La mémoire au service des luttes : Clara Zetkin

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Il y a 88 ans, le 20 juin 1933, Clara Zetkin nous quittait. 

Née Clara Eibner, elle est la fille de l’instituteur Gottfried Eibner et de la féministe Joséphine Vitale. Elle fait ses études au prestigieux institut Von Streyber où elle décroche un diplôme de professeur en langues étrangères. Elle s’éloigne du féminisme «bourgeois» et devient membre du SAP, l’ancêtre du Parti Social-démocrate d’Allemagne (SPD).

En 1889, elle participe à l’organisation de la Deuxième internationale à Paris. Elle y prononce un discours qui porte sur l’émancipation des femmes. Pour elle, l’accès au travail constitue un premier pas à cette émancipation parce que le travail procure aux femmes l’indépendance économique et l’égalité avec les hommes. Elle critique également le féminisme «bourgeois» qui se limite aux revendications touchant l’accès aux études supérieures pour les femmes et le droit de vote, revendications qui, selon elle, ne sont pas celles des travailleuses         

En 1892, Clara Zetkin fonde le journal Die Gleichheit (L’Égalité) et en devient la rédactrice en chef. Publié jusqu’en 1917, le journal a pour objectif d’éduquer les ouvrières et d’informer sur leurs conditions de travail.

Le 17 août 1907 a lieu à Stuttgart (Allemagne) la Première Conférence Internationale des Femmes Socialistes au terme de laquelle est fondée l’Internationale Socialiste des Femmes. Clara Zetkin en devient présidente et son journal, l’Organe officiel.    

C’est à ce titre qu’elle propose en août 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, la création de la « Journée internationale des femmes », une journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le socialisme.

Proche de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, elle se mobilise avec la ligue spartakiste contre la guerre impérialiste. Elle est arrêtée à plusieurs reprises et emprisonnée. Élue députée du Parti communiste d’Allemagne (KPD) en 1920, elle le restera jusqu’à sa mort. Présidente du parlement en tant que doyenne, elle utilise cette tribune pour appeler à la lutte contre le nazisme.

Contrainte à l’exil après l’arrivée au pouvoir d’Hitler et l’interdiction du Parti communiste allemand, elle se réfugie à Moscou où elle meure quelques semaines plus tard à l’âge de 75 ans. 

Quelques extraits des écrits de Clara Zetkin :

Libérée de sa dépendance économique vis-à-vis de l’homme, la femme [qui travaille] est passée sous la domination économique du capitaliste. D’esclave de son mari, elle est devenue l’esclave de son employeur. Elle n’avait fait que changer de maître. Elle a toutefois gagné au change : sur le plan économique, elle n’est plus un être inférieur subordonné à son mari, elle est son égale. 

  Les pays dans lesquels existe le suffrage dit universel, libre et direct, nous montrent qu’en réalité il ne vaut pas grand-chose. Le droit de vote sans liberté économique n’est ni plus ni moins qu’un chèque sans provision. Si l’émancipation sociale dépendait des droits politiques, la question sociale n’existerait pas dans les pays où est institué le suffrage universel. L’émancipation de la femme comme celle de tout le genre humain ne deviendra réalité que le jour où le travail s’émancipera du capital.

Chaque 8 mars et tous les autres jours de l’année, rendons hommage à notre sœur et camarade.

 

Texte : Alain Saint-Victor et FUIQP

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