L’agenda secret de Washington juste après l’assassinat du président Jovenel Moise, est d’utiliser une de ses méthodes d’une tête à deux faces, à savoir, dire tout haut ce qu’il refuse catégoriquement en renforçant par tous les moyens, ce qu’il décline ouvertement en vue de continuer le processus d’affaiblissement et de déstabilisation du pays.
Fidèle à son credo de domination hégémonique, aucune manœuvre politique, si spectaculaire soit-elle, du Département d’État américain n’a jamais réussi dans aucun pays. Sauf dans la guerre civile au Rwanda, une guerre qui a opposé le gouvernement rwandais d’alors constitué de Hutu aux Tutsi du Front patriotique rwandais de Paul Kagamé.
La reconstruction du Rwanda ce n’était pas pour faire montre d’une certaine volonté, ni une question de principe d’aider un pays à se développer, se moderniser. Si c’était dans son ADN politique, il l’aurait fait dans d’autres pays comme Haïti qui périt sous sa domination directe depuis plus d’un siècle. Ce modèle de réussite a été fabriqué afin d’exprimer et confirmer une victoire sur sa rivale impérialiste qu’est la France qui a perdu cette sale guerre dans sa chasse gardée du continent africain.
L’actuelle crise haïtienne démontre avec force le rôle primordial joué par les Américains dans la politique haïtienne. En effet, la prise de position contradictoire de Daniel Foote et Bryan Nichols à l’égard du Premier ministre a.i, Ariel Henry ne prête à aucune ambigüité. Elle illustre un clair désaccord entre les émissaires de Joe Biden et le Core Group sur la marche à suivre. Une chose est certaine, elle n’a été qu’un jeu subtil, une conspiration propre aux américains destinée à jouer sur deux tableaux à la fois de manière à détourner l’attention du monumental gâchis dont ils sont responsables.
Il est évident que le soutien appuyé des Etats-Unis au projet d’Accord mis en place par la Primature supportés par le Secteur Démocratique et Populaire, le PHTK, le MTV, la Fusion et autres, vient de haut. Ce qui ressemble fort à un coup de poignard dans le dos, un coup bas contre les initiateurs de l’Accord de Montana. Ce coup s’est révélé une stratégie méticuleusement élaborée par la Maison Blanche et le Département d’État. Cela prouve aussi une chose, ils ne font aucune confiance à cette panoplie de partis et d’organisations politiques de droite comme de gauche formant la Commission de la Société civile pour une solution haïtienne à la crise proposant un projet ambitieux, et ayant la velléité de remettre un peu d’ordre dans cette instabilité chronique qui ronge le pays de Dessalines.
Malgré les explications données, il semble acquis que Washington n’est pas réellement satisfait de leurs propositions d’Accords. Jouant le Ponce Pilate avec une attitude de neutralité, il entend de préférence jouer un rôle de médiateur. Les Etats-Unis vont jusqu’à proposer une approche ou une solution globale par le fusionnement des trois Accords : le PEN, l’Accord de Montana et celui de la Primature dit l’Accord pour une gouvernance apaisée, prétextant de trouver un grand compromis historique en faveur du pays. Projet irréalisable, Washington le sait mieux que quiconque !
Cependant, ce choix provient de la nécessité de protéger certains intérêts vitaux américains en Haïti. Pour les Etats-Unis, Ariel Henry et sa bande présentent des avantages évidents. Une poule aux œufs d’or. Tout d’abord, il n’a aucune légitimité populaire ; ensuite il serait impliqué jusqu’au cou dans l’assassinat crapuleux du président Moïse le 7 juillet dernier. Une suspicion qui le rend au bout du compte vulnérable et pour cela il a besoin des Etats-Unis pour l’aider à maintenir et à gérer la Transition.
A ce stade, une conclusion s’impose et elle est simple. Dans ce jeu brutal, inique et cynique, on ne peut rien attendre de cette classe politique inféodée aux tutelles de Washington et qui ne respecte point les droits sacrés de son peuple. À la lumière du comportement mesquin et malsain de ces dirigeants, refusant de mettre Washington au pied du mur, il faut se rendre à l’évidence, que ce sont des hommes et femmes à mentalité colonisée. Ils lient leur sort aux forces du mal, pratiquant ainsi, une politique mystificatrice tout en désacralisant la cause haïtienne.
Dans cette crise, la classe dirigeante haïtienne se révèle plus que jamais l’instrument docile, conscient, complice et mercenaire de la stratégie laborieusement mise au point par les grandes chancelleries. Voilà pourquoi, jusqu’à présent, elle n’a pas l’embryon d’une réponse à la question fondamentale que tout le monde se pose : qui est responsable de l’effondrement du pays ?
Responsable et coupable, est cette classe politique corrompue qui laisse le champ libre à toute manœuvre impérialiste déstabilisatrice. Responsables et coupables, sont les gouvernements successifs qui ont mis en œuvre les politiques stipendiés visant à exploiter les masses populaires. En ce moment, il ne se passe pas un jour sans que s’amplifie la campagne d’intoxication, de déformation et de calomnie menée par l’impérialisme et la presse à ses ordres à l’encontre de certains ghettos qui tentent de s’organiser de façon à ne plus être au service de la lumpen-bourgeoisie, du pouvoir et de l’ancienne opposition.
Le peuple haïtien exploité et opprimé doit coûte que coûte se réveiller pour s’engager dans un vaste mouvement de libération nationale qui viendra frapper aux portes de ces faux dirigeants et de ces réactionnaires pour leur demander des comptes sur la tragédie du pays et leur faire payer le prix de leur rançon et de leur trahison.