Haïti sous les feux de l’actualité

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En ligne pour l'eau à Cité Soleil, une communauté de Port-au-Prince

Dans la situation actuelle en Haïti, les groupes organisés – invariablement appelés gangs par les médias bourgeois – ont souvent des armes plus nombreuses et plus lourdes que les flics haïtiens. Certains de ces «gangs» ont été créés pour profiter de l’extorsion et des enlèvements, comme les «400 Mawozo» qui ont kidnappé 17 missionnaires en décembre 2021 contre rançon.

En réaction, d’autres “gangs” se sont organisés pour défendre leurs quartiers. Ces groupes sont généralement basés sur le quartier et sont connus pour gérer les problèmes de quartier, comme le ramassage des ordures. En substance, ils exercent une autorité locale qui se substitue presque à l’autorité de l’État haïtien, en particulier dans les quartiers pauvres et populaires.

Au niveau national, Fanmi Lavalas, un parti politique dirigé par l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, a pu appeler des centaines de milliers de manifestants dans les rues de tout le pays lors d’une manifestation le 26 juin.

L’ONU a estimé que le taux d’inflation global d’Haïti est de 25%.

Depuis le premier anniversaire de l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet, deux coalitions de «gangs» se sont battues avec une force meurtrière pour savoir qui contrôlera Cité Soleil, une grande communauté très pauvre de Port-au-Prince, où la plus grande communauté d’Haïti dépôt de carburant pour l’essence et le diesel est située.

L’une de ces coalitions s’appelle les « Forces révolutionnaires de la famille G9 et des alliés, mess with one, you mess with all », qui est généralement abrégé en G-9. Celui-ci est dirigé par un ex-flic, Jimmy Chérizier, surnommé “Barbecue” en raison de l’entreprise familiale. L’autre coalition s’appelle G-Pèp et est dirigée par Gabriel Jean-Pierre, alias « Ti Gabriel ».

G-Pèp est financé et politiquement aligné avec Réginald Boulos, membre de la grande bourgeoisie haïtienne, qui a aidé à organiser deux coups d’État contre Aristide et qui entretient des liens étroits avec les États-Unis, où il est né.

Les combats entre le G-9 et le G-Pèp ont été très violents. Des centaines de personnes sont mortes ou ont été blessées, des milliers ont fui leur foyer. Les habitants des quartiers où les combats ont été les plus intenses ont eu peur de quitter leur domicile. Les gens ont faim et manquent d’eau.

Au 24 juillet, il semble qu’un cessez-le-feu soit en vigueur ; puisqu’au terminal de Varreux à Cité Soleil, des opérateurs ont signalé sur Twitter avoir rempli 129 camions-citernes de livraison le 21 juillet.

Les États-Unis se sont opposés à un embargo strict de l’ONU sur l’autorisation d’armes à Haïti, même si l’ONU estime officiellement que 270 000 armes, principalement des États-Unis, se trouvent en Haïti.

Nourriture et eau

Le directeur national du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, Jean-Martin Bauer, dans une série de tweets le 19 juillet, a expliqué comment le PAM fournit une aide aux 4,5 millions d’Haïtiens – près de la moitié de la population – actuellement menacés de famine.

Le PAM ne peut pas utiliser Port-au-Prince comme plaque tournante de distribution, car « des groupes criminels bloquent les routes menant à Port-au-Prince », il utilise donc son navire « le Linda D [pour] transporter en toute sécurité des camions et des marchandises humanitaires ».  Une fois que le navire atteint un port, il utilise ses grues pour décharger un camion entier et en ramasser un vide.

Depuis plus d’un an, des « groupes » criminels bloquent le commerce normal, le transport régulier de biens, de services et de personnes entre Port-au-Prince et le reste du pays, notamment avec la péninsule sud où l’on produit beaucoup de nourriture.

L’ONU a estimé que le taux d’inflation global d’Haïti est de 25%. Avant le conflit ukrainien, Haïti importait 80% de ses céréales, donc le PAM prédit que maintenant le coût de la nourriture en Haïti sera encore plus gonflé.

Les réparations et les racines de la pauvreté en Haïti

Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental. Sa pauvreté a été imposée en 1825. Cette année-là, une flotte française s’est présentée au large des côtes d’Haïti pour exiger que le pays paie la France pour la perte de sa colonie la plus précieuse qui avait contribué à la moitié des revenus de la France, en particulier la perte de son atout le plus précieux dans ce pays colonisé – peuple asservi.

La France a “perdu” cette colonie lorsque le peuple haïtien s’est rebellé, a combattu la France dans une guerre d’indépendance et a déclaré la souveraineté haïtienne en 1804.

Restitution et réparations pour Haïti

La France voulait une compensation pour ce que la révolution haïtienne a gagné avec le sang de son peuple. Il voulait 150 millions de francs or, 10 fois le prix qu’il a obtenu des États-Unis pour l’achat de la Louisiane.

Le New York Times, dans son projet « Ransom » du 28 mai, a soigneusement documenté comment la dette imposée par la France en 1825 a forcé Haïti à emprunter auprès des banques françaises, comment la dette a gonflé plusieurs fois à cause des intérêts et comment les banques américaines ont repris cette dette.

Les économistes haïtiens estiment qu’Haïti mérite maintenant 20 à 30 milliards de dollars en réparations pour cette injustice.

Workers World 25 juillet 2022

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