L’assassinat de Jean-Jacques Dessalines continue !

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Le 17 octobre 1806, vingt-huit mois après la proclamation de l’indépendance et la fondation de la Nation haïtienne, le principal dirigeant de cette épopée révolutionnaire antiesclavagiste et anticoloniale de 1804 a été crapuleusement assassiné par les couches dominantes pour le  contrôle de l’appareil de l’Etat.

Ce funeste événement n’a pas marqué une nouvelle ère, encore moins un renouveau. Bien au contraire !  Comment Haïti pouvait en être autrement, quand juste après la fameuse victoire à Vertières sur l’armée française, les fils des colons exécutent sans états d’âme l’artisan du rêve de la transformation sociale et politique du nouvel Etat ? Celui qui voulait que la grande majorité paysanne, en l’occurrence les descendants d’esclaves des champs puissent vivre, travailler et récolter en paix le fruit de leur sueur.

217  ans après, le pays n’a connu que des imbéciles corrompus, des valets, à la solde de l’étranger et des traîtres au pouvoir, complices tacites des anciennes puissances esclavagistes qui ne font que livrer la guerre au peuple pour le ramener sous la domination coloniale.

Cet assassinat reste une réussite pour la classe des réactionnaires.  Car, ils ont pu détruire totalement tous les rêves et de surcroit les idéaux progressistes dessaliniens de faire de cette Nation un exemple de société en mesure d’ériger un système politique juste socialement où la liberté occuperait la première place. Il s’agit, en fait, de rompre avec le projet colonial, la destruction totale des rapports coloniaux esclavagistes et combattre l’hégémonie des puissances occidentales de sorte que les nouveaux paysans sortent enfin de leur paradoxe.

L’assassinat de Jean-Jacques Dessalines a fait avorter le processus de libération des masses opprimées que portait en elle la Révolution sociale de 1804. Pire, il a ouvert la porte à un au autre projet  de gouvernement, une autre société d’exploitation des masses travailleuses.

Ce fut en quelque sorte une rupture totale des projets sociaux que Dessalines, le Père de la patrie avait voulu mettre en place pour le partage des ressources du pays dans l’intérêt de tous les Haïtiens. Dix-sept octobre 1806, demeure une coupure dans la société haïtienne, un coup d’Etat établissant une rupture totale entre la Révolution de 1804 et l’avenir de cette terre.

Depuis cette date, le pays a emprunté une fausse route débouchant sur une tragédie nationale pour les anciens esclaves et leurs descendants. Ainsi, tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ne font que s’adonner à des réformes conjoncturelles bien souvent impopulaires toujours dans l’esprit de tenir intact le statu quo ante.

Ce premier crime politique qu’est l’assassinat du Fondateur de la Nation a complètement et catégoriquement modifié les conceptions du pouvoir dans ce pays. Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat concret de ce premier coup d’Etat de l’histoire haïtienne qui a mis frein au processus de changement que voulait le Père de la Nation. Les acteurs et assassins qui avaient concocté le parricide ont seulement changé de visage et de vêtements mais ils demeurent authentiquement les mêmes escrocs occupant l’appareil de l’Etat.

Leur conception est d’avoir le pouvoir pour le pouvoir, jouir de ses privilèges mais sans jamais construire une piste d’atterrissage qui aurait pu nous permettre de progresser ou de reprendre le contrôle de notre destinée.

La signification du dix-sept octobre 1806 ne saurait être la même pour les masses défavorisées qui pleurent encore l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines et ceux qui se réjouissent de ce coup fatal. Cette classe de criminels, minoritaire, au pouvoir qui ne voit qu’elle et se foutant cordialement du malheur de la majorité, particulièrement les plus vulnérables est le grand responsable du drame que traverse actuellement le pays. Le 17 octobre que le pouvoir commémore hypocritement chaque année représente, pour autant, un jour de victoire de la domination étrangère  sur les masses populaires haïtiennes.

Pour comprendre la situation sociopolitique actuelle d’Haïti ou du moins se demander comment le pays en est-il arrivé à cet état lamentable, il faut tout d’abord comprendre les multiples dessous de l’assassinat de Dessalines.

Alors que le Premier ministre de facto Ariel Henry a timidement déposé une gerbe de fleurs au Musée du Panthéon National d’Haïti (Mupanah), le 17 octobre 2023, avec le cynisme qui le caractérise, ce Gonzé attend avec impatience l’arrivée des militaires étrangers qu’il a lui-même sollicités et parrainés par les puissances impérialistes pour venir souiller une nouvelle fois le sol national. N’est-ce pas trahir une énième fois notre immortel Empereur, Jean-Jacques Dessalines !

Ces simulacres de commémoration ne sont que pour la façade afin de mieux cacher le vrai visage des auteurs et co-auteurs du crime du 17 octobre, en l’occurrence la présente oligarchie qui veut tout tenter afin de venir à bout du peuple.

N’est-ce pas l’assassiner à nouveau et cela quotidiennement quand les nantis et les vautours locaux, ces sous-fifres de l’impérialisme, ces élites rétrogrades vivant à outrance dans un luxe insolent, pillent et accaparent toutes les richesses du pays pour ne jeter que des miettes au peuple ? Le projet de l’assassinat de Dessalines continue et persiste encore, puisque ce sont toujours les mêmes assassins qui occupent la scène politique haïtienne.

 

 

 

 

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