Certains sénateurs de la République ont, le mardi 11 juillet 2017 dernier, exprimé leur ras le bol sur la question du salaire minimum qui depuis belle lurette fait la une de l’actualité. Ainsi, dans une résolution qu’avait présentée le président de la commission des Affaires sociales et du Travail, le sénateur de l’Ouest de la plateforme Vérité Antonio Chéramy et signée par les sénateurs Denis Cadeau, Jean Marie Junior Salomon, Evalière Beauplan, Nenel Cassy, Youri Latortue, Ricard Pierre, Dieudonne Luma Etienne, Joseph Lambert, Dieupie Chérubin, Jean Renel Senatus et Onondieu Louis, certains d’entre eux ont pris catégoriquement leur distance avec le rapport du Conseil supérieur des salaires (CSS) suggérant l’augmentation du salaire minimum dans le secteur textile de 300 à 335 gourdes.
Par cette résolution comportant cinq visas, trois considérants et quatre articles, les parlementaires se sont opposés à la proposition d’ajustement de salaire du Conseil Supérieur des Salaires (CSS) indiquant que « le président de la République est requis de consulter les experts en la matière en vue de vérifier la conformité des indices macroéconomiques utilisés dans l’élaboration dudit rapport au regard des conditions matérielles d’existence des ouvriers et ouvrières.»
En ce sens, ces sénateurs mettent justement l’exécutif le dos au mur, quand « ils demandent au chef de l’État de surseoir à la publication du rapport présenté par le Conseil Supérieur des Salaires fixant, le salaire minimum des ouvriers avec un ajustement de 35 gourdes. » et recommandent « au gouvernement de prendre des mesures urgentes afin de résoudre ce problème récurrent mettant face à face ouvriers et patrons. »
Selon l’un des porte-paroles de la présidence, en l’occurrence Lucien Jura, le président ne va pas pour l’instant publier les recommandations du CSS au journal officiel le Moniteur, puisqu’il est en train d’entreprendre des consultations sur la proposition avant de se prononcer.
Entretemps, les manifestations qui ont rassemblé plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance jusqu’au mercredi 12 juillet ont été momentanément suspendues, et les ouvriers ayant repris le travail le jeudi 13 juillet après les 3 journées de manifestations, attendant que le chef de l’Etat prenne des dispositions pour donner suite à leurs revendications.
Dans sa dernière correspondance, datée du 14 juillet, adressée au président du Conseil supérieur des salaires (CSS), le ministre des Affaires sociales et du Travail, Roosevelt Bellevue, Renan Hedouville, a invité les membres du CSS à revoir leur copie dans les 72 heures et à procéder à une réflexion plus approfondie de ses recommandations tout en exprimant également les inquiétudes du président Jovenel Moise « afin de favoriser une décision juste et appropriée du chef de l’État, relative au salaire minimum, garantissant l’amélioration des conditions de travail des salariés et susceptible de maintenir la confiance des investisseurs présents et futurs en Haïti ». Il est donc très significatif que l’exécutif ne veut pas prendre des risques.
Le sénateur Antonio Cheramy, président de la commission des affaires sociales du Sénat, a pour sa part étalé sa grande crainte d’« un éclatement social ». Le sénateur sans doute veut éviter, si rien n’est fait de façon à prendre en compte les divers mouvements de protestations, principalement, celui des ouvriers de la branche textile, que le pouvoir perde le contrôle du pays.
Il est bruit que les hôpitaux rentreront très prochainement en grève sur la base d’une différence qui aurait existé entre l’augmentation de salaire des médecins et celle du personnel de soutien. Les syndicalistes du secteur de la santé ont appelé les travailleurs de la santé à se préparer à rentrer en grève, paralysant ainsi les hôpitaux publics. Et la grève des greffiers est toujours en cours au palais de justice de Port-au-Prince et dans tous les tribunaux exigeant de meilleures conditions de travail.