Intervention haïtienne à la Conférence de la IVe Internationale

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Du 30 au 31 octobre 2017, a eu lieu à Paris, France, la première réunion de suivi du Comité ouvrier international (COI). Ce comité, rappelons-le, avait pris naissance grâce à la Conférence Mondiale de Mumbai, Inde l’année dernière les 19, 20 et 21 novembre 2016 contre la guerre, l’exploitation et le travail précaire.

Dans la même veine, et toujours en France, se tenait la deuxième Conférence internationale pour reconstituer la IV e Internationale (CORQI) les 1er, 2 et 3 novembre 2017 en présence de délégués venus de 34 pays qui ont tous dans leur présentation dénoncé la barbarie du système capitaliste dans le monde et dans leur pays respectif.

Voici la présentation de Berthony Dupont, directeur de Haïti Liberté le jeudi 2 Novembre à la Conférence de la IV e Internationale.

Camarades Délégués,   

Je vous salue au nom du courageux peuple haïtien

Je remercie les organisateurs de cette conférence  internationale pour la reconstitution de la IVe internationale (CORQI) qui, hier, 1 er novembre 2017, a  bien dérapé surtout avec l’éloquent et historique rapport de notre camarade Daniel Gluckstein.

Le 1er novembre 2017, rappelle à nous autres progressistes haïtiens, l’assassinat du leader paysan et révolutionnaire haïtien Charlemagne Péralte par le sous-lieutenant américain Hanneken et cela s’était passé au cours de la première occupation du pays par les forces impériales des Etats-Unis. Occupation qui avait duré 34 ans ; mais qui demeure encore sous une obscure domination néocoloniale.

Le capitalisme ne vit que de la violence, du sang des opprimés, en un mot, de la guerre. Aujourd’hui, au moment que nous commémorons le centenaire de la grande révolution d’octobre 1917, la subversion et la violence destructrice se déchainent sur certains pays du monde particulièrement, Haïti. Elles ne visent qu’à détruire  non seulement la paix, mais pour exploiter davantage nos ressources.

La révolution haïtienne en 1804, c’est la première révolution réussie par une classe ouvrière pour donner naissance à un pays et une nouvelle société sans esclaves où tous les hommes et femmes pouvaient vivre libres.

C’est une guerre déclarée par les anciens esclavagistes devenus des puissances maffieuses de l’argent de façon à nous punir du fait d’avoir mis fin à leur business : l’esclavage des nègres d’Afrique.

La révolution haïtienne en 1804, c’est la première révolution réussie par une classe ouvrière pour donner naissance à un pays et une nouvelle société sans esclaves où tous les hommes et femmes pouvaient vivre libres.

Malheureusement, deux ans après, les forces esclavagistes ont concocté avec leurs agents locaux jusqu’à assassiner le fondateur de la Nation, le révolutionnaire Jean-Jacques Dessalines et depuis lors l’oppression, la débandade et l’exploitation ont imposé sa vision fallacieuse de la nation. Nos élites à la solde de la tyrannie capitaliste ont institué un complot permanent contre les masses populaires.

La misère et la pauvreté ont atteint un degré inestimable, rendant accablante, déchirante et même impossible la vie des masses populaires. C’est le projet économique néolibéral qu’on impose à mon pays qui engendre la migration économique massive  des masses populaires vers d’autres cieux à la recherche d’une vie meilleure. Hier, la France, les Etats-Unis, le Canada et la République Dominicaine ; maintenant c’est le Chili, le Mexique, Brésil, l’Argentine ect…

Dans le cas de notre voisine la République Dominicaine, les travailleurs haïtiens ont été la victime d’une exploitation humiliante sans pareille ; une sorte d’esclavage moderne puisqu’ils n’avaient même pas droit à un syndicat jaune.

Pourtant, par une tragique ironie, il ne se passe pas de jour sans qu’on entende parler de solidarité humanitaire à l’endroit d’Haïti, c’est-à-dire de l’aide que le pays reçoit de la part des grands manitous de la Communauté Internationale, des grands vautours financiers tels que : le Fond monétaire internationale et la Banque mondiale.

En octobre 2010,  neuf mois après le tremblement de terre du 12 Janvier 2010, au cours duquel  plus de 300.000 Haïtiens avaient perdu leur vie, les villes de Port-au-Prince, de Jacmel, de Léogane, de Petit Goâve et de Grand Goâve ont été dévastées, les forces d’occupation impérialiste sous la couverture Onusienne  ont introduit une épidémie de choléra qui a fait plus de 10.000 morts et 800 000 personnes ont été touchées par cette maladie qui continue encore sa course dans la paysannerie. Nous exigeons réparations et dédommagements pour les victimes.

Nous ne pouvons pas faire silence sur la gestion de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti, (CIRH) sous la présidence de Bill Clinton et de Jean Max Bellerive. Ce fonds de la reconstruction a été tout bonnement livré au pillage non seulement par la Croix-Rouge américaine mais tout comme par la Fondation Clinton.

