In memoriam: André Leroy, Brins de souvenirs d’un militant de longue date

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Alain Saint-Victor et André Leroy dans une manifestation contre le coup-d’état du 30 septembre 91

J’ai rencontré André Leroy à la fin des années 1980. Un moment d’effervescence, d’espoir, de militantisme d’un réel changement.   Une atmosphère festive, de volonté patriotique, d’engagement  ardent  imprégné d’une  certaine  naïveté  accompagnaient  la montée au pouvoir du mouvement Lavalas.

L’heure était à la consécration des consciences et des corps à ce changement tant attendu.

Dans ce  tourbillon de rêves et de désirs,  André fut l’un des premiers à insister sur l’importance de l’organisation, de montrer que les changements étaient possibles si des structures sociales et politiques étaient élaborées. Il y consacra, malgré son âge, toute son énergie dans la formation de ce qu’on appelait alors le dixième département, chapitre de New York. Il nous recevait, quelques camarades et moi, chez lui, certains dimanches, pour discuter de la possibilité de donner à cette nouvelle structure une ossature juridique. C’est   ainsi   que   le   chapitre   de   New   York   fut   l’un   des   premiers   à   avoir   sa   propre Constitution.

André fut l’un des premiers à insister sur l’importance de l’organisation

En février 1991, nous faisions partie d’une délégation qui assista à l’inauguration du président Jean-Bertrand Aristide. André rentrait au pays après des décennies d’absence. La mobilisation du peuple, son enthousiasme à prendre en main son destin et celui de la nation l’émerveillaient. C’était pour lui un moment historique à saisir, à ne pas laisser passer. Il le répétait souvent. Et l’avenir que portait en son sein ce mouvement populaire dépendait de la possibilité pour le peuple de s’auto-organiser, non pas simplement d’un gouvernement, aussi progressiste fût-il.

Après le coup d’État de septembre de la même année, André était présent dans plusieurs manifestations, prenant appui parfois sur sa canne. Il gardait espoir que la lutte reprendra malgré les tueries et la décimation de la plupart des organisations populaires.

Humble et réservé, André nous dévoila parcimonieusement sa vie passée de militant. Jusqu’à la fin de sa vie, il parlait peu de lui, de son parcours, de sa jeunesse. J’ai pris connaissance de brins de son passé de militant syndicaliste seulement avant son départ pour la Floride. Il s’était engagé très jeune dans le syndicalisme. Il faisait partie du comité exécutif de l’Union Intersyndicale d’Haïti (UIH) en compagnie, entre  autres, d’Ulrick Joly et de Claude François. Les activités de l’organisation furent suspendues en 1963 dans la tourmente de la dictature de Duvalier. Par la suite, il a connu le maquis et finalement l’exil.

André Leroy est décédé le 11 septembre 2019, dans le silence et l’isolement volontairement assumé. Sa mémoire est celle de toutes ces personnes, militants et militantes qui ont consacré une bonne partie de leur vie dans la lutte pour améliorer les conditions de vie des paysans et travailleurs de notre pays.

 

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