisée de « Je Kale E Alye Manyen Youn Manyen Tout », une façon de tourner en dérision le groupe G9 et allié et sa devise manyen youn manyen tout.

Cependant jusqu’à nos jours, les opérations policières de Joseph Jouthe-Léon Charles n’ont rien changé à l’industrie du kidnapping. Selon Anthonal Mortimé, Le Collectif Défenseurs Plus dit avoir recensé plus de mille cas de kidnapping en Haïti d’octobre à décembre 2020. 

Le nouveau chef de la Police, Léon Charles, ne cesse de mener des razzias dans certains quartiers pauvres soi-disant pour démanteler les bandits et plus précisément combattre l’insécurité.

Les policiers, effectivement essaient d’un coté de montrer qu’ils ne sont pas impuissants à remplir leur mission de « Protéger et Servir ». Ainsi, ils indiquent qu’ils ont appréhendé des bandits affiliés au G9 et démoli les bases de 400 mawozo. Mais qu’est-ce qui a changé en fait, du  côté des bandits, quand les enlèvements contre rançon continuent de plus belle dans la Capitale et dans d’autres villes du pays? Des sommes exorbitantes ont été payées par les victimes de sorte qu’elles puissent retrouver leur liberté.

Les opérations policières n’ont pas empêché les cas de kidnapping de se multiplier. Un ressortissant canadien nommé Philippe Fils-Aimé, a été atteint de cinq balles dans la nuit du 22 au 23 décembre 2020, alors qu’il défendait sa femme et son fils d’une tentative  de kidnapping à Port-au-Prince. Le lendemain, Wisline Montas a été kidnappée, sans oublier le jeune étudiant Grégory Sanon qui a été enlevé à l’Arcahaie. Le 24 décembre, le docteur Elie Henry, ainsi que sa fille Irma Henry ont été kidnappés. Jean Raynold Saint-Hilaire et Berthony Silva ont été eux-mêmes enlevés sur la route nationale numéro un, pour ne citer que ceux-là.

L’inspecteur divisionnaire Gary Desrosiers, porte-parole de la Police Nationale d’Haïti (PNH) a pour sa part informé le lundi 27 décembre que le Chef de Gang Joseph Wilson alias « Lanmò Sanjou » et deux de ses principaux lieutenants connus comme Ronald et Azoukeng ont réussi à s’échapper et qu’un avis de recherche avait été émis contre ces 3 criminels.

Il poursuit pour dévoiler que malgré les nombreux échanges de tirs, aucun blessé ou tué n’a été signalé tant chez les policiers que chez les malfrats. La PNH n’a récupéré également aucune des armes des bandits a précisé Desrosiers. Où est le démantèlement Jouthe Joseph? 

Le Premier ministre tètkale Joseph Jouthe, et son opération trompeuse qu’il a baptisée de « Je Kale E Alye Manyen Youn Manyen Tout »

Alors que l’insécurité ne fait que s’étendre de plus en plus dans le pays, cela indique que les policiers eux-mêmes n’ont aucun moyen pour mettre un terme à ce phénomène. Il faut une autre approche qui soit complémentaire au travail de la police. 

La police n’est et ne sera jamais en mesure de porter assistance aux victimes, sinon barrer la route de l’insécurité quand le gouvernement reste insensible aux conditions de vie déplorable infrahumaine que mènent les laissés pour compte.

Le chef du gouvernement tout aussi bien que le président de la République et la classe des exploiteurs qu’ils représentent n’ont aucun souci réel de la vie des masses souffrantes haïtiennes. Il faut être clair là-dessus, le gouvernement Phtk n’a rien consenti à mettre en place pour combattre réellement ce fléau, sinon seulement occuper certains endroits par la police ; il n’a initié aucun programme de sécurité publique pouvant encadrer les habitants de ces quartiers pauvres. L’image que projette ce pouvoir laisse à désirer et la population en a marre. 

il faut aussi la construction de vrais logements, de vrais hôpitaux, d’écoles professionnelles, le chômage et l’insécurité alimentaire qu’il faut démanteler

Le père d’une fille qui a été assassinée par son patron n’a-t-il pas appelé sur les ondes de Radio Caraïbes pour expliquer comment le Premier ministre Joseph Jouthe qui lui avait promis assistance, l’a roulé dans la farine. Voilà pourquoi certaines familles victimes du kidnapping préfèrent désormais collaborer avec les ravisseurs en vue de la libération de leurs proches au lieu de s’adresser à la Police. De même dans les zones dites de non-droits, la population collabore sans heurts avec les bandits qu’ils considèrent comme leurs pourvoyeurs en nourriture et même en cas de nécessité de maladie et autres.

Ainsi, la Police ne parviendra jamais à marquer des points dans la lutte contre le banditisme, si elle n’a pas la collaboration manifeste de la population.  Pour avoir cette collaboration, il faut qu’il n’y ait pas uniquement une présence policière dans les zones réputées dangereuses ; il faut aussi l’accompagnement d’un certain programme de sécurité sociale à savoir la construction de vrais logements, de vrais hôpitaux, d’écoles professionnelles, le chômage et l’insécurité alimentaire qu’il faut démanteler de sorte que ces pauvres gens puissent avoir confiance non seulement en eux-mêmes mais également dans leur police et dans leur pays. Cela seulement pourra aider à renforcer la lutte contre l’insécurité. 

Autrement, ce ne sont pas les opérations policières bidon qui vont effaroucher les bandits.

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