Depuis l’occupation du pays par les puissances impérialistes internationales sous couverture des forces onusiennes en 2004, tous les gouvernements au pouvoir, ont été justement imposés par l’impérialisme en accord avec la bourgeoisie compradore qui, de façon remarquable, n’a rien d’haïtien de culture, ni de nationalité autre que ses intérêts économiques et ceux des grands monopoles à défendre.

Tous les présidents ne sont autres que des agents au service des multinationales qui n’ont qu’un seul objectif : conserver jusqu’au bout cette société d’exploitation des travailleurs qui vendent leur force de travail pour une pitance, ou même rien, de sorte qu’elle continue à jamais le système d’oppression.

Les ouvriers des usines de sous-traitance ont les mois derniers manifesté leur ras le bol pour exiger de meilleures conditions de travail et réclamé un salaire minimum raisonnable d’au moins 800 gourdes par jour à la place de celui de misère, de salaire d’esclaves à 300 gourdes qui ne convient nullement aux besoins fondamentaux des masses populaires haïtiennes dont la majorité ne fait que patauger dans la précarité.

Ces travailleurs avaient profité de cette occasion pour dénoncer la décision du gouvernement Moïse-Lafontant de hausser les prix des produits pétroliers qui, par ricochet, affecteront considérablement le coût de la vie.  Au lieu d’améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière, le gouvernement a choisi plutôt d’annoncer le 31 août dernier le départ en perspectives de 12.000 fonctionnaires de l’Administration d’Etat selon les recommandations de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire international.

Finalement, les travailleurs n’ont obtenu que 35 gourdes d’augmentation ; leur salaire est passé de 300 à 335 gourdes, ce qui équivaut à 5.27 US $ ou à 4.53 euros.

Le train de ce gouvernement n’a pas de point d’arrêt, tellement il s’élance  aveuglément et triomphalement dans sa politique de destruction complète de tous les acquis sociaux du peuple haïtien même ceux d’importance mineure. Au début du mois d’octobre, il a publié une loi de Finances pour l’année fiscale 2017-2018 que le peuple a qualifiée de loi criminelle et scélérate. Mais qui pis est, les masses populaires quand elles prennent la rue pour manifester leur colère, elles sont réprimées quand depuis le 5 octobre plus de 40 jeunes militants  ont été emprisonnés au Pénitencier National.

Toutes les institutions financières internationales ont approuvé cette loi et ordonnent au régime de continuer dans la même veine puisqu’elles le considèrent sur la bonne voie. Leur projet maintenant est de faire amender la Constitution pour permettre  aux forces obscurantistes internationales de légaliser leur exploitation des ressources minières du pays. Par ailleurs, elles fomentent de nouvelles manœuvres par  le truchement du Parlement, en accord avec l’Exécutif et le Judiciaire ; ces derniers se préparent à mettre en place un Conseil Electoral Permanent de leur choix de sorte qu’ils pérennisent leur contrôle sur l’appareil d’Etat.

La Minustah a laissé le sol national sans pour autant la quitter puisqu’elle a été remplacée par une force de police la Minujust qui était déjà présente sur le territoire haïtien. Outre de la maladie du choléra, la Minustah nous a laissés une autre désolation : par le viol ou par l’exploitation de la situation précaire de nos jeunes filles, les soldats les abusant sexuellement, nous laissant maintenant avec un tas d’enfants de la Minustah, des enfants sans père.

En réalité, il est dans les intérêts de la classe ouvrière d’aujourd’hui de construire l’unité internationale de façon à détruire cette société de classe qui continue à tenir les travailleurs dans la pauvreté et la précarité. Seule une société sans exploitation reste la seule alternative politique qui tienne en ce qui a trait aux intérêts de la classe laborieuse. Pourtant, nous pouvons surmonter toutes ces épreuves amères jusqu’à la victoire si nous transformons toutes nos faiblesses en force, une force politique, économique, militaire, irrésistible, victorieuse.

Ce que nous demande la lutte actuellement, ce ne sont pas seulement des hommes et des femmes dignes et dynamiques ; mais des organisations, des partis ouvriers-paysans capables de prendre le pouvoir pour nous conduire sur le droit chemin du socialisme démocratique et révolutionnaire.

Faut-il vous rappeler Camarades, délégués, qu’au mois de septembre 1938, à Paris, 21 délégués venus de 11 pays seulement avaient changé le cours de l’histoire par la création de cette organisation internationale: la IVe internationale. C’est à nous aujourd’hui de jouer notre rôle historique, toujours avec la mission de continuer cette œuvre immense face à l’ennemi commun des peuples : l’impérialisme américain.

Solidarité avec le peuple catalan

Solidarité avec le peuple frère et le gouvernement légitime du Venezuela

Vive la lutte organisée des peuples

Vive l’unité de tous les opprimés du monde !

Vive la lutte de la classe ouvrière internationale !

 

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