Haïti s’abstient du vote de l’OEA sur le Venezuela !

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Le ministre hatien des Affaires Etrangères Antonio Rodrigue : Haïti s'est abstenue, avec 10 autres pays. La résolution a condamné les élections du 20 mai 2018 au Venezuela comme illégitimes et propose d'expulser le Venezuela de l'organisation hémisphérique.

Malgré qu’elle doit au Venezuela plus de 2 milliards de dollars à titre de paiements pour livraison de pétrole et remboursement de dette, Haïti n’a pas défendu la République bolivarienne contre une résolution agressive promue par les Etats-Unis à la 48ème Assemblée Générale de l’Organisation des Etats Américains (OEA) à Washington, DC les 4 et 5 juin 2018.

Au lieu de cela, Haïti s’est abstenue, avec 10 autres pays. La résolution a condamné les élections du 20 mai 2018 au Venezuela comme illégitimes et propose d’expulser le Venezuela de l’organisation hémisphérique. Le 5 juin, 19 nations ont voté pour la résolution contre quatre.

Déjà, en mai 2017, le Venezuela avait déclaré qu’il se retirerait de l’organisation, souvent surnommée le «ministère des affaires coloniales de Washington». Toutefois, ce retrait, qui prend deux ans, ne sera effectif qu’au mois d’avril 2019, a indiqué le Venezuela.

Nicolas Maduro « Nous dénonçons l’OEA et nous quittons l’OEA. Du ministère des colonies, nous partons. … Quand le Venezuela quittera l’OEA, nous aurons une fête nationale. »

L’abstention d’Haïti signale un affaiblissement de sa défense du Venezuela. En mars 2017, Harvel Jean-Baptiste, alors Ambassadeur de l’OEA en Haïti (nommé par le Président Jocelerme Privert), avait prononcé un discours fort, défendant la souveraineté du Venezuela de même qu’il  avait voté contre une résolution anti-Venezuela similaire, aidant ainsi à vaincre l’empire.

Selon la résolution, les élections vénézuéliennes du 20 mai « manquent de légitimité, pour ne pas avoir respecté les normes internationales, pour n’avoir pas rencontré tous les acteurs politiques vénézuéliens et pour avoir été menées sans les garanties nécessaires pour un processus libre, juste, transparent et démocratique ».

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Il déclare également qu’ « une modification inconstitutionnelle de l’ordre constitutionnel de la République bolivarienne du Venezuela a eu lieu » et appelle les membres de l’OEA  « à mettre en œuvre … les mesures jugées appropriées aux niveaux politique, économique et financier pour aider à la restauration de l’ordre démocratique au Venezuela ». Il a également menacé « des actions diplomatiques et des mesures supplémentaires qui facilitent la restauration des institutions démocratiques et la paix sociale ».

Mais l’élément le plus inquiétant est la dixième clause qui menace d’appliquer la Charte démocratique interaméricaine « pour la préservation et la défense de la démocratie représentative prévue par ses articles 20 et 21 ».

La Charte démocratique est un pacte promu par Washington, adopté le 11 septembre 2001, qui autorise l’intervention militaire de l’OEA si les deux tiers des 34 pays membres votent en faveur de cette intervention.

Cette fois-ci après une intense campagne de lobbying aux États-Unis, seuls trois pays se sont joints au Venezuela pour voter contre la dernière résolution: la Bolivie, la Dominique et Saint-Vincent-et-les Grenadines.

« Nous n’avons pas de position », a déclaré l’ambassadeur d’Haïti à l’OEA, Léon Charles, lorsqu’un journaliste de Haïti Liberté l’a rejoint à l’Assemblée générale juste avant le vote de la honte. Il a répondu tout bonnement: « Haïti est une amie proche des Etats-Unis et une amie proche également du Venezuela, alors vous comprenez? C’est une question très sensible. Je ne peux pas aller plus loin ».

Malgré sa position pusillanime, Haïti est toujours réprimandée et punie par Washington. Le service d’information pro-gouvernemental Haïti-Libre [ndlr. qu’on ne doit jamais confondre avec Haïti Liberté] a rapporté le 5 juin que les abstentions d’Haïti sur la question vénézuélienne  « frustrent et agacent de plus en plus l’administration Trump et certains législateurs américains ».

Le 4 juin, Haïti n’a pas été invitée à une réception spéciale de la Maison Blanche, organisée par le vice-président Mike Pence et son épouse Karen, pour 22 dirigeants de pays et du gouvernement  complotant avec les États-Unis contre le Venezuela.

