Le jeudi 13 avril, des violences militaires ont de nouveau ensanglanté la frontière dominico-haïtienne. Le chauffeur haïtien d’un camion de transport, Louis Charleson, a été abattu par l’officier de l’armée Yunton Manuel Guzmán. Ce dernier a également tiré sur un jeune Haïtien qui n’a pas été identifié.
Selon des articles de presse, le meurtre a eu lieu le matin, après un incident de circulation entre l’agresseur et les victimes sur le marché de Los Limones de Jimaní. Les autorités militaires dominicaines présentent une version différente, alléguant que Guzmán a procédé à une arrestation pour conduite “inappropriée” et que sans cause apparente, il a été attaqué, pour lequel il aurait tiré en état de légitime défense. Cependant, les victimes n’étaient pas armées et le communiqué ne mentionne aucun élément indiquant un usage proportionné de la force. Le bureau du procureur général n’a signalé aucune action en rapport avec le crime.
Lorsque le corps sans vie de Charleson a été ramené à Malpasse, une manifestation populaire a commencé du côté haïtien de la frontière contre le meurtre, réprimée à coups de grenades lacrymogènes. L’incident a généré une intense agitation de la part des secteurs fascistes dominicains qui ont notamment appelé le gouvernement Abinader à exercer une répression encore plus grande contre les travailleurs haïtiens dans le pays. Des vidéos de camions conduits à la frontière pour entrer en Haïti au milieu de la manifestation ont circulé sur les réseaux sociaux. Des militants de droite ont faussement présenté les images comme une incursion de camions haïtiens en territoire dominicain.
Dans le cadre de la brutale campagne raciste et xénophobe du gouvernement Abinader contre la communauté ouvrière haïtienne, qui a inclus des déportations massives constantes, des détentions illégales et des expulsions de femmes enceintes et d’enfants séparés de leurs familles, ainsi que l’extorsion fréquente contre les travailleurs immigrés De la part des policiers, des militaires et des agents de migration, les incidents de violence militaire contre les travailleurs haïtiens deviennent également de plus en plus fréquents. Le 5 août 2022, un agent de la DGA a assassiné le jeune haïtien Immercher Theoly Vilasky au poste frontière entre Pedernales et Anse-A-Pitres, et l’armée dominicaine a tiré des armes de guerre contre le côté haïtien de la frontière. Le 19 mars, l’armée dominicaine a attaqué la ville frontalière haïtienne de Tilory, tuant deux hommes, Guerrier Kiki et Joseph Irano. Le PGR n’a pas signalé que les responsables de ces crimes aient été traduits en justice.
À la lumière de la récente attaque contre Tilory, neuf organisations dominicaines et haïtiennes ont exigé une enquête indépendante, la fin des arrestations arbitraires et des vols d’argent, de motos et d’autres biens par l’armée dominicaine contre les Haïtiens, le retrait de la juridiction militaire sur le projet de Code pénal et un terme au processus de militarisation de la société dominicaine. Cette nouvelle affaire confirme la nécessité de mettre fin à la répression et à l’impunité encouragées par le gouvernement Abinader.
Mouvement socialiste des travailleurs de la République dominicaine
16 avril 2023