Tel un cancer, la corruption dévore le pays. Pour masquer les racines structurelles de la crise sociale qui nous ronge, les dirigeants haïtiens et leurs patrons internationaux ont toujours prétendu que c’est l’insécurité qui sévit dans le pays et qui nous empêche d’avancer vers le progrès et le développement. Cet optimisme affiché cache mal un malaise profond jusqu’à ce que l’amère réalité se soit imposée avec autant d’images de honte et d’humiliation à travers l’orchestration d’une force d’occupation, la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) comme ultime voie de sortie pour rétablir la paix et la sécurité.
Or, la corruption est la mère de tous les maux dont souffre le pays. C’est son impact néfaste qui a dicté la politique du ventre, la prostitution politique et le goût du lucre. Elle a engendré notamment la violence, la pauvreté, l’insécurité, le mensonge, l’impunité, la confusion, la trahison et tout le reste. C’est elle qui aggrave l’injustice sociale.
Le Président assassiné, Jovenel Moise, n’avait-il pas avec courage mis le doigt sur la plaie lorsqu’il déclarait le mardi 27 octobre 2020 au Centre de convention de la Banque de la République D’Haïti que le pays a 5 grands problèmes majeurs: « Corruption ! Corruption ! Corruption ! Corruption, et Corruption ! ». Au point que, c’est elle qui alimente toujours les crises politiques tout en les rendant difficiles à résoudre. La corruption est un frein au développement d’un pays, surtout s’il est sous domination étrangère. La réalité haïtienne d’aujourd’hui ne lui a-t-il pas donné raison à titre posthume quand il indiqua que « les ressources financières et économiques qui devraient être utilisées à des fins sociales sont détournées au profit d’une élite ou d’une oligarchie corrompue et perverse ».
comment peut-on diriger un Etat, tout en cautionnant des corrupteurs et des corrompus authentiques ?
Le proverbe chinois « le poisson pourrit toujours par la tête » l’illustre encore mieux dans la mesure où les problèmes du pays commencent toujours et très souvent par ceux qui le dirigent. On peut prendre en exemple, ce qui se passe au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et l’affaire dite du scandale de corruption de la BNC (Banque Nationale de Crédit) qui défraie la chronique depuis plus de trois mois. Le pire de tout de cela, c’est la posture éhontée des soi-disant Conseillers présidentiels reflétant non seulement un acte d’irrespect vis-à- vis de la société haïtienne mais une ruse classique de se cacher derrière la fonction qui est une sorte de bouclier qui leur garantit l’impunité totale pour leur opération de corruption organisée.
En fait, comment peut-on diriger un Etat, tout en cautionnant des corrupteurs et des corrompus authentiques ? C’est la preuve que ces charognards n’ont aucune volonté politique de lutter contre la corruption voire pour la bonne gouvernance. C’est légitimer ce fléau qu’est la corruption qui entrave le progrès et le développement de toute société. Avec quelle qualité morale, pouvaient-ils, à une époque précédente, condamner ceux qui s’adonnent à des pratiques malsaines et malhonnêtes contre le pays, contre l’État ?
Quelle confiance, quel respect le peuple peut-il accorder à ces individus corrompus, à ces Conseillers présidentiels indignes, dépourvus de toute éthique, de toute logique, de tout engagement idéologique progressiste, attelés à utiliser la faiblesse des institutions pour renforcer leurs intérêts personnels ? En d’autres termes, ils profitent de l’injustice qui caractérise le fonctionnement de la société pour se faire complices de tous les malheurs du peuple. La résolution du 4 octobre 2024 de présomption d’innocence de trois membres du CPT impliqués dans le scandale de corruption de la BNC et du reste signée par 8 des 9 membres du Conseil présidentiel, est un catalyseur pour faire avancer la corruption.
Nous savons maintenant avec plus de précision avec qui le peuple a affaire au sein de ce régime au service des puissances impérialistes. Ce nouveau Conseil présidentiel fantoche de transition qui garde en son sein les 3 présumés corrompus ne cesse depuis, de soulever des interrogations légitimes. Ce d’autant plus que, il sert en même temps à démasquer la supercherie de la majorité des membres dudit Conseil. Or, suivant les réactions, cela risque d’être fatal pour ces imposteurs.
En vérité, par cet acte infâme, indécent et désabusé, on sait qu’il n’y a aucune différence entre les Conseillers-ravisseurs, braqueurs de la BNC, les receleurs qui les cautionnent et les kidnappeurs rançonnant leurs otages dans la mesure où, d’après la loi, ils sont tous des présumés innocents, en attendant que la justice se prononce sur leur cas. D’ailleurs, à quelle justice font- ils référence ? Ils savent mieux que quiconque que la justice haïtienne est aussi corrompue et se vend aux plus offrants.
Comment allons-nous arrêter cette hémorragie criminelle, si ce sont les corrompus qui sont aux commandes, dans des postes où ils sont censés lutter contre la corruption ? Nous n’obtiendrons aucun résultat positif ni même pourrons-nous organiser des élections crédibles et honnêtes, lorsque ce sont des agents de corruption, des femmes et des hommes dangereux qui dirigent l’État et de fait, le Conseil Électoral? Cette mentalité corruptrice au sein de la classe politique traditionnelle ne doit pas être prise à la légère. Par ailleurs, elle explique toutes les difficultés que nous avons à construire une nouvelle société.
Ces renégats imposés par les puissances impérialistes finiront-ils par être utilisés pour avilir davantage le pays à travers la corruption institutionnalisée ? Il est certain et clair que la situation actuelle présente toutes les caractéristiques sinistres démontrant que les dirigeants haïtiens sont grandement responsables de ce qui se passe dans le pays. Mais il ne faut pas les laisser faire, sans réagir. Il faut priver de tout refuge ces corrompus et corrupteurs, agents patentés qui s’unissent dans la corruption tout en voulant transformer le pays en un cimetière d’espoirs et d’attentes présenté à un peuple en lutte pour un changement fondamental.
La dernière réaction de ces mercenaires aguerris mettant en relief la corruption, rajoutées aux précédentes accusations mettent une fois de plus en lumière leurs objectifs et intentions dans ce sale coup du 4 octobre. La prudence doit être de rigueur, on peut s’attendre à tout. Le peuple doit condamner à tout prix ce coup de force et prendre les mesures nécessaires pour faire avorter tout ce qui pourrait profiter à cette minorité de corrompus, qui, pourtant, s’oppose avec un cynisme sans bornes aux intérêts de la grande majorité de la population !
Ce qu’ils viennent d’accomplir à la Villa d’Accueil n’est pas une surprise. En tant que vassaux de l’impérialisme, ce hold-up s’inscrit dans la logique de la voie corruptrice qu’ils ont tous choisie pour ternir au maximum l’image du pays.