Le vice président américain Mike Pence

Après avoir offert les salutations du Président Donald Trump comme « un grand champion de la sécurité, de la prospérité et de la liberté dans l’hémisphère occidental », Mike Pence a déclaré à l’OEA le 7 mai que « plus que toute autre nation de notre hémisphère, au Venezuela, la tragédie de la tyrannie s’étale pleinement. Et le blâme peut être carrément mis au compte d’un homme: Nicolás Maduro », le président nouvellement réélu avec 68% des voix.

Lors de la réception de la Maison Blanche, Pence a dénoncé la « dictature de Maduro », affirmant que  « le Venezuela, autrefois si grand, est maintenant un Etat failli ». Pence a ensuite  menacé d’un ton à peine voilé des pays comme Haïti. « Tenez-vous avec nous et sachez que nous resterons avec vous », pour ajouter ensuite « travaillez avec nous et nous travaillerons avec vous ».

Carlos Trujillo, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’OEA, a confirmé au Miami Herald qu’Haïti et d’autres qui ne s’inclinent pas complètement devant les États-Unis « seraient délibérément exclus de la liste des invités » à la réception de la Maison Blanche.

Le ministre des Affaires étrangères du Venezuela Jorge Arreaza

En avril, le sénateur Marco Rubio (R-FL), un ennemi enragé de Maduro, a rencontré le président haïtien Jovenel Moïse. Il  l’a invité à se joindre à la campagne de Washington contre les élections et la démocratie au Venezuela.

Alors que l’Assemblée générale de l’OEA se dirigeait vers son résultat inévitable, le président Maduro sur un ton de défi, a déclaré le 4 juin : « Nous dénonçons l’OEA et nous quittons l’OEA. Du ministère des colonies, nous partons. Nous ratifions que nous partons. Il nous reste treize mois sur les 24 mois que nous devons attendre pour que notre demande de départ soit effective. Ce jour-là, nous aurons un parti national. Quand le Venezuela quittera l’OEA, nous aurons une fête  nationale. Nous allons en faire des fêtes dans tout le pays ».  

Les 18 pays suivants ont voté pour la résolution d’expulser le Venezuela: Argentine, Bahamas, Barbade, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Guyana, Honduras, Jamaïque, Mexique, Panama, Paraguay, République Dominicaine, Pérou et Sainte-Lucie.

A part Haïti, les 10 autres  pays qui se sont abstenus sont : Antigua-et-Barbuda, Belize, l’Equateur, le Salvador, la Grenade, le Nicaragua, Saint-Kitts-et-Nevis, le Suriname, Trinité-et-Tobago et l’Uruguay.

            « Les problèmes du Venezuela doivent être réglés par les Vénézuéliens eux-mêmes», a déclaré le ministre haïtien des Affaires étrangères, Antonio Rodrigue, dans son discours à l’Assemblée générale du 4 juin. « C’est la seule manière de parvenir à une solution durable ».

C’est une affirmation assez vraie, mais beaucoup trop abstraite et vague, pas un cri déchirant de solidarité comme celui exprimé par la Bolivie : « Nous condamnons l’intention interventionniste du vice-président américain Mike Pence qui a été défait dans son plan de coup d’Etat contre le Venezuela et a annoncé qu’il demanderait à l’OEA la suspension de notre nation sœur », a tweeté le président bolivien Evo Morales. Il déclara que Washington utilise  l’OEA comme un “bâton répressif” contre le Venezuela.

Dans son discours à l’OEA, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a déclaré qu’il y a aujourd’hui un “démantèlement complet de la démocratie” et une “catastrophe humanitaire déchirante” au Venezuela.”  « En plus de la suspension, j’appelle les Etats membres à appliquer une pression supplémentaire sur le régime de Maduro avec des sanctions financières et un isolement diplomatique …»

« Comment vont-ils nous éjecter d’une organisation que nous avons déjà quittée? » a demandé le ministre des Affaires étrangères du Venezuela Jorge Arreaza dans sa réponse à Pompeo à l’OEA.  « Nous avons l’autorité morale », a déclaré M. Arreaza, ajoutant : “vous n’avez pas d’autorité morale », soulignant les invasions américaines du Panama en 1989 et de la République dominicaine en 1965.

« Il n’y a pas de bon impérialisme », a conclu Arreaza. « Même s’ils veulent nous imposer la Doctrine Monroe, nous triompherons de notre bolivarisme ».

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