La CARICOM dit “Non” à l’intervention !

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Les chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), lors de leur 44e réunion ordinaire aux Bahamas

Les dirigeants des pays membres de la Communauté des États de la Caraïbe (Caricom) : Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, la Barbade, le Belize, la Dominique, la Grenade, la Guyane, Haïti, la Jamaïque, Montserrat, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines, le Suriname et Trinité-et-Tobago ont été en sommet aux Bahamas pour une réunion les 15 et 16 février 2023, à la 44e réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, à Nassau, aux Bahamas, avec un invité spécial de marque le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

L’un des sujets clés de ce sommet et pour lequel Trudeau s’est fait inviter pour faire avancer les desideratas des Etats-Unis et de sa marionnette Premier ministre de facto Ariel Henry est la question obsessionnelle d’intervenir en Haïti. Outre Washington,  cette démarche de la Caricom se trouve le Canada, qui insiste le plus sur l’intervention militaire en Haïti demandée par Ariel Henry le 8 octobre 2022 dernier.

Effectivement, à la cérémonie d’ouverture de la 44e réunion ordinaire, le premier ministre des Bahamas, Philip Davis dans son discours de circonstance appelle à des mesures concrètes pour aider à avancer vers une solution pour le peuple haïtien « Nous en profiterons tous si Haïti redevient un État pleinement fonctionnel » avait-il indiqué.

Le premier ministre des Bahamas, Philip Davis

Pour ajouter ensuite : « Aucun de nous ne sera en sécurité, tant que nous ne serons pas tous en sécurité. Aucun d’entre nous ne se développera de manière durable ou sûre, si nous laissons nos voisins derrière nous. Aucun d’entre nous ne prospérera vraiment, si nos ressources sont à jamais taxées par la pauvreté et l’instabilité de ceux qui nous entourent ».

Rappelons que Davis aussi bien que le Premier ministre de la Jamaïque Andrew Holness ont été en faveur d’une occupation militaire d’Haïti et ils ont été même prêts à envoyer leur soldat sur le sol haïtien.  « Ce ne serait pas la première fois que nous fournirions de l’aide à Haïti, en autorisant des membres de nos forces de défense à se rendre sur le terrain, pour mener des initiatives de maintien de la paix », a souligné le premier ministre bahamien Philip Davis au cours d’une conférence de presse qu’il a eu la veille du sommet.

Voici la déclaration finale des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), lors de leur 44e réunion ordinaire aux Bahamas :

Ils  ont réitéré que la Communauté doit jouer un rôle de premier plan pour faire face à la détérioration de la situation en Haïti, un État membre de la Communauté, envers lequel il existe des sentiments moraux et politiques [qui sont des] obligations.

Les chefs ont affirmé qu’une action décisive est nécessaire à la première occasion de la part de la CARICOM compte tenu de l’insécurité croissante et de son impact généralisé sur toutes les facettes de la vie haïtienne. Les chefs de gouvernement ont été rejoints dans une partie de leurs discussions par le très honorable Justin Trudeau, premier ministre du Canada.

Ariel Henry et Justin Trudeau

Les chefs de gouvernement ont reconnu l’adoption de l’accord politique du 21 décembre 2022, le Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes, lancé par l’honorable Ariel Henry, le Premier ministre par intérim d’Haïti, mais ont estimé qu’il fallait être plus inclusif. À cet égard, les chefs de gouvernement ont convenu de convoquer rapidement une réunion des parties prenantes en Jamaïque.

Ils ont également accepté de participer à une réunion qui sera convoquée en Haïti avec les parties prenantes haïtiennes, pour aider à l’élaboration d’un plan de restauration de la sécurité et de l’État de droit.

Les chefs de gouvernement ont noté les diverses formes d’assistance à la sécurité fournies par le gouvernement du Canada et ont mis l’accent sur le renforcement de la capacité de la Police nationale d’Haïti à protéger la population générale contre les activités criminelles.

Enfin, les chefs de gouvernement ont convenu de construire des partenariats internationaux à l’appui des efforts visant à ramener Haïti à la paix et à la stabilité en tant que précurseur nécessaire à des élections libres, justes et crédibles.

Le projet d’intervention n’a pas trouvé un fort appui au sein de la Caricom. S’adressant à une conférence de presse finale des réunions à Baha Mar vendredi dernier, Davis, qui est président de la CARICOM, a déclaré: « Nous, la CARICOM, avons pris au sérieux notre obligation morale d’aider à résoudre les problèmes en Haïti, et la première étape sera pour voir comment nous pouvons renforcer la PNH, la Police nationale d’Haïti, pour leur permettre de rétablir l’ordre et de freiner les activités criminelles qui se déroulent sur l’île. ». Pour signifier ensuite que « la voie à suivre pour apporter la paix et la stabilité à Haïti en ce moment n’inclut pas des bottes sur le terrain, mais plutôt le renforcement du mécanisme de sécurité qui est en place ».

Justin Trudeau pour sa part, en manque de support pour son alibi d’intervention s’est contenté de déployer des navires de la Marine royale canadienne au large d’Haïti.

Ariel Henry lors de son interview avec le Nassau Guardian

Par ailleurs, dans un entretien le vendredi 17 février avec le Nassau Guardian en marge de la 44e réunion de la CARICOM à Nassau, le Premier ministre Ariel Henry n’a fait que réciter une pléiade de réponses de perroquet, inappropriées, apprises de ses tuteurs en guise de réponses aux questions qu’on lui avait posées.

« Les boat people sont le résultat du manque d’espoir en Haïti, du manque d’emplois et des problèmes économiques. Nous devons donc nous attaquer aux racines de ces problèmes, pas seulement aux personnes qui meurent en mer ou qui atterrissent ici en route vers les États-Unis.

« Donc, nous devons stabiliser le pays. Nous devons donner de la sécurité et nous devons donner de l’espoir.

« Je dis que nous, je dis que le gouvernement haïtien doit apporter de l’espoir à ces citoyens et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous demandons la sécurité.

« Nous demandons la sécurité pour que les gens se sentent à l’aise de vivre chez eux, et pour leur donner de l’espoir et des augmentations de l’économie. Nous avons besoin d’une économie plus robuste.

« Dès que les gens quittent Haïti, ils veulent revenir. Donc, nous devons construire l’environnement pour qu’ils restent. Ils doivent se sentir à l’aise d’être chez eux, ce qui n’est pas le cas pour le moment.

« Non, je suis en danger. Je suis avant tout une personne à risque. La deuxième chose est que le problème n’est pas ma sécurité.

« Le problème, c’est la sécurité des gens ordinaires. Dans la région de Port-au-Prince, tout le monde vit comme dans une prison. Quand ils sortent, il n’y a pas de vie et on ne peut pas continuer comme ça.

« Nous ne voulons plus de présence internationale.

« Ce dont nous avons besoin, c’est plus de soutien pour la police (nationale haïtienne). Il y a des choses que nous ne pouvons pas faire parce que la police n’a pas été formée pour faire face à ce genre de situations.     

« Donc, cela signifie que nous devons renforcer la police afin qu’elle garantisse la sécurité d’Haïti… si nous ne faisons pas cela, nous allons devenir un État voyou où les gangs feront la loi ; nous ne pouvons pas accepter cela. »

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