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Depuis juin, les classes dirigeantes haïtiennes et les puissances impérialistes occidentales ont renforcé les forces répressives locales de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des Forces armées d’Haïti (FAdH) par l’intermédiaire de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MMS). Mais la résistance des masses populaires se renforce également.
À Léogâne, le jeudi 13 mars 2025, des manifestants sont descendus dans la rue pour protester vigoureusement contre l’insécurité dans la grande région métropolitaine et dans certaines régions du département de l’Artibonite. Nombreux sont ceux qui estiment que le gouvernement haïtien de facto contribue à la fois passivement et activement à l’insécurité, cherchant à faire capituler le peuple haïtien et à exiger une occupation militaire américaine directe d’Haïti.
Le mercredi 19 mars 2025, des manifestants à Canapé-Vert, dont beaucoup brandissaient des machettes et quelques autres des drapeaux russes, ont également protesté contre l’insécurité dans la capitale et exigé la démission des neuf membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, tous agents des puissances occidentales.

La réaction de plusieurs unités de la PNH face aux manifestants a été violente et répressive. L’un des organisateurs de la manifestation, Elibert Idovic, 35 ans, a été blessé par balle à l’abdomen et transporté à l’hôpital voisin de Canapé-Vert. Les médecins n’ayant pas pu le soigner, il a été transféré dans un hôpital de Médecins sans frontières, où il est décédé des suites de ses blessures. Idovic figurait parmi les cinq personnes blessées par balles de la PNH lors de la manifestation.
Les manifestants à Canapé-Vert ont attaqué plusieurs journalistes couvrant la manifestation, dont Lyonelson Peter Biamby de Fernando Live, la chaîne YouTube de l’analyste et commentateur haïtien Fernando Estimé. Il a été sauvé par la police.
Alors que la lutte et le désespoir s’intensifient, de nombreux innocents ont été tués. La PNH a été vue, filmée et accusée par des témoins d’avoir tué de nombreux civils sans motif, tandis que d’autres citoyens ont péri lors des combats entre la PNH et les troupes du MSS contre les groupes armés, ainsi que sur les barricades à des endroits comme Canapé-Vert et Arcahaie. La bourgeoisie haïtienne, le gouvernement et la PNH ont transformé en armes de nombreux justiciers qui tenaient les barricades en leur fournissant argent, armes, munitions et gilets pare-balles. Ils auraient exécuté arbitrairement de nombreuses personnes innocentes.
La confusion et la division sont également manifestes au sein du gouvernement de facto. Le jeudi 20 mars 2025, l’actuel président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a tenu une réunion de planification stratégique avec le chef de la PNH, Rameau Normil, au quartier général de la PNH, près de l’aéroport de Port-au-Prince. Étaient également présents le lieutenant-général par intérim des FAdH, Derby Guerrier, et le commandant du MSS, Godfrey Otunge. Cependant, ni le Premier ministre Fils-Aimé, qui préside officiellement le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), ni son allié Mario Andrésol, secrétaire d’État à la Sécurité publique, n’ont assisté à la réunion. Le conflit entre Fils-Aimé et Normil semble perdurer.

Nous encourageons toutes les manifestations populaires contre le gouvernement de facto du CPT, contre la domination de la bourgeoisie sur la politique et l’économie haïtiennes, contre le pillage néocolonial de la main-d’œuvre et des ressources minières du pays, et contre la corruption active et passive des fonctionnaires. À mesure que la conscience politique et idéologique des masses populaires se développe, fondée sur la dialectique marxiste-léniniste, elles finiront par identifier et combattre activement leurs ennemis de classe dans le secteur privé, les responsables publics et privés de la petite bourgeoisie opportuniste, les réactionnaires, les secteurs religieux, les classes moyennes hésitantes, les politiciens corrompus de la classe politique traditionnelle, les groupes de la « société civile », les médias au service des ambassades étrangères et les forces armées de la bourgeoisie.
Nous devons œuvrer à la construction d’une organisation politique anti-impérialiste, consciente, disciplinée et autonome, véritable outil de lutte pour l’édification d’une nouvelle société socialiste. Le gouvernement américain entend canaliser et contenir la colère des masses haïtiennes par la répression physique ainsi que par le contrôle idéologique et informationnel.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio rencontrera le nouveau président du CPT, Fritz Alphonse Jean, et d’autres dirigeants caribéens le mercredi 26 mars en Jamaïque pour discuter de la situation sécuritaire et migratoire en Haïti.
La question de la restitution des réserves d’or volées par les Marines américains à la Banque Nationale d’Haïti (BNH) en décembre 1914 ne sera certainement pas soulevée. Les 500 000 dollars en lingots d’or saisis valent aujourd’hui environ 16 millions de dollars. Il ne sera pas non plus question du remboursement de la dette d’« indépendance » – une véritable rançon – qu’Haïti a commencé à payer à la France il y a 200 ans, en 1825. Cette restitution s’élèverait à environ 115 milliards de dollars selon certains calculs.
L’impérialisme américain a ses propres problèmes. La lutte à Washington entre les mondialistes et les « nationalistes » de Trump a entraîné des contretemps, comme le démantèlement de l’USAID, qui complique également la mise en œuvre en Haïti du Global Fragility Act de 2019.
Néanmoins, la classe dirigeante américaine finira par s’unir, comme elle le fait pour Israël, autour de son objectif commun : détruire la résistance et la résilience d’un peuple qui fut le premier à abolir l’esclavage et à contribuer à la libération d’autres peuples sud-américains du système esclavagiste des puissances coloniales occidentales au XIXe siècle.
Alors que la lutte pour le pouvoir s’intensifie dans la capitale, la solidarité des masses populaires des autres départements géographiques autour d’Haïti est également nécessaire et doit être coordonnée.
Une fois de plus, les masses populaires et leurs avant-gardes doivent s’organiser, se regrouper et lutter activement contre l’exploitation capitaliste en Haïti pour l’avènement d’une société socialiste. C’est la seule issue à ce marasme. Il n’y a pas de troisième voie.
Non à l’occupation militaire d’Haïti !
Non au renouvellement du mandat de la Force multinationale de soutien à la sécurité en Haïti !
Haïtiens progressistes, unissons-nous pour la lutte de libération nationale d’Haïti !
Liberté ou la mort ! La Patrie ou la mort !